Étiquette : Tricot

  • Les vidéos et informations dynamiques favoriseraient les apprentissages

    Les vidéos et informations dynamiques favoriseraient les apprentissages

    « La plus-value des technologies est de pouvoir proposer des informations dynamiques comme la vidéo ou les animations », explique Franck Amadieu.

    Les animations dynamiques peuvent-elles vraiment faire apprendre mieux ?

    Depuis une quinzaine d’années, de nombreux travaux sont menés sur l’impact de ces informations dynamiques sur les apprentissages et il s’avère que « les résultats ne sont pas très encourageants ».

    Les travaux portent sur la comparaison de compréhension d’un phénomène à l’aide d’images dynamiques ou statiques (Franck Amadieu prend l’exemple de la formation d’une tornade).
    « Et on s’aperçoit que, soit l’animation n’apporte pas de gain particulier et les élèves n’apprennent pas plus qu’à partir d’une image, voire parfois, ils apprennent moins bien », souligne t-il.

    L’important serait de comprendre comment les personnes peuvent apprendre avec ce type d’animations : « comment concevoir des animations qui soient relativement efficaces » ?

    Structuration des animations : un meilleur schéma à trouver pour coller aux ressources cognitives des individus.

     

    La difficulté de ces animations vient du fait qu’il faut traiter simultanément plusieurs informations, d’autant plus que « l’œil est attiré par tout ce qui est dynamique », précise Franck Amadieu. Il est donc nécessaire de savoir sélectionner l’information.
    Le rythme, l’aspect continu d’une information, sont autant de critères à prendre en compte pour ces animations.

    Ces informations dynamiques sont donc assez exigeantes cognitivement ; des travaux ont donc mis en lumière qu’il fallait certaines compétences chez les élèves voire « de bonnes habiletés spatiales » – pour reprendre l’expression de Franck Amadieu – pour pouvoir sélectionner les informations présentées.

    En créant des animations qui respectent certaines règles, on peut parvenir à des résultats. Pour exemples, on peut aider l’élève à sélectionner l’information qui lui sera utile, en signalant à l’aide d’indices visuels (de la couleur, des flèches…) et donc orienter son attention sur les éléments pertinents à un moment t de l’animation.

    « De ce fait, on réduit considérablement les exigences de prise de décision sur la sélection de l’information », ajoute Franck Amadieu.

    Et il conclut sur le fait que « les animations deviennent de plus en plus intéressantes car nous commençons à comprendre comment les individus traitent ces informations et également quelles caractéristiques nous devons leur donner pour qu’elles soient efficaces et faciles à traiter par les apprenants ».

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

     

  • Avec le numérique, ça va coûter moins cher !

    Avec le numérique, ça va coûter moins cher !

    Des économies financières avec le numérique : un mythe pour l’enseignement ?

    « Beaucoup de personnes ont argumenté depuis vingt ans, une économie des coûts de production, de diffusion, de reproduction liés au numérique pour l’enseignement et la formation professionnelle etc. En regardant de plus près, on a souvent une opinion beaucoup plus nuancée », explique André Tricot.

    Il est vrai que dans certains cas, André Tricot admet que l’utilisation du numérique peut s’avérer moins coûteuse qu’une situation dans le monde réel. Il donne l’exemple d’un simulateur de vol pour les pilotes d’avion ou encore l’utilisation de la chimie qui pourrait s’avérer dangereux en situation réelle et qui, dans le virtuel, prend tout son sens.

    Mais tout cela a fonctionné comme l’arbre qui cache la forêt.

    Pour exemples, dans le domaine des serious games, « produire un outil pédagogique de qualité, est extrêmement cher ».

    Le mythe de la gratuité : une vraie réalité dans l’enseignement

    « De plus en plus de ressources sont accessibles gratuitement où on ne paie pas de droits d’inscription », souligne André Tricot. Et il donne le cas typique des MOOCs ou de Wikipédia où l’accès à ces supports se fait sans frais.

    Pour André Tricot, « c’est de la fausse gratuité ». Il argumente son point de vue en prenant l’exemple des grandes universités américaines qui ont la stratégie marketing de rendre gratuit l’accès à certains cours pour attirer les étudiants et donc de diminuer les chances de survie d’universités plus petites.

    Le mythe de la gratuité s’illustre aussi par la caractéristique de ne pas payer celui qui fabrique les contenus.

    « Personnellement j’ai énormément de mal à imaginer un monde dans lequel les personnes qui fabriquent des contenus, feraient ça gratuitement car je me demande tout simplement de quoi vont vivre ces personnes », conclut André Tricot sur ce point.

    A suivre prochainement dans le dernier épisode : Franck Amadieu et « le mythe des animations et informations dynamiques qui favoriseraient les apprentissages« .

     

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

     

  • Numérique et éducation : mythe de l’autonomie des apprentissages

    Numérique et éducation : mythe de l’autonomie des apprentissages

    Peut-on concevoir des outils numériques qui vont prendre en compte la manière dont les gens apprennent, se comportent, interagissent et leur donner un “feedback“ qui soit adapté ?

    Franck Amadieu pose le débat de l’autonomie et définit cette notion de manière plus précise :
    est-ce que l’autonomie signifie d’être seul face à une tâche d’apprentissage sans avoir besoin de régulation extérieure, par exemple d’un enseignant ?

    L’autonomie dans les apprentissages n’est pas forcément facilitée par numérique.

    Franck Amadieu précise que, dans la réalité, les résultats sur cette notion d’autonomie facilitée avec les outils numériques, sont loin d’être très probants.

    « Lorsqu’on regarde la formation à distance, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup d’échecs et beaucoup d’abandons dans des situations d’autonomie avec ces apprentissages numériques », souligne t-il.

    Il cite comme exemples les taux d’abandon dans les MOOCs qui sont le phénomène « à la mode », il est clair que « persévérer dans les tâches avec le numérique à distance, ce n’est pas si simple ».

    Il poursuit sa réflexion en citant d’autres travaux qui montrent que le fait d’être seul face à ce type d’outil amène à des apprentissages autorégulés, par l’apprenant et non par l’outil. C’est donc une certaine forme d’autonomie mais qui demande des compétences chez l’apprenant.

    Acquérir des compétences pour être autonome : une qualité de l’apprenant, pas celle des outils numériques.

    Franck Amadieu parle de compétences métacognitives pour les apprenants, c’est à dire « être capable d’avoir les bonnes stratégies, par exemple de planification de son apprentissage, d’adaptation face à des difficultés, d’aller chercher de nouvelles ressources etc ».

    La compétence d’autoévaluation est aussi très importante : « l’apprenant va t-il être capable de mesurer sa performance, de savoir si il apprend bien avec les outils à sa disposition » ?

    En résumé, pour être efficace côté apprenant avec les nouvelles technologies, il faut avoir les bonnes compétences. Celles-ci s’acquièrent par l’expérience et la pratique de l’apprenant mais également sont liées aux motivations qui le guident dans la voie de l’apprentissage.

    « Plus les gens sont engagés et plus ils sont persévérants ; cela contribue donc à l’autonomie car face à un échec, je n’abandonne pas », décrit Franck Amadieu.

    Enfin, comment le numérique peut-il prendre en compte ces exigences d’autonomie ?

    La réponse de Franck Amadieu en images, à la fin de la vidéo ci-contre…

    A suivre prochainement dans l’épisode 3 : André Tricot et le mythe du : « avec le numérique, ça va coûter moins cher » !

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

    Revoir le premier épisode de la série « Rendre les savoirs plus accessibles avec le numérique : la fin de l’enseignement ? »

     

  • Rendre les savoirs plus accessibles avec le numérique : la fin de l’enseignement ?

    Rendre les savoirs plus accessibles avec le numérique : la fin de l’enseignement ?

     

    Beaucoup de mythes se sont développés autour de l’idée que les machines allaient enseigner et allaient piloter l’apprentissage, introduit André Tricot.

    La machine, le « faux » remplaçant de l’être humain

    Aujourd’hui il explique que le problème se pose autrement : « on conçoit des environnements informatiques et humains d’apprentissage ».
    Dans cet environnement se trouvent un ou plusieurs enseignants, des élèves qui interagissent entre eux et une ressource.

    « Ce qu’il faut réussir, c’est l’interaction élèves, enseignants et ressources pour créer cette relation en triangle dans laquelle on assigne bien à la machine, le statut d’outil », poursuit-il.

    De cette manière, les potentialités de l’outil pourront être beaucoup mieux exploitées, beaucoup plus que « lorsqu’on veut faire jouer à l’outil le rôle de remplaçant de l’être humain », ajoute André Tricot.

    Comme exemple de relation élève-machine et élève-enseignant, André Tricot prend le cas du diagnostic qui fait ressortir les difficultés d’un élève.

    Pour l’enseignant, pas de soucis pour repérer les difficultés d’un élève à la manière dont il réalise un exercice, « et surtout de diagnostiquer d’où vient l’erreur, parce qu’il connaît son élève », précise André Tricot ; par contre, pour la machine, impossible d’établir un diagnostic similaire « car nous ne savons pas le programmer ou alors à des coûts exorbitants pour n’obtenir que de légers diagnostics ».

    Economiser les besoins en enseignement grâce à une meilleure accessibilité aux savoirs par le numérique : un mythe particulièrement faux !

    Selon André Tricot, une autre illusion consiste à penser que la technologie puisse réduire le temps d’enseignement car : « rendre accessibles les savoirs à tous, tout le temps et gratuitement, permettrait aux personnes d’apprendre par elles-mêmes et finalement diminuer le besoin en enseignement ».

    Ce mythe est très ancien et, d’après André Tricot, est entrain de ressurgir. Il ne conteste pas le fait que de donner accès à des ressources puisse permettre aux personnes d’apprendre plus, mais il réfute l’idée que cela puisse diminuer le temps d’enseignement.

    Il prend comme exemple des élèves de cycle 3 à qui on enseigne que la terre est ronde : « si vous n’avez pas un enseignant pour intéresser les élèves à cette question et construire avec eux la réponse à cette question, ce sujet est évidemment non intéressant pour les élèves ».

    « C’est le mythe de l’autodidactie qui ferait croire qu’à partir du moment où on fournit des ressources de qualité, tous les êtres humains seraient autodidactes », et il poursuit sa réflexion :

    or, les autodidactes sont des gens exceptionnels qui ne représentent qu’1% de la population ; pour les autres 99%, ils ont besoin d’un guide qui les oriente vers la connaissance, même si ils jugent que cette connaissance ne leur est peut-être pas utile aujourd’hui.

    « C’est la connaissance qui fait naître le doute et le questionnement ; ce n’est pas l’état naturel des individus », conclut André Tricot.

    A suivre prochainement dans l’épisode 2 : Franck Amadieu et le mythe de l’autonomie des apprentissages grâce au numérique.

     

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.