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  • DAAD, un instrument original pour mesurer et analyser l’adhésion d’une personne à un discours

    DAAD, un instrument original pour mesurer et analyser l’adhésion d’une personne à un discours

    L’université d’été Ludovia aura lieu du 23 au 26 août 2016 dans l’Ariège. Au sein de cet événement le colloque scientifique vous propose une trentaine de communications que vous pouvez découvrir sur Ludomag. Marie Brossard, Jean-François Cerisier et Bruno Devauchelle présentent « DAAD, un instrument original pour mesurer et analyser l’adhésion d’une personne à un discours ».

    Dans le cadre de ses travaux sur les usages et l’appropriation, le laboratoire TECHNÉ développe une méthodologie nouvelle pour mesurer le degré d’adhésion à un discours défini par le niveau d’accord ou de désaccord à des propos exprimés. Le Dispositif d’Analyse de l’Adhésion au Discours (DAAD) a pour but de mesurer en temps réel le degré d’adhésion de sujets à un discours diffusé en vidéo, sur une échelle de mesure continue.

    Le développement de la communication numérique a conduit à la surexposition d’un grand nombre de discours. Citton (2014) a conceptualisé ce phénomène comme étant l’ « offre pléthorique ». Dans son essai, il met en avant la question de l’attention et de la concentration dans un univers communicationnel renouvelé. En réponse à ces nombreuses expositions, les individus construisent des attitudes par rapport à des concepts abstraits, des objets concrets, d’autres individus ou encore des catégories d’objets. Dès la première réception du message se construit un jugement, une évaluation qu’il est difficile de percevoir et de capter avec les méthodes et outils traditionnels (questionnaires, entretiens, … ).

    Dans le cadre de notre projet, mesurer l’adhésion au discours revient à mesurer la valence de l’attitude du participant en réponse aux propos émis par un autre individu. L’originalité de ce projet réside dans le fait de mesurer les réactions des individus sans imposer de temps de latence entre le stimulus et la réponse. Le dispositif se compose d’un joystick relié à un ordinateur qui diffuse une vidéo. En regardant celle-ci, le spectateur est invité à réagir à l’aide du joystick.

    La position du joystick est enregistrée en temps réel pour être synchronisée avec le déroulement du discours diffusé sur l’écran. Le discours test fait l’objet d’une captation audiovisuelle préalable. Lors de sa présentation, le participant entend le message diffusé via un casque audio, tout en visualisant la personne qui parle sur un écran d’ordinateur, il manifeste son adhésion ou son rejet du discours entendu, au moyen du joystick.

    En demandant au participant de manipuler le joystick au moment même où il reçoit l’information sous forme vidéo, nous souhaitons augmenter la qualité attentionnelle d’une part, mais aussi éviter l’effet de mise à distance qui permet la conscientisation du motif de la réponse. Ainsi la mesure d’adhésion au discours n’est pas influencée par la reconstruction du sens (interprétation) par celui qui manipule le Joystick.

    Les méthodes de recherche pour mesurer les représentations, les attitudes et les comportements sont nombreuses. Notre laboratoire a travaillé dans une autre voie, en complément de ces approches classiques. Il s’agit d’augmenter la finesse des données recueillies, tant sur le plan temporel, que sur la sensibilité de l’échelle d’expression de l’adhésion au discours. L’objectif consiste à mesurer l’adhésion d’un individu à un discours enregistré comportant les éléments clés des représentations que l’on cherche à préciser.

    Un apprentissage initial de quelques dizaines de secondes est nécessaire pour comprendre le mécanisme d’interactivité homme-machine qui est constamment rappelé à l’écran par l’affichage d’une jauge colorée (barre verte ou rouge qui se modifie en fonction de l’action du sujet sur le joystick). Ce nouvel instrument, qui fera l’objet de notre communication a été testé auprès d’une population de collégiens, cible particulièrement sensible à la désirabilité sociale et à l’effet pygmalion. Les résultats de l’expérimentation ont pu mettre en évidence un phénomène d’acquiescement général vis-à-vis du discours diffusé, résultat qui est accentué lorsque le mot « élève » apparait dans le discours diffusé d’une part, et d’autre part lorsque la notion de contexte est explicitement liée à la classe. Il conviendrait de réaliser de nouvelles passations afin de comparer les données obtenues avec le DAAD et les données obtenues avec d’autres outils.

    Le projet DAAD a initialement fait partie intégrante du projet TED : des Tablettes pour une Education Digitalisée. TED a été retenu dans le cadre d’un appel à projets national sur les investissements d’avenir liés aux services numériques innovants pour l’e-éducation. Le dispositif DAAD y a été utilisé pour mesurer la réception du discours tenu par les adultes acteurs de ce projet tablettes par les élèves. Nous envisageons de le faire évoluer et de confirmer nos premiers travaux dans d’autres contextes.

    La communication proposée présentera le caractère original de ce dispositif et l’intérêt de son utilisation pour des recherches en milieu scolaire notamment. Par ailleurs nous avons prévu d’animer un stand pour présenter DAAD pendant le colloque.

    Citton, Y. (2014). Pour une écologie de l’attention. La Couleur des idées.

     A propos des auteurs Marie Brossard, Jean-François Cerisier, Bruno Devauchelle.

    Voir le programme du colloque scientifique Ludovia.

     

  • Le laboratoire TECHNÉ de Poitiers participe à LUDOVIA#12

    Le laboratoire TECHNÉ de Poitiers participe à LUDOVIA#12

    Par Jean-François Cerisier, Directeur du Labo TECHNÉ

    [callout]TECHNÉ (EA 6316) est un laboratoire de l’Université de Poitiers qui consacre toutes ses recherches au « numérique éducatif » afin de produire de nouvelles connaissances dans ce domaine et de contribuer à l’innovation et à la réussite éducative.[/callout]

    Si le statut de notre laboratoire est très classique (équipe d’accueil labellisée par l’Etat), son organisation l’est moins puisqu’il s’agit d’une unité de recherche thématique (le numérique éducatif) et pluridisciplinaire (sciences de l’information et de la communication, sciences de l’éducation, psychologie cognitive, informatique, linguistique, épistémologie). Il s’agit pour nous de faire dialoguer ces différentes approches scientifiques au service de deux axes de recherche :

    . l’étude de l’appropriation des technologies par les différents acteurs des dispositifs de formation médiatisés (comprendre pourquoi les utilisateurs du numérique font ce qu’ils font) ;
    . la conception et l’expérimentation de nouveaux environnements d’apprentissage médiatisés (contribuer à l’innovation par la recherche).

    TECHNÉ travaille avec de nombreux partenaires scientifiques, institutionnels, associatifs et industriels en France et à l’étranger.
    Il contribue en particulier à la filière eEducation portée par la région Poitou-Charentes qui réunit les grands services et opérateurs de l’Etat présent sur son territoire (CANOPE, CNED, ESENESR, Rectorat, CNAM, Université de La Rochelle), les entreprises et leurs institutions fédératives (MAGELIS et SPN) et des associations (Espace Mendès France, Les Usines Nouvelles) dans le cadre d’un groupement d’intérêt scientifique (GIS eEducation).
    Nous travaillons également en relation étroite avec le ministère de l’Education nationale (DNE) et celui de l’Agriculture (DGER).

    Pour nous, le « numérique » est à la fois une opportunité et un défi pour l’Ecole et la société. Il nous semble que les deux slogans successifs dont l’Etat s’est doté ces derniers mois (« Faire entrer l’Ecole dans l’ère du numérique » et « L’Ecole change avec le numérique ») doivent être considérés avec beaucoup d’attention et de sérieux.

    C’est effectivement un réel bouleversement qui s’amorce, dont certaines dimensions sont plus visibles que d’autres alors que toutes sont très importantes, s’intriquent et nécessitent l’inventivité, le sérieux et la rigueur de tous ainsi qu’un pilotage administratif pérenne soutenu par des choix politiques ambitieux et réalistes.

    Depuis les années 80, la dimension didactique et pédagogique du numérique a été clairement identifiée même s’il reste évidemment beaucoup à faire pour imaginer de nouvelles activités d’apprentissage qui exploitent au mieux les possibilités de médiation offertes par les technologies numériques.

    Elle concentre la plupart des initiatives à la fois parce qu’elle relève du cœur de métier des enseignants (l’ingénierie pédagogique), qu’elle est essentielle pour la réussite des élèves et parce qu’elle ouvre de nouveaux marchés aussi bien pour les infrastructures et les équipements matériels que pour les applications, services et documents.
    Dans le même temps, la question de l’enseignement/apprentissage du numérique n’a pas été véritablement traitée et l’on attend beaucoup de son inscription aux premiers rangs de la politique ministérielle actuelle. On sait les difficultés de tous ordres qu’il faudra surmonter (didactiques, organisationnelles, catégorielles … )

    mais comment imaginer aujourd’hui une Ecole qui ne prépare pas ses élèves au numérique quand le numérique tient une telle place dans nos sociétés et dans nos vies. Imagine-t-on une Ecole où l’on apprendrait pas à lire et écrire ?

    La troisième dimension est apparue progressivement au cours des dernières décennies avec une accélération brutale ces dernières années. Il s’agit des transformations induites par la disponibilité permanente des services numériques, notamment pour les adolescents. Ce rapport au numérique qui confine à l’intimité altère les principaux comportements mis en jeu pour les apprentissages, en particulier à l’Ecole. Ainsi les rapports à l’information et à la connaissance, à autrui, aux normes sociales et à la création sont-ils différents aujourd’hui ce qui interroge la forme scolaire elle-même.

    Concrètement, nous travaillons actuellement, au travers différents programmes, sur quatre thèmes qui seront abordés dans nos différentes interventions à Ludovia#12 :

    – l’appropriation des tablettes tactiles par les différents acteurs des dispositifs de formation dans le cadre des projets TED (utilisation de tablettes dans un ensemble de collèges de Saône-et-Loire), Edutablettes 86 (utilisation de tablettes dans des écoles primaires et collèges de la Vienne) et AS-Living-Cloud (projet pédagogique du Lycée Pilote Innovant International de Jaunay-Clan) ;

    – le BYOD dans le cadre du projet AS-Living-Cloud et d’une étude qui porte sur les étudiants de l’Université de Poitiers ;

    – les communautés d’intérêt et de pratique dans le cadre du projet ViaEduc (réseau socionumérique professionnel pour les enseignants) ;

    – les environnements numériques dédiés aux activités d’apprentissage collaboratives.

    De nouveaux projets sont en cours de préparation qui concernent :

    – une meilleure connaissance de la façon dont les activités numériques circulent entre adolescents ;

    – l’élaboration et l’expérimentation de nouveaux modèles de manuels scolaires numériques ;

    – la façon dont on apprend en enseignant (learning by teaching) dans le contexte des environnements de type fablab.

    Nous partagerons avec plaisir ces nouveaux travaux lors de Ludovia#12 J