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  • Le Numérique, porte de sortie au débat sur la réforme des rythmes scolaires ?

    Le Numérique, porte de sortie au débat sur la réforme des rythmes scolaires ?

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    Par le manque de visibilité sur les coûts qu’entraîne cette réforme, ainsi que par l’absence d’évaluation de son efficacité dans la lutte contre l’échec scolaire, les maires et l’ensemble des services des villes ne savent plus où donner de la tête sur ces fameuses activités périscolaires, supposées créer de la continuité éducative entre le scolaire et le périscolaire.

    Pourquoi ne pas généraliser ce qui fonctionnait déjà ?

    Qui dit continuité éducative entre scolaire et périscolaire tel que loi sur la refondation de l’école le suggère, dit inévitablement approfondissement des apprentissages du socle commun des connaissances au-delà des murs de la classe.

    Ce qui suppose bien sûr, un véritable partenariat entre l’Education Nationale et la ville afin de synchroniser les actions ludo-éducatives des services périscolaires avec les contenus pédagogiques des enseignants, seuls à décider du tempo et à donner le « la ».

    Or c’est justement ce partenariat qui a fait défaut dans une grande majorité des villes où ont été mis en place les nouveaux rythmes scolaires, qui ne bénéficiaient pas initialement d’une politique de continuité éducative entre le scolaire et le périscolaire.

    D’expérience le numérique constitue justement un formidable levier de continuité éducative entre le scolaire et le périscolaire, en favorisant le flux des contenus et le dialogue entre les services et  l’Education Nationale et la ville.

    C’est ce que l’on observe en particulier dans les villes, qui dans le cadre d’une mutualisation des outils, ont choisi de privilégier la formation des animateurs et la mise en œuvre d’un partenariat suivi entre l’Education Nationale et la ville.

    A Issy les Moulineaux par exemple, l’usage d’un espace numérique collaboratif partagé entre l’équipe enseignante et le périscolaire a été expérimenté dans une école entre février et juin 2012, pour être étendu à plusieurs écoles depuis septembre 2012. Cet espace numérique d’échanges intègre les partenaires associatifs naturels de la ville, qui œuvrent dans le cadre des animations périscolaires : développement d’un serious game, atelier d’écriture, animation numérique suite à la visite d’un musée avec la classe grâce à l’usage d’une mallette de balado-diffusion, etc.

    A Angers, on mutualisait déjà les équipements numériques entre le scolaire et le périscolaire avant la réforme. A l’école élémentaire Isoret, en particulier où avait été maintenu le rythme des 4 jours ½, l’un des projets d’école était de suivre un coureur du Vendée Globe.
    Ce projet permettait, entre autres, dans le cadre des objectifs pédagogiques, de faire travailler en groupe les enfants sur l’expression écrite et parlé : concevoir en équipe un message et savoir l’exprimer. En parallèle, afin d’animer ce projet, les enfants ont participé sur le temps périscolaire à la fabrication d’un bateau, conçu au départ avec les outils numériques de l’école.

    Dans une autre école de la ville, certaines applications sur tablettes vont permettre, pendant les activités périscolaires, la création d’une pièce de théâtre.

    Ce ne sont malgré tout que des aménagements autour de l’organisation scolaire et périscolaire. Mais est-ce suffisant pour lutter contre l’échec scolaire ? En effet, l’urgence est bien là et nos résultats à l’étude PISA 2012 nous l’ont encore tristement démontré cette semaine.

    Réussite scolaire : adieu la réforme, vive le soutien pédagogique par le numérique !

    Ainsi, mettre en place une réforme des rythmes scolaires, entre scolaire et périscolaire, et ainsi miser essentiellement sur une optimisation de la concentration des élèves le matin quand les heures de cours et les temps d’apprentissages ont été raccourcis depuis des années,  les vacances rallongées,  est-ce là la véritable solution pour lutter contre l’échec scolaire ?

    Alors que faire ?

    Que faire face à des pays où les enfants réussissent non pas grâce à des rythmes mais à des temps d’apprentissages, qui ne sont pas réduits au temps passé entre les murs de l’école ?

    Pourquoi inciter à ce point les communes à investir dans des activités périscolaires qui ne permettront pas à nos enfants de devenir meilleurs, quand les besoins en outils et en formation à la pédagogie numérique pour les enseignants permettraient justement de donner à nos enfants la chance d’apprendre mieux en cours grâce à la pédagogie différenciée et au-delà des murs de l’école ?

    Quand les chronobiologistes parlent d’organiser non pas les rythmes mais les temps de l’enfant, les outils numériques, s’ils sont bien encadrés par les enseignants, l’accompagne partout où il se trouve avec des apprentissages potentiellement ludiques et efficaces tout au long de ses temps de vie.

    Avec les outils et ressources numériques, l’enfant n’est pas mis en situation d’échec et de censure, comme il peut l’être en cours : une évaluation formative et des pratiques complémentaires, qui, pour reprendre les mots de Claire Leconte, chronobiologiste, « permettent de minimiser les fluctuations de l’attention ainsi que la fatigue inhérente à l’ennui ou l’angoisse de ne pas savoir faire ».

    Une récente évaluation établie par le collectif des maires contre la réforme des rythmes scolaires a estimé à près d’un milliard et demi d’euros le coût de cette réforme. Comme le souligne Jean-Michel Fourgous maire d’Elancourt et coordinateur du collectif : «A choisir, il aurait mieux fallu affecter ce budget à un grand plan de formation des enseignants pour améliorer et moderniser la pédagogie, avec des outils numériques, et surtout changer l’organisation pédagogique des enseignants, à l’image de ce que pratique des pays scandinaves, dont le niveau des élèves est aujourd’hui incontesté (étude Pisa) »

    Et vous, qu’en pensez-vous ? Réagissez en laissant votre commentaire en bas de page.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Renforcer l’attractivité de son territoire grâce au numérique dans les établissements

    Renforcer l’attractivité de son territoire grâce au numérique dans les établissements

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    Les différentes politiques de la ville ont, depuis des décennies, envisagé des stratégies pour attirer les populations sur les territoires grâce au développement économique, ou à l’emploi.

    Aujourd’hui, les infrastructures numériques sont devenues l’un des fers de lance de l’attractivité territoriale dont fait partie le numérique dans les écoles.

    Et si au-delà des murs et des équipements, les usages innovants avec les technologies numériques pouvaient avoir un impact sur l’attractivité des établissements et des territoires ?

    Pour en débattre, autour d’Eric Fourcaud, lors de cette dernière session du séminaire « Collectivités Territoriales » qui a eu lieu pendant Ludovia 2013 : Julien Llanas – DGESCO (Collèges connectés), Agathe Busch chef de projet e-Edu – Manche Numérique, Jean-Marie Drouet  principal du collège d’Ax-les-Thermes sur la motivation des équipes enseignantes, et Jean-Michel Martin – DSI Conseil général de Saône-et-Loire et du pôle d’attractivité économique Saône-et-Loire avec le consortium TED.

    Dés 2005, un rapport du ministère de la ville soulignait l’importance de l’innovation dans les écoles, dans la lutte contre la désertion des territoires au profit des mégapoles.

    Depuis, le numérique dans les écoles n’a eu de cesse d’évoluer et les programmes de se multiplier.
    On se souvient du programme PrimTice lancé par le ministère de l’Education Nationale en faveur du développement des tableaux numériques interactifs, de l’opération ENR, Ecole Numérique Rurale, et des deux rapports sur la réussite du  numérique à l’Ecole de Jean Michel Fourgous, pour ne citer qu’eux.

    « L’effet vitrine des collèges connectés »

    Aujourd’hui, tous les acteurs de l’Education sont concentrés sur cette nouvelle étape que constitue le projet de Vincent Peillon : faire entrer l’école dans l’ère du numérique, dont l’un des volets est dédié aux « Collèges connectés ».

    Pour Julien Llanas, en charge de ce projet à la DGESCO,

    « le numérique dans les établissements constitue un formidable accélérateur d’attractivité des territoires ».

    C’est la raison pour laquelle a été sélectionné dans chaque académie, dans les zones rurales ou en zone d’éducation prioritaire, un collège pilote , afin de créer « un effet vitrine, un rayonnement » auprès des autres collectivités alentour.

    Mais les critères de sélection de ces collèges pilotes, choisis pour leurs engagements préalables en faveur du numérique et soutenus dans cet élan depuis les années 2000, suscitent de vifs débats dans la salle :

    « Ne sommes-nous pas en train de créer une sur-fracture territoriale, en privilégiant des établissements déjà connectés, et de sur-capitaliser sur la technologie au lieu de se concentrer sur les besoins premiers d’usages numériques » arguent certains.

    Quoiqu’il en soit, le ministère s’investit fortement dans le cadre d’actions expérimentales, en faveur des « collèges connectés » afin de créer « un effet de longue traine et permettre aux différents territoires de prendre exemple sur ces actions ainsi initiées ».

    L’attractivité du numérique éducatif, une œuvre de co-construction territoriale

    Le rôle et le maintien des services publics en milieu rural prennent de ce fait toute leur ampleur pour permettre de créer des pôles d’attractivités économiques dans les territoires.

    En particulier, grâce à leurs capacités de réunir les compétences nécessaires autour de tels projets et de créer des consortiums efficaces.

    C’est exactement l’expérience qu’en ont fait les deux territoires, invités à cette session : la Manche et La Saône et Loire.

     

    Agathe Bush, chef de projet e-Edu de Manche Numérique, salue à cet effet l’efficacité du comité de travail créé autour de l’intercommunalité des villes de la Manche.

    « L’une des principales motivations a justement été de lutter contre la fermeture d’établissements et de créer des pôles d’éducation numérique attractifs pour les populations » précise Agathe Bush.

    Grâce à la multiplicité des partenariats avec les établissements, les enseignants, les gestionnaires de réseaux ou les CDDP, la Manche numérique a pu identifier les besoins et mutualiser les commandes au sein d’une centrale d’achats car « les bons choix d’équipements et d’infrastructures numériques restent essentiels pour optimiser l’attractivité des territoires par le numérique éducatif » précise t-elle.

    Même discours du côté du Conseil Général de Saône et Loire, représenté par Jean-Michel Martin, DSI au Conseil général, et au sein du consortium d’attractivité économique TED (tablette pour une éducation digitale), suivi par la DGESCO.

    Retenu dans le cadre d’un appel à projet national sur les investissements d’avenir, le projet TED représente un réel espoir pour le Conseil Général en matière d’attractivité territoriale.

    Les acteurs et les investissements qu’il a su mobiliser autour de ce projet en sont une manifestation probante.

    Entre le département, le CRDP, et la Caisse des Dépôts de Consignation, ce n’est pas moins de 3 114 000 euros, que les services publics ont déployé pour ce projet, sur les 6 500 000 euros engagés au total avec les entreprises privés françaises Unowhy, Sejer, et Logosapience, dont les fonds sont, pour certains, issus également de financements publics.

    Un investissement conséquent, qui en fait sourciller plus d’un au sein de l’assistance.

    Mais Jean-Michel Martin tient à préciser qu’en matière d’attractivité économique, seuls des projets ambitieux, « chauvins » et bien pensés permettront une co-construction territoriale et une communication efficiente.

    En effet, TED, qui repose sur le travail d’entreprises françaises, n’est pas un simple projet d’équipement en tablettes. Il s’agit d’une solution évolutive conçue pour des usages pédagogiques, adaptés aux besoins et aux contraintes des enseignants : une expérimentation sur un long terme et de grande envergure, soutenu par un consortium d’experts pluridisciplinaires dédié aux équipements, contenus, formations, suivis, évaluations, etc.

    Au-delà de l’ambition d’attractivité économique, un tel projet permet par ailleurs, selon Jean Marie Drouet, principal au collège d’Ax les Thermes d’attirer et de retenir les enseignants dans les établissements.

    Les tablettes, les tableaux numériques interactifs, et la présence d’un bon débit internet constituent, selon lui, des éléments concourant à la motivation des enseignants, particulièrement difficiles à maintenir dans les régions éloignées des grandes mégapoles.

    Car, quand certaines régions n’enregistrent aujourd’hui qu’un très faible débit internet ou quasi nul , celles-ci pourront-elles réellement faire face au resserrement de la bande passante, avec l’arrivée imminente des manuels numériques et des Espaces Numériques de Travail, malgré les efforts des pouvoirs publics à installer le très haut débit, que l’on sait si coûteux en période de crise ?

     

    Quoiqu’il en soit le débat est posé : à la lumière de cette session, le numérique à l’Ecole prend ici une nouvelle dimension.
    Au-delà de l’impact social, que l’on lui attribue fréquemment, le numérique éducatif joue également un rôle dans notre écosystème, telle la promesse d’un territoire attractif et dynamique, qui se déjouerait des déserts ruraux et économiques.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Comment s’adapter au changement et aux nouvelles compétences que définit la loi sur la refondation de l’école ? Quelle gouvernance territoriale peut-on espérer pour mener à bien les projets éducatifs numériques ?

    Pour en débattre, trois acteurs d’expérience en la matière : Dominique Provot, chargée de mission e-education à l’agence départementale Numérique 64, Charline Genet, chargée de mission au Développement numérique du Conseil Régional d’Auvergne et Philippe Molès, consultant et conseiller aux usages du numérique, Mission Ecoter.

    La loi sur la refondation redéfinissait en juillet dernier, les nouvelles compétences des départements et des régions en matière d’acquisition et de maintenance des matériels informatiques et des logiciels, leur laissant l’entière charge de cette mission.

     

    La collectivité : simple financeur ou réel partenaire de l’Education Nationale ?

    Comme le souligne Laurent Brisset, animateur de cette session, « quel rôle donne-t-on à la collectivité : celui d’un réel partenaire de l’Education Nationale ou celui de simple financeur ?»

    Laurent Brisset pose ainsi d’entrée de jeu le problème de la gouvernance partagée, indispensable à la réussite des projets d’éducation numérique.

    Mais comme en témoigne Dominique Provot du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques (64),

    «Seul un partenariat tripartite entre la collectivité, l’établissement et les services déconcentrés de l’Education Nationale permet d’atteindre une relative efficience dans le développement des usages du numérique dans les établissements ».

    Dominique Provot insiste sur l’importance donnée au qualitatif dans le projet d’e-éducation de l’Agence Numérique 64 :

    « Seules des formations conjointes entre l’Agence du Numérique et le CDDP ont permis aux enseignants de s’adapter et d’intégrer les usages fonctionnels et pédagogiques. Le développement des usages ne peut souffrir d’une déficience de l’un ou l’autre de ces deux aspects, intimement liés».

    Le développement du numérique nécessite donc un ajustement pas à pas des dispositifs, selon les besoins des classes et le rythme d’adaptation des enseignants.

    C’est la raison pour laquelle, l’Agence numérique 64 s’est concentrée dans un premier temps, sur un équipement de Tableau Numérique Interactif et de baladodiffusion, puis a mis en place des « contrats numériques entre les différents partenaires » pour le déploiement et les usages de vidéoprojecteur dans toutes les salles et de vidéoprojecteur interactif dans une salle sur deux.

    Le développement progressif des usages est également facilité par le partage d’expériences entre enseignants lors d’une journée annuelle de pratique du numérique de la maternelle aux ESPE (Ecole Supérieur du Professorat et de l’Education), où la motivation des uns entraîne celle des autres.

     

    Maintenance : le nerf de la guerre ?

    Mais la question de la gouvernance n’aurait été traitée dans son ensemble si le point névralgique de la maintenance dans les établissements à la charge exclusive des départements et des régions n’avait été abordé.

    Maintenance que les associations territoriales, rappelle Laurent Brisset, acceptent de gérer, « s’il s’agit uniquement d’un transfert de compétences, soit d’une compensation financière de l’Etat ».

    (voir à ce sujet l’article de Ludovia Magazine : « Les collectivités encore dans l’expectative ») : Ce qui a récemment fait l’objet d’une requête des associations ADF et ARF auprès des services du Ministère.

    Dans les Pyrénées Atlantiques, cinq agents ont été affectés à cette mission : ce qui, selon Dominique Provot, n’est peut être « pas en soi un exemple à suivre par les autres départements, s’ils souhaitent, en cette période de restriction budgétaire, solliciter un financement de l’Etat à cet effet ».

     

    Autre région, autre politique. En Auvergne, représentée par Charline Genet, la maintenance relève de la compétence des services académiques du rectorat : une des résultantes des divers partenariats public/privé/région/département, initiés par la région.

    Equipés à 100% en haut débit, les lycées d’Auvergne ont très vite bénéficié de la compétence numérique de la région, dont le mot d’ordre était d’avancer dans une démarche commune sur les infrastructures avec les différents acteurs impliqués.

    Charline Genet insiste à cet effet sur la «volonté de concertation et de coopération, unique condition de réussite d’un tel projet, dans une équité territoriale ».

    « Le numérique éducatif ne peut être cloisonné. Une stratégie globale est nécessaire et la mutualisation des compétences de chacun est essentielle pour optimiser les investissements».

    Pour illustrer son propos, Charline Genet, cite l’exemple de SCONEETA, un service destiné à offrir un accès équitable à l’enseignement numérique à tous les foyers auvergnats et à tous les personnels de la communauté éducative premier et deuxième degré.
    C’est dans cet esprit de co-construction, que les 4 départements et 6 agglomérations se sont lancés dans un projet de déploiement du très haut débit, avec pour objectif de couvrir tous les lycées d’ici 2017.

     

    Stratégie globale & mode projet : les maitres mots de la gouvernance

    On l’aura compris, mettre en place une gouvernance partagée, c’est avant tout travailler en mode projet et élaborer une stratégie globale de conduite du changement afin d’anticiper les futurs perspectives d’usages.

    L’exemple pris par Philippe Molès est à cet effet éloquent.

    Le rectorat de l’Académie de Dijon, pour lequel il est missionné, vient de constituer un groupement d’intérêt public, le GIP e-Bourgogne, financé pour partie par la Caisse des Dépôts et Consignations, pour mutualiser les compétences et définir son plan de stratégie numérique.

    Cette démarche novatrice a pour principe la mise en place d’une gouvernance interne dédiée au numérique, des actions de formation et la création d’un observatoire des usages numériques.

    Parmi les volets de cette stratégie, souhaitée par Mme la Rectrice, Sylvie Faucheux :

    • Un partenariat avec l’Ecole Supérieur de l’Education Nationale afin de former les cadre de ce futur plan ainsi qu’avec l’ESPE de Bourgogne
    • La formation des élèves pour repenser la pédagogie
    • Un partenariat avec les collectivités
    • Un travail adapté à chaque projet d’établissement.

    D’autre part, précise Philippe Molès, cette politique requerra un constant dialogue entre le rectorat, les collectivités territoriales ainsi que les services de l’Etat.

     

    Oui mais, quid de l’évaluation des usages ?

    Au-delà de la gouvernance, la question de l’évaluation des usages est posée par la salle.

    Permettre à la collectivité d’ajuster ses dispositifs vers des usages efficients et pérennes des enseignants et des élèves nécessite un suivi et une analyse régulière des usages.

    Quels seront les indicateurs de suivis des usages à mettre en place pour permettre à l’Education Nationale d’adapter au fil du temps les accompagnements pédagogiques qui leurs seront nécessaires ? Sur quels types de tableaux de bord, les collectivités pourront-elles travailler pour suivre les usages, ajuster les équipements et infrastructures, mais aussi légitimer leurs investissements ?

    Cette thématique faisait d’ailleurs l’objet l’an dernier de la session 2 du séminaire Collectivité Ludivia 2012. : «Mettre en place un Tableau de bord – analyser les usages des équipements »

    « Il est très difficile d’évaluer l’impact des outils numériques sur les résultats des élèves », souligne Philippe Molès, « mais on peut travailler sur quelques évaluations qualitatives, qui serviront de repère au fil du temps ».

    Ces indicateurs de suivis ne seraient bien sûr pas là pour sanctionner mais donner les bases d’un suivi afin de permettre aux collectivités d’adapter leurs stratégies et leurs moyens.

    Ce sujet engendre un véritable débat dans la salle et les propositions et les questions foisonnent :

    Comment définir les indicateurs de suivis pédagogiques qui mesureront le rôle des outils numériques et ainsi l’évolution des besoins ?

    A travers un ressenti de l’enseignant sur la motivation de ses élèves ou autour de quelques points du programme, pris comme repères annuels ?

    Et ensuite, comment croiser les résultats de cette évaluation avec ceux des audits techniques des infrastructures, afin de comprendre où le bât blesse et résoudre les éventuels problèmes ?

    Une véritable réflexion doit être engagée au cas par cas, au niveau local entre les différents partenaires : collectivités, établissements et services de l’Education Nationale.

     

    Les intervenants se réjouissent à ce titre de la création des Directeurs Académiques du Numérique (DAN), qui pourront consacrer plus de temps à la mise en place des partenariats avec les collectivités.

    Quoiqu’il en soit, la session s’achève sur un principe fondamental : qu’il s’agisse de formation des enseignants, de maintenance ou d’évaluation des usages, les restrictions budgétaires et les besoins de gouvernance partagés conduiront les collectivités à mutualiser leurs compétences à des niveaux inter-territoriaux.

    D’autre part, seule la volonté de travailler ensemble à l’écoute les uns des autres permettra des avancées sur le chemin de la gouvernance partagée.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

    Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

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    Autour d’elle, deux intervenants : Pascal Bringer, Agrégé de SVT et co-fondateur de la société Maskott, et Jean-Paul Moiraud, professeur de gestion au Lycée La Martinière Diderot de Lyon qui, grâce à des retours d’expérience, nous ont projeté, le temps d’une session, dans les méandres d’une école connectée et décloisonnée…

    Permettre aux enfants de manipuler le tactile sur des parcours pédagogiques

    A travers la présentation du projet TACTILEO, réponse de la société Maskott à l’appel à projet du ministère en 2012, Pascal Bringer nous plonge dans un univers, que Jules Vernes aurait pu imaginer pour nous en son temps, pourtant aujourd’hui technologiquement accessible et concret.

    Grâce à l’infrarouge, les objets sont reconnus et deviennent interactifs et tactiles, toute projection devient possible sur tout support : la surface peut interagir avec le reste. Voir Tactileo en image

    Ludovia_sem1bis2La salle informatique n’est plus d’actualité. Le numérique est partout, dissociant nos repères traditionnels : la salle devient polyvalente et nous immerge dans un nouvel espace, optimisée et augmentée au fil des technologies.

    Dans des lieux connectés et décloisonnés, toute salle peut alors être adaptée aux besoins du moment. On se construit de façon hybride tant dans l’espace d’apprentissage dédié qu’en dehors ou dans ses déplacements.

    De l’apprentissage des connaissances à celui des compétences

    Autre expérimentation présentée par Jean-Paul Moiraud : la simulation virtuelle qui permet aux élèves ou étudiants de passer de l’apprentissage des connaissances a celui des compétences.

    Dans le cadre d’une simulation virtuelle, on a mis des étudiants en situation d’urgence, afin de leur permettre de s’entraîner et se projeter dans une réalité augmentée.

    Cette expérimentation a fait prendre conscience de  l’importance tant pour les élèves que pour les enseignants d’une mise en situation de compétences en prolongation des simples connaissances dont on se contentait avant, mais qui restent aujourd’hui insuffisantes.

    Pour Jean-Paul Moiraud , l’école de demain devra impérativement donner à l’élève, grâce à des outils de virtualisation, les moyens de passer de l’acquisition des connaissances à celle des compétences, grâce à un tuteur qui le guide, selon ses besoins.

    A partir de ces deux retours d’expérience, et dans une société connectée en permanence, JPM pose le problème des normes juridiques du travail de l’enseignant liés aux unités de temps et de l’espace.

    L’enseignant peut travailler et préparer ses cours mais aussi se former à distance à l’école comme chez lui :

    le temps architecturale et le temps pédagogique n’évoluent plus de la même façon. Une zone grise juridique apparaît.

     

    La perruque inversée, métaphore du temps de travail numérique des enseignants

    « Le numérique fait voler en éclat les murs de la classe en abolissant les contours traditionnels de l’espace éducatif. De très nombreux enseignants lancent des expérimentations dans leurs classes, par conviction personnelle du potentiel pédagogique des fonctionnalités des outils numériques ou dans le cadre d’expérimentations institutionnelles. La réflexion pédagogique avance mais … les champs connexes (L’analyse institutionnelle, les conditions de travail, la réglementation …) sont les grands absents ».

    Même si l’enfant peut être élève à l’école comme à la maison, car dans notre société le temps de l’enfant est normé, celui de l’enseignant devient élastique.

    Pour illustrer son propos JP cite l’exemple de la « perruque inversée comme  métaphore du temps de la structure du temps de travail des enseignants ». Il présente sa théorie dans son blog ici

    Le travail en perruque est un usage développé dans les ateliers des entreprises industrielles. Le salarié utilisait le temps de travail rémunéré (donc normalement consacré à l’employeur) pour se consacrer à des pratiques personnelles. Michel De Certeau parle de subversion du temps.

    À l’heure du numérique on inverse le principe (c’est en tout cas la position que je défends), les salariés occupent une partie de leur temps libre au service de leur employeur (ce temps va en s’accroissant). On passe de pratiques de subversion à des pratiques de « soumission« . Les philosophes parlent de servitude volontaire.

    Concrètement comment devra-t-on juridiquement inscrire le temps de l’espace numérique ?

    D’autant que le statut de l’espace privé de l’enseignant se posera des la rentrée avec les 9h de formation a distance, que l’enseignant pourra effectuer à l’école comme chez lui.

    Question abordée dans le monde de l’entreprise avec le télétravail mais qui n’a pas encore été abordée pour le travail des enseignants.

     

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Construire et imaginer ce que devrait être l’établissement du XXIème siècle, à l’ère du numérique

    Construire et imaginer ce que devrait être l’établissement du XXIème siècle, à l’ère du numérique

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    Le sujet par excellence, que tout acteur de l’Education Numérique rêverait de réaliser.

    Tour a tour, Catherine Stasser de la Région Wallonne, Henriette Zoughebi – Vice-Présidente chargée des lycées de la Région Ile-de-France et représentante de l’ARF, Marie-Christine Cavecchi – Présidente de la commission éducation numérique à l’ADF, et Pascale Luciani-Boyer – Maire-adjointe de St Maur, représentante AMF au Conseil National du Numérique se sont prêtées au jeu de la projection vers une nouvelle ère numérique dans l’éducation, pour les 10 ans à venir.

    Pourquoi s’interroger aujourd’hui sur cette question ? Ne menons-nous pas depuis 10 ans déjà ce type de réflexion ?

    Tous s’accordent à dire qu’après 10 ans d’expérimentations variées sur les usages numériques, après 10 ans de réflexions diverses sur les problématiques aujourd’hui connues de tous (maintenance, financement, équipements, intégration des ressources numériques, formation et suivis pédagogiques des enseignants, etc.), l’heure est à  la généralisation des usages.

    Mais cette généralisation ne pourra se faire que si l’on tient compte de l’environnement dans lequel baignent au quotidien, enfants et ados : le partage des savoirs et des ressources numériques conditionne les usages et a fait exploser depuis déjà plusieurs années les frontières éducatives et pédagogiques de l’établissement scolaire.

    L’établissement scolaire : entre partage des savoirs et structuration des compétences

    Ludovia_ZoughebiSelon Henriette Zoughebi, la prolifération des ressources auxquelles nos jeunes et nos enseignants ont aujourd’hui accès, change la donne pédagogique : les lycéens souhaitent aujourd’hui être actifs dans la construction de leurs apprentissages.

    Les ENT mis en place par les régions serviront au partage et à la structuration des savoirs.

    Mais la question majeure qui reste encore en suspend est bien celle des ressources numériques.

    « Le ministère retravaille actuellement les programmes, mais quelle place donnera t-il réellement aux ressources numériques? Les fera t-il rentrer par la grande porte des nouveaux programmes ou laissera t-on encore le champs libre au monopole de Google ou autre leader américain ?« , s’interroge Henriette Zoughebi.
    La seule solution qui prévaut en la matière est “d’orchestrer une gouvernance inter-académique, afin de nous aider en tant qu’entité régionale à uniformiser l’égalité des chances entre les élèves tel que le souligne la loi”.

    Nos établissements ne sont plus adaptés pour favoriser la continuité éducative.

    Aussi, dans un monde de plus en plus complexe ou chaque jour apporte son lot de nouvelles ressources et d’informations diverses, l’enjeu éducatif majeur repose sur la manière dont les acteurs pédagogiques permettront aux élèves de se structurer dans une continuité éducative.

    La salle de classe, l’établissement scolaire de demain ou l’espace virtuel dédié doit donc permettre aux enseignants de remplir pleinement leur rôle de pédagogue, non plus dans l’unique transmission des savoirs tel que l’entendait nos parents mais dans une structuration de ces connaissances, auxquels les élèves et les enseignants ont accès aujourd’hui si facilement.

    De part cette perpétuelle circulation et partage des savoirs et des connaissances, dans et en dehors de l’établissement,  Henriette Zoughebi pose ainsi très vite le problème d’une Ecole qui ne serait plus uniquement dans ses murs mais également au-delà, dans une architecture virtuelle.

    Les jeunes sont parties prenantes du monde, et ne structurent plus leurs connaissances et leurs compétences exclusivement dans l’espace dédié de l’école.

    Ceci suppose alors une réorganisation architecturale des bâtiments.

    « On croyait que les lycées ou les collèges étaient construits une fois pour toute », précise Marie-Christine Cavecchi, « mais l’Ecole de demain qui vivra avec les usages transversaux du numérique va devoir être repensée dans son architecture ».Ludovia_Cavecchi

    Cette question suscite immédiatement un intérêt particulier de la salle qui nourrit le débat à travers de pertinentes questions ou des propositions sur la réorganisation des salles de classe et des espaces communs, sur la place des espaces dédiés aux apprentissages virtuels, sur la nécessité de changer de paradigme afin de ne plus organiser la pédagogie par programme mais par projet.

    Comment établira t-on donc le lien entre ce qui se passe à l’école et ce qui se passe à la maison ?

    Nos établissements ne sont plus adaptés pour favoriser la continuité éducative, soutient Marie-Christine Cavecchi.

    Les collèges ont été conçus pour aider les élèves à passer de l’enfance à l’adolescence. Or, depuis plusieurs années, les élèves vivent dans deux mondes parallèles, dans celui du numérique en mobilité et dans l’établissement scolaire qui n’a pas encore reconnu et exploité les usages du numérique.

    Deux siècles (XXeme et XXIeme) qui se côtoient, essaient de dialoguer dans des salles informatiques désuètes, sans pour autant se comprendre.

    La transversalité des usages du numérique permettra de ramasser davantage les espaces, en réorganisant les salles de classes et les espaces communs par projet.

    Les espaces communs devront en effet être redéfinis car des salles telles que celles dédiées au CDI, qui mettent des ordinateurs à disposition des élèves, n’auront plus de raison d être. Les fonctions du CDI pourront être redéployées dans les différentes classes.

    Nous pourrons, de ce fait, partager les espaces de façon différente en travaillant mieux avec le périscolaire » précise Marie-Christine Cavecchi.

    Une gouvernance élargie aux parents

    Henriette Zoughebi renchérit, « le jeune a également besoin de la dimension physique et du contact réel pour se construire donc ne pas uniquement évoluer dans le virtuel ; aussi, la question essentielle que nous aurons à résoudre sera justement liée au devenir du nouveau centre de connaissance et de culture, car le centre de ressources ouvert vers l’exterieur est le cœur battant d’un établissement. Et pour cela nous aurons besoin de consulter l’ensemble des futurs usagers et acteurs directement ou indirectement impliqués, dont les parents”.

    La participation des parents dans une nouvelle gouvernance devient alors indispensable dans le cadre d’une redéfinition des frontières du scolaire, du périscolaire et parascolaire, dans une libre circulation des savoirs dans et en dehors de l’établissement.

    Un nouveau collège s’ouvre à nous » conclut Marie-Christine Cavecchi. « Mais penser une telle restructuration suppose bien évidement la mobilisation de moyens, et une maintenance que les départements et les régions sont prêtes à assurer, si les compétences territoriales sont transférées comme il se doit par l’Etat« .

    Les dimensions pédagogiques de demain, antinomiques avec les raisonnements d’aujourd’hui…

    Ludovia_PBoyerA cette prospective, Pascale Luciani-Boyer pose le problème du décalage entre la projection de l’école de demain et les freins de mise en œuvre, qui “limite l’école numérique d’aujourd’hui à une prolifération d’expérimentations/vitrines, sans pouvoir envisager une quelconque politique de généralisation sérieuse.”

    Or, ce décalage est, selon Pascale Luciani-Boyer,  exclusivement dû à un raisonnement faussé où ne sont pas pris en compte les bons facteurs et modèles économiques qui font notre société d’aujourd’hui.

    Depuis 10 ans on se pose toujours les mêmes questions, se désole t-elle, on ne cesse de  rêver de l’école décloisonnée, ou, aujourd’hui, de l’école inversée »
    « On déplore que les collectivités aient des finances en berne, et ne peuvent assurer l’équipement ou la maintenance des outils, on imagine que le numérique puisse aider l’enseignement à ne plus être uniquement un passeur de connaissances mais également un développeur de compétences pour les futurs citoyens. Mais on raisonne sur l’Ecole de demain en ne tenant compte que des paramètres des moyens d’hier et d’aujourd’hui”.

    Or, pour se projeter vers l’école de demain où les échanges pédagogiques pourront s’effectuer sur des lieux différents, encore faut-il s’assurer que les élèves dans leurs familles ou en mobilité soient eux même équipés comme le reste de la société dans laquelle se place l’école.

    Cessons d’attendre que les collectivités fournissent tous les équipements et assurent la maintenance ! Pourquoi ne pas envisager que les élèves soient eux-mêmes, individuellement, équipés ?”

    Pascale Luciani-Boyer s’appuie à cet effet sur la traditionnelle liste de fournitures de rentrée scolaire, qui intègre avec les vêtements et autres cahiers, une calculette…

    Or, la baisse progressive et inévitable de la tablette numérique ou de tout autre appareil mobile connecté, permet d’envisager que l’élève travaille avec son propre matériel comme il le fait déjà avec sa calculette, ou ses stylos sans que personne depuis des années n’ait même pensé mettre les collectivités à contribution pour ce type de matériel”, souligne t-elle.

    La collectivité devra bien sûr subvenir aux équipements individuels des enseignants et, pour les familles les plus défavorisées, d’autres leviers publics sont à l’œuvre . “On peut penser ici, rappelle Pascale Lucini-Boyer, au rôle de la CAF au travers de l’allocation de rentrée scolaire par exemple”. Un acteur public, qui n’est en effet jamais pris en compte dans la définition de nos modèles d’équipements pour l’école de demain.

    Osons mettre un terminal connecté pour chaque enfant de France scolarisé, c’est juste une volonté politique”, conclut Pascale Luciani Boyer.

    De nouveaux modèles économiques seraient donc à réfléchir pour l’école numérique de demain ainsi que les architectures de connections correspondantes.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE