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  • Retour du Sommet de l’iPad à Montréal par un enseignant, « artisan tâtonneur »

    Retour du Sommet de l’iPad à Montréal par un enseignant, « artisan tâtonneur »

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    Le thème qui nous réunit est la réflexion sur un outil technologique de plus en plus présent dans les salles de classe : la tablette iPad.

    Comment intégrer ce nouvel outil dans les établissements scolaires ? Comment concevoir des séquences de cours efficientes ? Quels sont les usages dans les classes ? Quels sont les défis rencontrés ? Quelles modifications apporte-t-il au niveau de l’enseignement et de l’apprentissage ?

    Plus de 90 chercheurs, enseignants et praticiens québécois et internationaux seront présents pour faire partager leurs analyses, leurs pratiques, leurs résultats.

    C’est à ce titre, d’enseignant – « Artisan tâtonneur » (un « bricoleur », tel que le définissait Jean-Paul Moiraud dans un de ses articles http://www.ludovia.com/2014/03/bricolage-bricoleurs-dans-leducation-cest-du-serieux), que je pars dans quelques heures outre-Atlantique, présenter mes résultats et mes avancées.

    Pour ma part, je reste dans l’esprit du collaboratif qui m’habite depuis la mise en place d’un Environnement Numérique de Travail (ENT, mis en place en 2010, récompensé par le trophée d’innovation pédagogique en 2012 au printemps du numérique).

    L’atelier présenté est nommé :

    L’iPad, catalyseur d’intelligence collective : un apprentissage individuel pour un enrichissement collectif, (Atelier pratique de 30 minutes)

    Dans cet atelier, nous allons découvrir comment l’iPad peut être un outil de production individuel, mais aussi un outil de collaboration et de partage. La tablette est souvent utilisée comme un outil de production individuel pour un usage propre.

    Cependant, l’iPad peut développer des capacités habituellement retrouvées en travail de groupe et permettre secondairement de faire progresser l’ensemble des utilisateurs par la mutualisation des stratégies d’apprentissage, au-delà même des résultats.

    La production finale n’est plus le seul objectif pour l’élève ni pour l’enseignant. Une métacognition sur l’apprentissage devient plus évidente à mettre en place pour l’enseignant et donc plus simple à utiliser par les élèves les plus jeunes comme par les plus expérimentés. Des stratégies pédagogiques doivent être mises en place au préalable pour réaliser ce type d’activité.

    Grâce à l’outil, qui nous affranchit d’un certain nombre de contraintes matérielles, une nouvelle réflexion s’engage alors pour l’enseignant, qui peut proposer des activités qui ne sont limitées que par son imagination et sa pertinence pédagogique.

    Voici un exemple d’activité :

    Cet atelier accueillera une centaine d’enseignants ou de chercheurs. Lorsque je ne serai pas moi-même au pupitre pour présenter, je serai donc à mon tour dans la salle pour écouter et participer à d’autres conférences.

    Je tenterai de vous faire vivre à distance cet événement mondial à travers les colonnes de Ludovia Magazine et sur mon compte twitter @verbert_seb

    Quelques photos et prises de son permettront de s’immerger dans les lieux afin de profiter indirectement des avancées de nos collègues.

     

  • Les MOOC, révolution ou simple effet de mode ?

    Les MOOC, révolution ou simple effet de mode ?

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    Il se fait un peu « l’avocat du diable » des MOOC et comme il l’affirme a « toujours été très prudent et un peu frileux face aux « techno-enthousiastes » ».

    A entendre certains, les MOOC représentent la ruée vers l’or ; pour eux « c’est l’expérience la plus importante qu’il n’y ait jamais eu en pédagogie universitaire ».

    Il est vrai que cela fait rêver (voir notre article à ce sujet « Les MOOC, l’alliance du rêve et du marketing »). Ça laisse la chance à de nombreux étudiants ou tout simplement à M. ou Mme X de suivre un cours de Harvard ou Stanford qu’ils n’auraient jamais pu se payer.

    « Ma mère s’est inscrite à un MOOC à l’université de Princeton maintenant qu’elle est à la retraite », témoigne Thierry Karsenti.

    Mais restons vigilants face à cette « pseudo » innovation : derrière les annonces de cours ouverts et gratuits, se cache tout un enjeu marketing des grandes universités qui cherchent à recruter.

    Aux adjectifs qui sont souvent associés aux MOOC : gratuit, ouvert, massif et innovant, Thierry Karsenti apporte des nuances.

    Ouvert

    Dire qu’un cours ou qu’un contenu est ouvert, cela signifie qu’il n’y a pas de propriété intellectuelle ; or, dans certains MOOC, il est question partout d’interdiction de copier les contenus, « ne pas reproduire, ne pas partager les quizz etc » et on trouve, oh surprise, trois pages sur la propriété intellectuelle et les droits d’auteur… !

    Gratuit 

    Oui c’est vrai, s’inscrire à un MOOC et suivre des cours en ligne est un acte gratuit. Par contre, dès qu’il est question d’afficher vos compétences acquises sur tel ou tel MOOC, vous allez souvent devoir payer pour avoir votre nom sur une attestation, par exemple.

    « Par exemple, Coursera vient de lancer sa nouvelle version de « Signature Track », une forme d’option qui incite les étudiants à payer… et Coursera à faire plus d’argent», souligne Thierry Karsenti.

    Massif 

    Aujourd’hui, ce sont 20 millions d’étudiants de plus de 200 pays qui suivent 1 MOOC ; le record : 300 000 étudiants en même temps sur un cours d’informatique.

    « C’est épique», ironise Thierry Karsenti

    Ces chiffres annoncés sont-ils vrais ? Comment calcule-t-on les 300 000 qui s’inscrivent ?

    Il y a ceux qui vont aller à la première leçon et combien sont-ils à suivre régulièrement les cours et à aller jusqu’à la fin ?

    Innovant 

    Le mot à la mode : innovant.

    Même le Ministre français de l’Education Nationale parle des enseignants « innovants », c’est peu dire !

    Mais revenons aux MOOC, est-ce vraiment l’adjectif qui les qualifie le mieux ?

    Ce n’est ni plus ni moins qu’une formation à distance, donc rien d’innovant jusque là, la FAD existe depuis 130 ans !

    Peut-on parler d’innovation avec des vidéos-lecture en ligne ?

    Ce qui constitue, pour l’essentiel, le contenu des MOOC, ce sont des ressources interactives avec des liens, des notes de cours, des quizz et un glossaire, qu’est ce qu’il y a de nouveau ?

    « Ce qui est innovant c’est qu’il y a beaucoup de personnes », nous rassure Thierry Karsenti pour tenter de donner un peu de vraisemblance au phénomène.

    Enfin, il reste assez sceptique sur la pédagogie d’un MOOC : comment enseigner à plusieurs étudiants en même temps ?

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il donne l’exemple de l’Université de Duke en Caroline du Nord où pour un cours de bioélectricité, sur 12 725 inscrits, seuls 313 étudiants ont réussi à l’examen, soit un taux de réussite de 2,45%.

    Est ce que le taux de réussite est la seule façon d’évaluer les MOOC ? Thierry Karsenti se contente de poser la question mais il souligne par ce chiffre (qui est proche de la réalité du taux de réussite moyen de beaucoup de MOOC) qu’investir beaucoup pour moins de 3% de réussite laisse à réfléchir.

    D’autre part, si vous ne comprenez pas le cours ou si vous avez commis une erreur dans les exercices, ne comptez pas sur le prof pour vous expliquer ! Dans la majorité des cas, les étudiants sont trop nombreux et l’enseignant ne pourra donc pas répondre à tout le monde (contrairement à la FAD où vous avez un tuteur qui est là pour vous épauler).

    Et dans notre monde de l’instantanéité, l’étudiant attend bien qu’on lui réponde tout de suite.

    Ah oui, mais il reste les forums de discussion ! Vous êtes sauvés, vous pourrez toujours échanger avec vos camarades sur les éléments de compréhension qui vous posent problème.

    Les 300 000 étudiants de tout à l’heure vont apprendre entre eux…

    Attention néanmoins sur ce point, les recherches montrent aussi que dans les MOOC, moins de 5% des étudiants communiquent entre eux.

    Thierry Karsenti n’est pas un « anti MOOC », il tient juste à mettre en garde en s’appuyant sur des résultats issus de la recherche, sur le phénomène de mode qui pourrait en aveugler plus d’un ; et à moyen terme, il ne faudrait pas que les MOOC soient associés d’une connotation négative et qu’on en arrive à décrédibiliser les diplômes :

    « Ton diplôme c’est un MOOC ou c’est un vrai » ?

    MOOC_tKarsenti2_041013Pour Thierry Karsenti, l’enjeu est de taille, même si il précise que les MOOC ne débouchent pas sur un diplôme mais sur une panoplie d’appellations variées telles que attestation, certificat… sans oublier le logo de l’Université qui le délivre !

    Pour finir sur une note positive, il donne l’exemple de l’un de ses étudiants qu’il a connu lorsqu’il enseignait en Afrique et qui a été recruté par un employeur et préféré à d’autres candidats, tout simplement parce qu’il avait suivi un MOOC de l’Université de Stanford.

    Comme quoi, ça laisse quand même « rêveur ».

    Plus d’infos : le texte complet de Thierry présentant son opinion « nuancée » des MOOC, ici

    Voir la conférence de Thierry Karsenti en vidéo