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  • Pédagogie, Universités et Mondes Virtuels, retour sur le colloque

    Pédagogie, Universités et Mondes Virtuels, retour sur le colloque

    Colloque Droit et Justice dans les Mondes virtuels

    Le colloque a été introduit par M. Franck Marmoz, Doyen de la Faculté de droit.

    La matinée consacrée au « visage de la justice dans les Mondes Virtuels » a été entamée par Chrystelle Géazeau qui a su convoquer les grands penseurs (Lock, Montesquieu, Beccaria…) pour alimenter une réflexion introductive riche sur la notion de justice face à la virtualité.

    La seconde intervention a été l’occasion d’une mise en abyme des Mondes Virtuels, puisque Valentin Callipel s’est exprimé à travers son avatar dans le Monde Virtuel de la Faculté de droit de Lyon (http://maps.secondlife.com/secondlife/Lutece/206/199/22) , où le colloque était retransmis en direct).

    Cet intervenant a su, courageusement (il était alors de 4 heures du matin pour lui… !) démontrer, en prenant notamment appui sur les expériences de son laboratoire de Cyberjustice de l’Université de Montréal (http://www.laboratoiredecyberjustice.org/fr/Home/Home), en quoi la question de la territorialité conduisait à envisager une justice virtuelle hors de son état et hors de l’État.

    C’est ensuite le droit civil et le droit des obligations qui sont entrés en jeu. Le premier travail a consisté en la délicate mission de déterminer si les actions au sein des mondes virtuels avaient une nature réelle ou personnelle. Cette réflexion, qui est confiné au droit de la propriété, a été livrée au public par de Caroline Laverdet, avocat à la Cour (http://www.laverdet-avocat.com/), qui est par ailleurs l’une des rares universitaires à s’intéresser aux questions juridiques liées aux environnements virtuels. Cela a conduit naturellement à l’intervention d’Adrien Bascoulergue, qui a bien voulu prendre le parti de réfléchir sur les possibles implications d’un préjudice virtuel reconnu à l’avatar, en accordant une possible personnalité juridique à ce dernier.

    C’est sur cette prise de position fort prospective que la matinée s’est conclue. L’après-midi a fait suite à cette première série de réflexions, en s’attachant cette fois au « bras de la justice dans les Mondes Virtuels ». Les réflexions sont allées crescendo, grâce à des intervenants qui ont bien voulu se prêter au jeu (même si les Mondes Virtuels ne méritent certainement par cette qualification…).

    C’est ainsi que le lieutenant de police Dimitri Delpeut a exposé au public, à la lumière de sa pratique professionnelle, comment des investigations pourraient être menées par un policier virtuel. Étonnamment, une solution bien connue de la procédure pénale a été retenue : la technique de l’infiltration.

    Ce fut ensuite à Camille Kurek d’envisager en quoi une peine virtuelle pouvait exister et avoir vocation à s’appliquer à l’avatar. De son propre aveu, réticente à une telle idée, poussant à distinguer l’avatar du joueur qui le manipule, elle a pourtant su mener une brillante réflexion, qui l’a conduite à une démonstration parfaitement structurée tant en matière juridique que sociologique.

    Le dernier intervenant, Thomas Muller, huissier de justice, c’est à son tour placé dans la peau d’un avatar, devenant cette fois huissier de justice virtuel. Il a ainsi pu détailler quelles pourrait être les procédures mais aussi les pouvoirs qui seraient nécessaires à un avatar qui exercerait de telles fonctions dans les Mondes Virtuels.

    Enfin, le rapport de synthèse de cette journée a été proposé par Gérald Delabre, tentant une réécriture de dispositions de procédure civile et de procédure pénale à la lumière des réflexions menées par les conférenciers et les enjeux de la création d’une justice dans les Mondes Virtuels.

    L’ensemble de ces conférences sera disponible, à la suite de celles des deux colloques précédents, ici

    Il convient également de mentionner la prochaine publication des actes des deux premiers colloques consacrés au Droit dans les Mondes Virtuels (http://editions.larcier.com/titres/127133_2/le-droit-dans-les-mondes-virtuels.html) .

    Workshops autour des Mondes virtuels en éducation

    Cette journée a été organisée en deux parties. Elle a proposé dans un premier temps des réflexions et retours d’expérience sur l’utilisation des Mondes virtuels en pédagogie, en particulier à partir des réalisations menées par le Centre Droit et Nouvelles Technologies en partenariat avec d’autres universités françaises et étrangères.

    Dans un second temps, des propositions et une discussion ont été ouvertes ouvertes quant aux aspects institutionnels de l’utilisation des Mondes virtuels au bénéfice des acteurs de l’enseignement, à travers le concept d’Université-Nuage.

    Workshop Simulation en pédagogie immersive

    Jean-Paul Moiraud, spécialiste de la pédagogie immersive, professeur au Lycée La Martinière Diderot (http://moiraudjp.wordpress.com/ , http://tutvirt.blogspot.fr/ ) a proposé une réflexion théorique et pratique sur les enjeux des mondes virtuels en pédagogie. Le débat a été enrichi par les réflexions et questionnements des différents acteurs déjà impliqués dans des actions de formation dans des environnements virtuels, et particulièrement grâce à la présence de Guillaume Reys, animateur du monde DentalLife (http://www.dentallife.fr/ ).

    La présentation a débuté par la diffusion du machinima issu de la simulation de procès pénal menée en immersion avec les étudiants de l’Ecole de Droit de Lyon (http://fdv.univ-lyon3.fr/ecolededroit/).

    Jean-Paul Moiraud a ensuite présenté les enjeux philosophiques du virtuelle grâce aux écrits de différents auteurs (Marcello Vitali Rosati, Alain Milon…), ceci le conduisant à proposer une définition du monde virtuel en tant que concept pédagogique.

    Cette définition lui permet alors d’identifier des usages pédagogiques qu’il classe au nombre de quatre : construire des cours, simuler des situations, s’immerger dans un concept et concevoir par collaboration. Les exemples donnés sont forts (cours et simulations juridiques à la Faculté de Droit de Lyon, médecine de catastrophe à la Faculté de Toulouse…). Au sein de ces usages repérés, une notion centrale est mise en avant : le tutorat. Là encore, les différents moments de tutorat (avant, pendant et après –postmortem– la simulation) ainsi que ces différents modes (tutorat disciplinaire, pédagogique et technique) sont largement étudiés. Pour cela, Jean-Paul Moiraud a créé la notion d’avatuteurs.

    La conclusion de cette présentation met l’accent sur la nécessité de scénarisation des processus pédagogiques en immersion dans les mondes virtuels.

    Les débats ont également laissé une large place à la manière dont il convient d’envisager les espaces et leur construction dans ces environnements spécifiques. A également été soulignée la nécessité de valoriser le travail fourni par chacun des acteurs contribuant à ces processus pédagogiques immersifs.

    Conférence de presse

    Une conférence de presse a permis de fournir un point d’étape sur le travail effectué depuis quatre ans par le Centre Droit et Nouvelles Technologies dans les Mondes Virtuels. La seconde partie a quant à elle été consacrée à une présentation du futur: l’Université Nuage.
    Voir la vidéo : http://youtu.be/eEzJb22ZRRA

    Workshop L’ Université Nuage

    La présentation a été conduite par Samuelle Ducrocq-Henry, professeur chercheur à l’UQAT (Université du Québec) (http://www.ludisme.com/)

    Le projet Université Nuage résulte de la connaissance approfondie du E-Learning par Samuelle Ducrocq-Henry, en particulier dans le cadre de ses recherches ayant conduit à travailler sur l’utilisation des jeux en réseau pour la formation (LAN pédagogique) (http://www.dailymotion.com/video/xcscpb_volet-pratique-du-lan-pedagogique_videogames#.UZ_FWMpdxqc) .

    La définition proposée de l’Université-Nuage est « un campus virtuel mondial recréé en 3D, favorisant une immersion des étudiants et professeurs dans des infrastructures virtuelles hébergées sur serveur dédié ». Ce projet serait ainsi de nature à accueillir « les établissements de formation internationaux dans leurs activités de transmission de connaissances et de recherche, tout en diminuant les coûts de l’enseignement supérieur (allégement des infrastructures, mutualisation des ressources). »

    L’un des intérêts de ce projet se manifeste rapidement à travers les chiffres. En effet, l’Université Nuage est de nature à réduire de moitié les coûts de l’enseignement actuel. Ainsi, pour former 100 000 étudiants, l’enseignement délivré en présentiel aura un coût de 4 440 000 €. Le même nombre d’étudiants pourra être formé en E-Learning dans le cadre de l’Université Nuage pour un coût de 37 000 €.

     

    Mais les avantages qualitatifs s’avèrent encore plus nombreux : abolition des distances, création de coopérations et de collaborations interuniversitaires, enrichissement du corps enseignant, tutorat par les pairs en classe…

    Enfin, en se fondant sur l’état de l’art et les meilleures pratiques, c’est-à-dire celles offrant la meilleure réussite en matière de E-Learning, Samuelle Ducrocq-Henry prône une Université Nuage permettant la mise en place d’apprentissages hybrides, mêlant à la fois environnements physiques et virtuels.

    Télécharger la présentation : http://www.slideshare.net/FaculteDroitVirtuelle/workshop-l-universit-nuage

     

    Références

    Chaine Youtube monde virtuel https://www.youtube.com/user/MrMoiraud

    Bibliographie en ligne Zotéro https://www.zotero.org/groups/mondes_virtuels/items/itemKey/8B6UMXP2

    Temps et espace dans les réseaux numériques https://www.zotero.org/groups/temps_et_espace_dans_les_rseaux_numriques/items/itemKey/J7Q25U9P

    Le tutorat en monde virtuel http://tutvirt.blogspot.com

    Curation mondes virtuels http://www.scoop.it/t/les-mondes-virtuels-en-pedagogie

    La stratégie du billard https://srv-podcast.univ-lyon3.fr/videos/?video=MEDIA110623170714146

    Apprendre et enseigner dans les mondes virtuels http://www.actualitice.fr/apprendre-et-enseigner-dans-les-mondes-virtuels

    Atelier monde virtuel JEL http://journees-elearning.com/index.php?option=com_content&view=article&id=197:atelier-de-jp-moiraud–qmonde-et-e-pedagogieq&catid=50:ateliers-2012&Itemid=121

    Les mondes virtuels en pédagogie entretien avec Gérald Delabre http://suel.univ-lyon3.fr/eltv/viewvideo/682/les-entretiens-du-cdnt/les-entretiens-du-cdnt–2–jean-paul-moiraud

    Les premiers pas de l’enseignement supérieur dans Second life http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/5369/les-premiers-pas-enseignement-superieur-francais/

    Enseignement et tutorat immersif blog de t@d http://blogdetad.blogspot.fr/2011/12/parution-du-volume-9-des-fragments-du.html

    Le blog de dental life Guilaume Reys – Odontologie  http://blog.dentallife.fr/blog/?p=3521

    Serious game de l’ADF http://blog.dentallife.fr/blog/?p=3305

    Canal U Formation Médicale 2011 – Serious Games, un projet pédagogique. http://www.canal-u.tv/video/canal_u_medecine/formation_medicale_2011_serious_games_un_projet_pedagogique.8235

    What can we expect from a virtual world ? http://blog.dentallife.fr/blog/?p=1899

     Plus d’infos

    Gérald DELABRE Directeur adjoint du CDNT Tél. : (0033) 4 78 78 71 40 / (0033) 6 82 81 00 73
    E-mail : gerald.delabre@univ-lyon3.fr

    Centre Droit et Nouvelles Technologies
    Faculté de Droit Virtuelle
    15 quai Claude Bernard
    69007 LYON

    web : http://fdv.univ-lyon3.fr

  • L’utilisation de monde virtuel en pédagogie

    Intégrer simplement un outil dans un processus d’apprentissage participe largement de l’effet diligence pour les enseignants, jouer n’engage pas automatiquement un processus d’apprentissage chez les élèves.

    L’apparition des mondes virtuels en 2003 avec Second Life de la société Linden lab a, d’une certaine façon, changé la donne. Il créé un lieu identifié spatialement de formation, un lieu d’expression d’interaction polymorphe, un lieu de scénarisation multiple. A la fois complémentaire des serious game, il s’en détache par plusieurs points.

    Un lieu identifié spatialement, le plaisir de se mouvoir
    D’une structure de formation en réseau où chaque acteur est situé derrière son ordinateur, le monde virtuel a permis de définir un lieu de formation identifié. Il n’est de virtuel que l’expression puisque c’est un lieu de mouvement, un lieu d’interaction, le lieu de rencontre et de travail. Le plaisir d’apprendre s’exprime par la capacité de se mouvoir dans un monde signifiant où le savoir est représenté en trois dimensions. Il est même possible de satisfaire le vieux rêve d’Icare, voler.

    Un lieu d’interactions multiples, le plaisir d’exprimer.
    À la différence des constructions qui s’appuient sur la visio ou l’audio conférence ce n’est plus l’individu, enveloppe charnelle qui s’exprime mais sa forme avatarisée. L’avatar, contruction numérique pensée, exprime toute une palette de sentiments, d’attitudes, de messages professionnels.

    Il est capable d’exprimer une gestuelle spécifique dans un contexte pédagogique particulier, son visage témoignera, selon les circonstances, de son plaisir ou de son insatisfaction.

    Le plaisir de la contextualisation est exprimé par l’habit de l’avatar. Le plaisir d’être représenté de façon fantastique ou conforme à un «dress code» professionnel. Il est loisible de changer selon les environnements. Dans les mondes virtuels l’acteur enseignant ou apprenant pourra exprimer les multiples facettes de son temps social et de rendre jouable ses apprentissages.

    Enfin il sera possible de s’exprimer par la voix en prêtant son timbre vocal à son bouble numérique.

    Un lieu propice à la scénarisation, le plaisir de construire des modules de formation.

    Cet ensemble de fonctionnalités technologiques sera organisé, mis en cohérence au sein de scénarios pédagogiques. Il appartiendra aux concepteurs et acteurs des dispositifs de penser cette instrumentation en mélant intimement la rigueur des agencements sociaux et le plaisir d’enseigner et d’apprendre.
    Il est évident que les équipes pédagogiques devront construire leurs environnements en se spécialisant. Le besoin d’identifier une chaîne pédagogique est nécessaire, des spécialistes y exprimeront leurs compétences. Notons que, très souvent encore, l’image de l’enseignant homme-orchestre est prégnante. Celui qui, animé par la passion et le plaisir de construire met en place des structures immersives de formation.

    Nous nous appuierons sur cette définition pour cadrer la notion de monde virtuel :

    Le monde virtuel comme instrument de simulation – Le monde virtuel est paramétré pour que les acteurs simulent des situations du réel « possibilité de recréer des situations exceptionnelles pour mettre en situation des gens face à des situations qu’ils rencontreront rarement » Laurent Gout (2011). Le monde ne se substitue pas à l’acquisition de routines dans la vraie vie mais il permet d’anticiper des situations atypiques sans conséquences effectives IRL. Le monde virtuel permet d’analyser des situations extra – ordinaires par un procédé de répétition et d’analyse par retour en arrière. Le monde dentallife s’inscrit dans cette dynamique de simulation ainsi que la salle d’urgence de l’impérial college of London.
    Le monde virtuel comme lieu d’immersion dans un élément de savoir, comme processus spécifique. Les acteurs sont immergés dans une représentation du savoir (exemple des champs magnétiques) et interagissent avec l’environnement. Il semble qu’il soit possible, à ce stade, de croiser les travaux de ceux qui œuvrent dans les mondes virtuels et ceux qui développent des systèmes 3D. (Jean-Paul Moiraud 2011)

    Immersion, jeux, simulation, environnement à contenu cognitif fort sont des ingrédients d’une pédagogie qui peut sous certaines conditions donner le plaisir d’apprendre.

    J’évoquerais à Ludovia mes expériences en monde virtuel et les observations auxquelles je me suis livré depuis quatre ans.

    En savoir plus sur le sujet :

    •    Blog tutorat et monde virtuel
    •    Blog d’analyse tag monde virtuel
    •    Chaine youtube sur les mondes virtuels

  • Teen Second life : Utile ou dangereux pour nos enfants ?

    Teen Second life : Utile ou dangereux pour nos enfants ?

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    Cette version adaptée de Second Life est contrôlée par Linden Lab via son service « Linden Liaison », qui assure que le jeu n’est accessible qu’aux mineurs (les adultes étant dirigé vers la version originale de Second Life) et que le contenu ne peut porter atteinte à l’intégrité du jeune joueur.

    Dans ce monde virtuel, chacun peut vivre une seconde vie et construire un monde à sa mesure : créer ses propres images, objets, sons et animations, rencontrer des gens, échanger des informations, visiter des lieux, trouver un métier, écouter des concerts, s’amuser, piloter un avion, acheter des biens, monter une exposition, bâtir une ville, gagner de l’argent… via un avatar entièrement personnalisable.

    Nous présentons ici, l’extrait d’une étude réalisée par un étudiant du Centre Européen des Produits de l’Enfant (CEPE) L. Parinet rapport produit pour son année 2007/2008.

    Teen Second Life, quels dangers pour nos enfants ?

    Phénomène d’addiction
    Teen second life peut entraîner un comportement d’addiction chez les jeunes joueurs. En effet, une pratique excessive du jeu peut entraîner une rupture du lien social. En consacrant tout son temps à jouer, sa scolarité, sa sociabilité, amicale ou amoureuse peut en pâtir. Ainsi le jeu peut devenir bien plus qu’une activité de loisirs et prendre le dessus sur les activités quotidiennes et réelles.
    Ainsi, pour J. Tisseron (1999), la confusion entre le réel et l’imaginaire est un des deux dangers des jeux en ligne comme TSL (le second étant le risque du repliement sur soi). C’est pourquoi, nous pouvons dire qu’en quelque sorte, l’addiction au jeu résulte d’abord du refus de l’investissement du monde réel comme espace de réalisation de soi.

    De plus, en cas de coup dur le jeune, vulnérable, trouvera un réconfort au sein du jeu et finira par se détacher progressivement de sa vie réelle, moins séduisante. Il deviendra alors de plus en plus dur de s’en sortir car au fond, le jeune joueur pensera qu’il n’est bon que dans le monde virtuel. Ainsi, le jeu peut devenir un lieu de refuge pour certains enfants qui présentent par exemple des problèmes de socialisation ou des difficultés scolaires. Le joueur pourra être tenté de compenser dans TSL et les relations qu’il permet, les carences dont il souffre ou croit souffrir dans la vie réelle. Le jeu apparaît donc pour le jeune plus simple à appréhender que la vie réelle.

    Mais bien qu’il puisse en tirer des bénéfices temporaires tels que la réussite dans le jeu et le rehaussement de l’estime de soi, cela peut aggraver à long terme ses problèmes scolaires et diminuer sa confiance en soi. De plus, l’investissement de temps excessif dans le jeu peut amener à un manque de sommeil chez l’enfant ainsi qu’une diminution des activités extrascolaires notamment sportives qui peuvent entrainer des carences néfastes pour la santé  (stress, diminution des muscles, préjudice au développement physique, sédentarisation donc obésité).

    Le risque est que Second Life n’entretienne pas seulement les problèmes de désocialisation, mais les renforce. Dans la vie réelle, on est obligé d’affronter des situations, de les surmonter. Dans Second Life, la règle c’est la fuite ! Car dans ce monde virtuel, on peut toujours éviter les contacts, les conversations et toutes les situations qui nous dérangent.

    La dépendance peut varier selon différents paramètres :
    – L’environnement : les valeurs véhiculées par la société dans laquelle le jeune vit (dépassement de soi, performances…) ainsi que son environnement direct (famille, amis) jouent un rôle dans l’apparition de la dépendance (exemple : famille distante, pas d’amis, père absent par son travail, mère trop stricte…).

    – Le sujet : il existe un terrain favorable à la dépendance lorsque le joueur est une personne fragile, ou en manque de repères. Ainsi, certains psychologues définissent les joueurs comme introvertis et timides et dans beaucoup de cas issus de familles conflictuelles, qui utilisent le jeu pour s’extérioriser.

    – Le jeu : dans TSL le jeu est infini, ce qui implique que l’on peut ne jamais s’arrêter de jouer, il donne la possibilité d’être une réalité projetée. Ainsi, l’existence d’un monde virtuel vient bouleverser chez le jeune son rapport à la réalité. De plus, le jeu évolue en permanence, le joueur est donc en situation d’attente permanente. Les jeunes joueurs ont l’impression d’avoir des rapports sociaux en jouant. Cette interactivité (les personnages parlent, le son, le graphisme en 3D), comparable à celle du monde réelle rend le jeune accro pour qui les relations sociales virtuelles sont toutes aussi importante que celle du monde réelle. Ainsi, ils ont ainsi parfois des obligations de présence en ligne envers leur guilde. Enfin, la ressemblance du monde réel avec le monde virtuel, peut faire croire aux joueurs qu’ils ont le choix entre la vie réelle et la vie utopique (à travers son avatar).

    Une utilisation excessive de TSL peut entraîner différents troubles psychologiques ou maladies chez l’adolescent qui se sent incompris. Ainsi, le jeu lui permet de fuir cette réalité qui ne correspond pas à ses attentes. Cette fuite peut aussi résulter d’organisations mentales pathologiques : refus de toute réalité imposant des restrictions et désir conjoint d’expression d’une toute puissance. Certains jeunes ne supportent pas les interdictions, les refus et les frustrations apposées par des personnes humaines, qu’ils soient leur parent ou des représentants d’autorité, et n’acceptent comme limites que celles imposées par les mondes virtuels. Ils ressentent alors un sentiment de jouissance et de toute puissance à pousser le jeu à ses extrêmes.

    C’est pourquoi, le jeu peut rendre le joueur schizophrène se prenant pour son personnage. De plus, TSL peut  parfois  rendre  un  peu  mégalomaniaque. Certains  avatars  peuvent avoir l’impression  que  ce  qu’ils  produisent  ou  créent  dans  ce  monde  plutôt restreint  et  clos  est  gigantesque  par  rapport  au  monde  dans  lequel  ils évoluent . Cela  peut également  rendre  un  peu  paranoïaque  car  le jeune  ne  sait  pas  qui  se  cache  derrière  un  avatar. Enfin, le jeune peut confondre le jeu et la réalité c’est-à-dire qu’il ne perçoit pas TSL comme un jeu. Il s’agit d’une pathologie rare et grave : la psychose ». Pour éviter ce genre de comportement, le joueur doit bien  faire  la  distinction  entre l’aspect  ludique  et  l’aspect  ‘réalité  virtuelle’.

    L’avatar et les troubles de la personnalité
    Lorsque deux jeunes se rencontrent sur TSL la relation peut être idéalisée ou fantasmée, mais elle est réelle, effective. En effet, même si la rencontre n’est pas corporelle, elle peut se faire par l’intermédiaire d’avatars qui sont des représentations corporelles, une  identification ou une extension du corps physique de l’homme dans l’espace virtuel.

    La personnalisation d’un avatar est une étape de  la vie  virtuelle  à  ne  surtout  pas  négliger :  L’avatar  est  une  représentation virtuelle de soi-même, c’est la première chose que les gens voient. C’est un peu comme sa marque  dans  le monde  virtuel. Il  y  a deux  possibilités  lorsque  l’on  créé  son avatar :  soit  on  choisit  une  reproduction ou une évolution de ce que l’on est dans la vie  réelle,  soit on  créé un  nouveau  soi (généralement ce qu’on aimerait être ). Ainsi, le jeune migre vers des mondes virtuels car il trouve à travers TSL et son avatar un monde idéalisé ou il n’y a que très peu de limite et où l’on se sent bien.

    Plus le joueur s’identifie et donne vie au héros du jeu, plus il a de difficulté à s’en séparer. Le risque ne résiderait donc pas dans le jeu, mais dans la relation que le sujet établit avec elle, cette relation étant façonnée par l’histoire personnelle de ce sujet et de sa relation à l’environnement. Sans avatar, le jeune n’est pas représenté et n’est pas perçu par les autres personnes connectées. C’est pourquoi, le jeune passe du temps  à le créer.

    III. Le danger du communautarisme 
    En quête d’identité, les jeunes utilisent second life pour chercher leur place par rapport à autrui. Le jeu leur permet d’obtenir une certaine reconnaissance de la communauté des joueurs et un sentiment d’appartenance à cette communauté.

    De plus, comme nous l’avons dit précédemment Teen Second life est avant tout un « lieu » où les joueurs constituent une véritable communauté et peuvent dialoguer à leur guise. Le joueur peut se révéler un ami comme on en trouve peu dans la vraie vie, il permet de discuter de sujets plus intimes que ceux soulevés par le jeu lui même. Cette liberté d’expression peut donner l’illusion qu’un lien existe. Cependant, un joueur de 15 ans, par exemple, peut devenir le complice d’un autre joueur de 30 ans sans savoir à qui il s’adresse.

    Bien que TSL s’adressent spécifiquement aux mineurs, les contrôles sont en pratique difficiles à opérer. En effet, comme nous avons pu le voir à travers les statistiques, 50 % des joueurs de TSL ont entre 18 et 29 ans.

    De ce fait, TSL peut constituer un risque pour le jeune public car qu’on soit un adulte ou un jeune on ne parle pas des mêmes choses (sexe, drogue…). Outre les risques liés à l’environnement dans lequel les joueurs évoluent, les mineurs sont susceptibles d’être exposés par les autres joueurs à des contenus préjudiciables, dès lors qu’une interaction est possible.

    TSL : une « société » de consommation
    Bien que l’inscription soit gratuite, le jeune doit tout de même subvenir à ses besoins, armés de Linden dollars (la monnaie virtuelle utilisée pour les transactions dans Second Life). L’utilisation de cette monnaie est dangereuse pour les jeunes car elle peut leur faire perdre le sens des réalités. En effet, le jeune peut acheter en abondance divers biens grâce au taux de change  (1€ = environ 350 L$). Cette monnaie virtuelle permet d’acheter une maison, des vêtements, une entreprise, de créer ses propres objets ainsi que d’améliorer son personnage. Ici, la richesse constitue un enjeu de pouvoir, TSL est en quelque sorte un reflet de notre société de consommation : les vêtements, la monture ou encore la demeure sont des signes extérieurs de richesse. On peut constater que TSL est très proche de la réalité que ce soit au niveau social ou économique.

    C’est pourquoi, dans le monde réel l’enfant peut perdre ses repères et dépenser sans compter pour garder le même « train de vie » que dans son monde virtuel. Enfin, le jeune qui ne peut acquérir tout ce qui souhaite dans la vraie vie peut se sentir frustrer et faire des caprices auprès de ses parents.

    De plus, dans TSL, tout le monde est potentiellement créateur, mais tout le monde est également potentiellement consommateur. Il y a une sorte de  circuit. Sans ça, l’économie dans le jeu n’existerait pas . Il semble donc impossible pour le jeune de gagner de l’argent dans TSL sans investir du temps (création d’objets) et/ou de l’argent (pour engendrer un retour sur investissement). Ainsi, TSL n’est pas un jeu ludique pour le jeune. L’objectif n’est pas seulement de jouer pour se divertir ou faire des rencontres  mais d’accumuler un maximum d’argent virtuel, argent qui sera ensuite échangé contre de la monnaie réelle puis reversée sur le compte bancaire du joueur en l’occurrence sur le compte des parents (si le mineur n’a pas son propre compte bancaire).

    Ainsi, Les objets à s’approprier, s’échanger voire a acheter grâce au Linden dollars ne font-ils pas finalement basculer le jeu de pure sociabilité fondé sur le partage d’imaginaire vers une reproduction de plus en plus réaliste de la vie socio-économique des sociétés industrielles ? TSL demande trop d’implication ou plutôt demande de développer des capacités telles pour son personnage (l’avatar) que le jeune doit passer des nuits entières en ligne : « On ne faisait plus que ça », souligne Nicolas, 17 ans. « L’injonction à la performance, entendue comme la montée en niveau du personnage, conduit à des pratiques intensives du jeu et transforme quasiment ce jeu en activité sportive, telle qu’elle est, centrée sur la performance et la concurrence, dans notre société industrielle » (Ehrenberg, 1991).
    Les marques sont très présentes dans TSL afin de promouvoir leur produit (radios, banques, marques de vêtements, agro-alimentaire…). En effet, l’intégration d’une marque au sein d’une communauté lui assure des retombées positives c’est pourquoi, les marques doivent être en adéquation avec les valeurs de la communauté. Cette dernière va alors facilement s’approprier et s’identifier aux produits ou services et assurer un rôle de prescripteur à l’ensemble de la communauté. Par la suite, les jeunes vont agir sur les décisions d’achat des parents dans leur foyer.

    Ainsi, les jeunes sont exposés à la publicité tout comme dans le monde réel cependant, dans le monde virtuel ils sont indépendants financièrement et vont pouvoir consommer sans restrictions. Ce mécanisme de consommation dans le monde virtuel va créer des habitudes, un comportement de consommation qui se transpose dans le monde réel avec tous les risques que cela comporte.
    Aussi, le jeune se trouve face dans ces deux mondes, à une surexposition des produits publicitaires. Comment alors peut-on éduquer nos enfants à cette société de surconsommation ?

    Monde réel, monde virtuel : conséquences sur l’éducation 
    Ce « troisième monde », celui des jeux virtuels dont fait partie TSL «  est une sorte d’Eldorado dans lequel on peut devenir quelqu’un d’autre et vivre une existence numérique où les difficultés de la vie réelle n’existent plus, où l’on peut tuer sans risquer de mourir, voler sans risquer de se casser le cou etc. » En effet, tout comme dans la vie réelle, il existe également des moyens illégaux non contrôlables par l’équipe de Linden Lab tels que la prostitution, le vol etc. Ces activités peuvent avoir des conséquences négatives dans la vraie vie. Par exemple, un viol peut avoir des conséquences psychologiques dommageables dans la vie réelle du jeune.

    De plus, les jeunes peuvent voler ou même se battre sans qu’il y est de répercussions judicaires ou pénales. Ainsi, aux Etats-Unis face au phénomène Second Life et à l’ampleur des vols sur la plateforme, la justice américaine à juger le voleur d’un tableau a reversé des indemnités. En France,  face à l’ampleur du phénomène SL et TSL, on peut supposer que la justice française devienne compétente pour juger des affaires virtuelles…

    Le joueur de TSL peut avoir différents comportements à l’égard des règles sociétales et du monde dans lequel il « évolue » :

    – Dans le monde virtuel, autrui lui inculque des règles de vie  qui peuvent s’avérer  néfaste sur son comportement dans le monde réel. En effet, face à des attitudes  atypiques, le jeune peut avoir envie de les expérimenter et de les reproduire dans la vraie vie (ex : vol, violence). Ainsi, TSL peut être également un moyen  d’assouvir  ses  fantasmes  et   d’assumer  pleinement des  comportements  réprimés  par  la société réelle.

    – De plus, le jeu peut également éduquer l’enfant sur l’ensemble des règles qui régissent notre société. La communauté peut être ainsi considérée comme un « éducateur ».

    – Enfin, le jeune apprend des règles de vie dans le monde réelle qu’il peut transposer dans le monde virtuel et les transmettre à la communauté. Le jeune peut être perçu à son tour comme un des membres éducateurs de la communauté, transmettant ses valeurs, ses principes à autrui.

    Conclusions
    Comme nous l’avons constaté à travers cette étude,  le monde virtuel de TSL ce rapproche du monde réel. En effet, il  existe des liens très présents entre les deux mondes : présence de grandes entreprises, de marques, possibilité de se créer un groupe d’amis, dialoguer, voir même de gagner de la monnaie réelle. C’est cette liberté d’expression, d’imagination, d’action qui fait le succès de TSL.
    C’est pourquoi, il peut être difficile pour le jeune de faire la distinction entre le jeu et le réel, ou à l’inverse de sombrer radicalement dans le virtuel et devenir un « No Life ». Il peut même s’agir d’un refus catégorique de transfert du monde virtuel  vers le monde réel. En effet, pour certains adolescents pour qui le jeu est une fuite, un moyen d’échapper aux contraintes de sa vie, ce jeu représente un refuge.

    De plus, ce jeu ne semble pas être adapté à des enfants de cet âge. En effet, bien qu’il soit interdit aux majeurs, certains d’entre eux trouvent intérêt à faire « partie du jeu » pour des raisons plus ou moins malsaines. Ainsi, les jeunes sont confrontés à des contenus préjudiciables pour leur développement psychologique et civique. Malgré, l’affirmation de l’interdiction de ce jeu aux majeurs par Linden Lab, il s’avère être un échec car les moyens de contrôles ne sont pas suffisants et efficaces pour contrôler une communauté de 4 millions de joueurs. Il semble donc nécessaire que chacun d’entre nous prenne ses responsabilités afin de protéger les enfants.

    Enfin, face à l’émergence des métaverses, les adolescents vont grandir dans une amplification de la réalité. On peut alors se demander comment les parents vont pouvoir éduquer leur enfant dans une société ou l’accès à l’information est libre, accessible et peu contrôlable. C’est pourquoi le rôle de l’adulte sera de les guider afin d’éviter une confusion entre ces deux mondes. Cependant, pour remplir pleinement ce rôle, il est essentiel de se poser la question : où commence la fiction et où s’arrête la réalité ?
    Source et étude complete sur le site des CEMEA