Étiquette : Moiraud

  • A quand l’appart 2.0 pour les enseignants ?

    A quand l’appart 2.0 pour les enseignants ?

    Il aborde des contraintes sociales car, considérant les contraintes matérielles et d’espace que nous avons découvertes dans le premier épisode et le 2ème épisode, il ne semble pas évident de toujours pouvoir y faire face, surtout en contexte urbain où la pression immobilière est forte.

    Autrement dit, l’enseignant ne pourra pas toujours disposé d’une pièce bien à lui pour pouvoir travailler dans des conditions optimales du fait du coût élevé pour quelques mètres carré supplémentaires.
    « Il va donc falloir adapter des lieux dont la vocation première est de dormir ou faire la cuisine ou se retrouver en famille et qui ne sont pas destinés au travail ».

    Jean-Paul Moiraud va plus loin dans sa réflexion en demandant aux enseignants de son réseau de lui envoyer des photos de leurs espaces de travail à leur domicile (voir aussi à ce sujet moiraudjp.wordpress.com) et il constate :

    « C’est une débauche de câbles, de multiprises et de prise, les bureaux sont faits de bric et de broc, c’est carrément dangereux ! » et il ajoute, toujours avec une pointe d’humour : « il doit y avoir un dieu du numérique pour que les appartements ne flambent pas du fait d’une surtension ».

    C’est donc une réflexion complexe qu’il est nécessaire d’avoir, mais pas seulement auprès des enseignants.

    Pour Jean-Paul Moiraud, elle engage aussi les collectivités locales mais aussi les architectes, « qui ne sont jamais présents dans les colloques », souligne t-il, « afin de penser des appartements “2.0“ qui soient adaptés à la société 2.0, ce qui , globalement, n’est pas le cas ».

    Cette dernière réflexion achève la série « Domicile & numérique, un espace de complexité pour les enseignants » par Jean-Paul Moiraud.

     

  • Enseignant et numérique : vers une professionnalisation de son espace privé?

    Enseignant et numérique : vers une professionnalisation de son espace privé?

    [callout]Dans ce deuxième épisode, il se demande dans quelles mesures l’enseignant pourra t-il trouver un environnement adapté pour travailler avec le numérique : à son domicile ou ailleurs ?[/callout]

    « Nous sommes bien entrés dans cette aire de la complexité ». C’est ce que nous avons vu dans le premier épisode en détaillant les contraintes matérielles qui peuvent se poser à l’enseignant qui désire travailler chez lui.
    D’autre part, il faut également réfléchir à l’espace.

    L’espace de travail : se ménager une place à la maison ?

    « Travailler se fait dans un laps de temps entre 08h et 23h ; à certains moments, il n’y aura personne autour de vous et à d’autres, il peut y avoir des nuisances sonores ».
    D’autres personnes du foyer peuvent être présentes, des voisins bruyants, ou d’autres nuisances peuvent apparaître alors même que l’enseignant décide d’enregistrer un podcast, par exemple.

    Professionnaliser son espace, cela signifie aussi de devoir réfléchir à la « décoration » de cet espace.

    « Dans une maison, on peut vouloir faire sécher du linge ; dans le cas d’une visioconférence, la vue sur des sous-vêtements qui sèchent ou un jean qui pendouille n’est pas appropriée », souligne Jean-Paul Moiraud avec une touche d’humour.

    Des détails qui font sourire en effet mais qui sont des situations de la vie de tous les jours auxquelles les enseignants peuvent être confrontés lorsqu’ils envisagent de travailler avec le numérique.

    « On est dans une professionnalisation par intermittence de son espace privé ».

    L’enseignant peut tout aussi décider de faire un cours « hors la classe » ; « être en ligne avec ses étudiants est un réel travail de l’enseignant. Or, l’enseignant est en dehors du service sur site ».
    Jean-Paul Moiraud tient à attirer notre attention sur le côté caduque des statuts du travail de l’enseignant qui ne prévoient pas le travail hors la classe si ce n’est la correction et la préparation des cours.

    Vers une mutation du statut du travail des enseignants avec le numérique ?

    D’après Jean-Paul Moiraud, cela semble inévitable mais cela doit venir d’une décision politique.
    « Si nous ne sommes pas capables de le faire, cela signifie que tout ce temps de travail est forcément un temps qui est non payé ; c’est un temps “gris“ ».

    Cette vision ne lui semble pas avant-gardiste « puisqu’aujourd’hui, le e-learning se développe et que la formation continue se fait à la maison ».

    Donc ce qui peut paraître comme la conquête ultime de la liberté, travailler chez soi, peut s’assimiler à une servitude volontaire.

    Le modèle doit-il tendre vers un travail au domicile ou peut-on envisager d’autres solutions ?
    C’est ce que nous verrons dans l’épisode 3.

  • Numérique à domicile : l’enseignant est-il vraiment prêt ?

    Numérique à domicile : l’enseignant est-il vraiment prêt ?

    L’enseignant a toujours travaillé chez lui pour préparer les cours ou corriger les copies ; les statistiques montrent qu’un enseignant certifié ou agrégé passe entre 15 et 18 heures devant les élèves mais travaille en réalité aux alentours de 40 heures.

    « Ce qui transforme leur métier, c’est l’introduction du numérique ».
    En effet, le numérique permet aux enseignants de travailler de chez eux : ils peuvent, soit suivre une formation en e-learning dans le cadre de la formation continue, soit initier des cours puisque tout le monde s’accorde à dire que les enseignants peuvent aujourd’hui « travailler en classe et hors la classe ».

    Pour cela, ils vont avoir besoin d’une instrumentation numérique à leur domicile et c’est présentement ce qui intéresse Jean-Paul Moiraud.

    Instrumentation numérique du domicile des enseignants : une réalité à prendre en compte.

    Personne ne s’est vraiment posé cette question de savoir si les enseignants étaient prêts pour travailler autrement chez eux avec le numérique ; pourtant, plusieurs paramètres entrent en ligne de compte.

    « Faire entrer le numérique, ce n’est pas le calque du papier ; avec un papier et un stylo, il suffit d’écrire et c’est relativement simple ; avec le numérique, on entre dans l’aire de la complexité ».

    Jean-Paul Moiraud donne l’exemple de l’usage du numérique en classe pour lequel les enseignants ont, en principe, un technicien informatique à leur disposition en cas de problèmes techniques.

    A la maison, il faut que l’enseignant entre dans des stratégies de compréhension de son écosystème technique.

    Les terminaux de réception tels que l’ordinateur, la tablette ou le Smartphone mais aussi la « Box », le fournisseur d’accès à internet, les prises internet sont autant d’éléments techniques à prendre en considération qui constituent l’écosystème technique complexe de l’enseignant à la maison.

    S’investir dans une réflexion technologique : est-ce bien la mission de l’enseignant ?

    Jean-Paul Moiraud n’omet pas de mentionner les différentes solutions qui peuvent aider l’enseignant à installer cet écosystème chez lui mais pointe le fait que l’enseignant va devoir faire un effort de compréhension technologique.
    Or, est-ce vraiment sa mission ? N’est ce pas plutôt de se consacrer à enseigner et faire apprendre ses élèves ?

    Le numérique modifie donc le statut de l’enseignant hors la classe et l’amène vers une « professionnalisation de son espace privé » comme nous le verrons dans le deuxième épisode.

     

  • Construisons les espaces : l’immobilier et le mobilier au service des apprentissages

    Construisons les espaces : l’immobilier et le mobilier au service des apprentissages

    L’espace réel doit être réaménagé pour que nos élèves apprennent, qu’ils puissent collaborer, coopérer ; cela implique qu’il y ait des interrogations de type immobilière mais surtout mobilière.

    « La grande difficulté est que les collectivités locales construisent des bâtiments qui vont durer 40 à 50 ans à l’intérieur desquels les pratiques d’enseignement vont muter ».

    La question des structures mobilières se posent alors car, « vouloir collaborer, c’est à nouveau se poser la question du corps » :

    si je travaille avec un Smartphone ou une tablette, ai-je besoin d’avoir un corps rigide devant moi?

    Il s’agit en fait de revisiter les espaces et pas nécessairement de façon numérisée.

    Si nous supposons que le corps dans l’espace de formation est corseté et conditionné par une organisation administrative bien installée. Pouvons-nous alors engager une réflexion sur le corps apprenant et imaginer qu’elle est de l’ordre de la subversion ?

    La salle de classe, l’amphithéâtre, le salle de formation pour les adultes en formation continue sont devenues transparentes tant elles sont inscrites dans notre paysage professionnel.

    Nous devons prendre le temps du recul réflexif et interroger point par point ce qu’est cet espace.

  • Les espaces de formation, aller du réel au virtuel. Cadastrons !

    Les espaces de formation, aller du réel au virtuel. Cadastrons !

    « A l’heure actuelle, nous travaillons à la fois dans le réel et dans le virtuel alternativement » ; il faut donc interroger ce virtuel.

    « Nous sommes dans la posture des conquérants de l’Ouest et nous explorons le “Far Web“ ».

    Il est nécessaire de cadastrer, d’apprendre des règles de ponctualité, des règles de politesse, des règles de normes.. Comment interpeler un enseignant, comment le questionner ? Et poser des jalons car

    le web est ouvert 24h/24 alors que la vie sociale est séquencée.

    « Et c’est … très simple » ! Voilà une conclusion que l’on peut entendre en incise du discours de certains intervenants, dans les formations et les colloques consacrés au numérique et à l’éducation.

    « Ce n’est pas le terme de simplicité qui me vient à l’esprit lorsque je tente de mettre à plat les structures du quotidien professionnel des enseignants quel que soit le niveau de formation ». Comment peut-on soutenir raisonnablement l’argument de l’acte simple quand s’est construit un écosystème technologique personnel (Philip Ely, 2011) et institutionnel d’une rare complexité ?

  • La réintroduction du corps dans les espaces réels de formation

    La réintroduction du corps dans les espaces réels de formation

    Les stratégies actuelles d’enseignement et d’apprentissage sont spatialisées ; or, l’introduction du numérique nous a fait croire que seul l’esprit dominait.

    Pourtant, le numérique tend à réintroduire le corps dans les espaces de formation et dans les espaces d’apprentissage.

    Lorsque le numérique est entré dans nos pratiques d’enseignement et d’apprentissage nous avons tous tenté d’imaginer un ailleurs pédagogique, nous avons rêvé (nous rêvons encore) à une forme de « grand soir » de la formation, fort de l’idée que les technologies peuvent, d’une certaine façon, contribuer à dynamiser nos méthodes, nos travaux, transformer notre culture.

    Historiquement, on enseigne dans une classe de type autobus : un tableau, un bureau, un enseignant et des apprenants.

    Nous imaginons et nous œuvrons en simultané pour plus de collaboration, de coopération, pour un accès au plus grand nombre au savoir en instillant la dimension du plaisir d’apprendre.

    « Alors comment aménager la collaboration et la coopération au milieu des espaces réels » ?

    L’espace réel est l’espace institutionnel (l’école maternelle, primaire, le collège, le lycée et l’université) ; mais c’est aussi l’espace personnel dans lequel, avec le numérique, il est aussi possible d’apprendre.

    Nous sommes évidemment tiraillés entre la nécessité de mobiliser les classiques où la pédagogie et la didactique siègent en bonne place et la réflexion sur la place des technologies que nous qualifions encore de nouvelles. Les tensions sont fortes sur ces liens nouveaux.

    Le virtuel faisant table rase du réel était l’utopie sur laquelle nous avons bâti nos réflexions, organisé nos scénarios pédagogiques, dans l’enthousiasme de la naissance de la révolution numérique et au fil de ses développements. Pourtant …

    Voilà l’enjeu à venir : penser l’espace !

    Soit réinterpréter la salle de classe, réinterpréter l’établissement, quelle est la place de la chaise, quelle est la place du bureau, utilise t-on les murs etc.

     

  • Le web 2.0 est-il un établi pédagogique ?

    Le web 2.0 est-il un établi pédagogique ?

    J’ai souvent évoqué dans mon blog la notion de bricolage pédagogique en citant Claude Levi Strauss dans la pensée sauvage – Agora (1962). Le livre de Robert Linhart « L’établi » – Éditions de minuit (1978), donne  aussi un éclairage  intéressant sur cette notion.

    Robert Linhart très engagé dans le mouvement de 68 a décidé d’aller travailler dans les usines Citroën sur les chaines de montages des 2CV (il s’établit). Dans un passage, il décrit un ouvrier, Demarcy. Il a organisé son poste de travail (son établi). Il est constitué de bric et de broc, il sert à  « décabosser » les ailes de voitures abimées. Demarcy a su, avec le temps, construire un outil qui réponde à ses besoins, un outil construit au fil du temps, ne répondant pas à des critères scientifiques, mais efficace.

    La suite du passage, cité ci-dessous, est consacré à la visite des techniciens de l’OST (organisation scientifique du travail) qui mettent de côté l’établi. L’auteur décrit ensuite la détresse de Demarcy qui ne se reconnaît plus dans ce système centralisé et organisé rationnellement.

    Une belle métaphore pour comprendre les enjeux de l’introduction du numérique dans les processus d’apprentissage, les rapports entre le PLE et les ENT.

    L’introduction des outils du web 2.0 qui ne sont pas spécialement conçus pour la pédagogie mais qui, bricolés par les enseignants le deviennent.

    Il me semble que le web 2.0 est une sorte d’établi numérique, les enseignants inventent sans cesse « des méthodes inédites » que dira l’OST pédagogique ?

    C’est un excellent passage pour expliquer les enjeux du bricolage :

    Le blog de Jean-Paul Moiraud, c’est ici
  • Apprendre avec les écrans entre défis pédagogiques et opportunités technologiques, 2ème partie

    Apprendre avec les écrans entre défis pédagogiques et opportunités technologiques, 2ème partie

    Les écrans modifient le rapport au corps , il modifie aussi le rapport à l’espace. C’est en ce sens qu’il importe de penser à nouveau l’espace de formation parce qu’il ne cesse de s’élargir. Il est à la fois le résultat d’un agencement spatial du réel et d’une réflexion sur le virtuel.

    Les écrans, et par extension le web, nous amènent à  faire un retour historique. Au moyen âge il y a confusion entre le lieu de travail et le lieu privé, on vit dans le même espace. À la révolution industrielle on cherche à extraire le salarié de son lieu privé pour qu’il consacre toute sa force de travail (on dissocie vie privée et vie professionnelle). L’apparition du web redistribue les cartes en instillant doucement mais régulièrement un principe de porosité des espaces.

    Avec les écrans on fait entrer en collision une multitude d’espaces chez les enseignants et chez les apprenants. On peut affirmer sans trop se tromper que le domicile des enseignants (et des apprenants) se professionnalise par intermittence. De la même façon le lieu de formation historique (l’école) doit s’adapter à l’immixion des écrans et imaginer des solutions immobilières innovantes. Tout est à inventer.

    Il faut que nous sachions trouver des solutions pour gérer cette situation inédite. De nombreux projets émergent au titre desquels on peut citer le projet scaleup.

    L’écran partout qui ouvre de nouveaux horizons qui mélange les espaces est un espoir mais c’est aussi, une crainte. Faut-il savoir se décconnecter, s’éloigner des écrans par intermittence ?

     

     

  • Elargir l’espace scolaire et le temps nouveau de la classe

    Elargir l’espace scolaire et le temps nouveau de la classe

    Un ensemble de questions sont posées à la communauté éducative, comment redéfinir l’espace architectural des bâtiments scolaires et universitaires ? Comment peut-on bâtir les espaces virtuels, leur donner du sens,les  cadastrer pour qu’ils renvoient du sens ?

    Apprendre et enseigner dans et hors la classe, c’est se mettre en capacité d’imaginer l’espace personnel qui, de facto, se professionnalise par intermittence. L’espace personnel des acteurs de la formation devient peu à peu un espace à réversibilité sociale.