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  • ENT à l’école : les Landes pionnières !

    ENT à l’école : les Landes pionnières !

    Avec plus de 90% des écoles reliées à l’Environnement Numérique de Travail (ENT), le département des Landes fait figure d’exception en France.

    L@ndecoles est à la fois un outil pédagogique pour les enseignants et un moyen de communication entre élèves, enseignants, mais aussi avec les parents.

    Cet ENT permet de mettre à disposition des écoles une offre diversifiée de services numériques permettant de prolonger l’offre des enseignements qui y sont dispensés, d’enrichir les modalités d’enseignement. Il propose aux enseignants une offre diversifiée de ressources pédagogiques, des contenus et des services  ainsi que des outils de suivi de leurs élèves et de communication avec les familles.

    L’équipe départementale TUIC (équipe M@I40) est en charge de la formation (intégration dans les pratiques de classe) et de son suivi (déploiement, assistance aux utilisateurs,..). La mise en place de ce dispositif inscrit tous les acteurs, partenaires de l’École, dans une dynamique d’échanges et de collaboration.

    Cet espace apporte aux élèves des outils et des services numériques permettant d’acquérir les compétences définies par le B2i.

    L’ENT est également un élément structurant des projets départementaux,  des projets d’écoles qui demeure un « moyen mis en œuvre pour assurer la réussite de tous les élèves ».

    Découvrez en image l’utilisation de L@ndecoles dans des classes des écoles de Villeneuve-de-Marsan, Saint-Gein et Saint-Laurent-de-Gosse.

    Source : ALPI
    Source vidéo : LandesPublicTV

  • Jusqu’à 5000 tablettes pour les écoliers landais : le pari réussi de MACS

    Jusqu’à 5000 tablettes pour les écoliers landais : le pari réussi de MACS

    [callout]Le territoire des Landes fait encore parler de lui ! Après l’opération menée par le département « Un collégien, un ordinateur portable » et après avoir été précurseur en matière d’ENT dans le premier degré, c’est aujourd’hui le déploiement de près de 5000 tablettes, à terme, qui fait écho dans toute la communauté éducative.[/callout]

    Pour nous conter cette histoire, deux témoins : Christophe Carayon, responsable de la mission numérique MACS, nous rappelle les aspects techniques de cette mise en œuvre ; et Betty Joie, conseillère pédagogique spécialisée dans le numérique à la mission TICE de l’Inspection Académique des Landes, témoigne des usages déjà observés dans les écoles de la région.

    « C’est une stratégie à long terme, portée par le Président de l’EPCI, Eric Kerrouche, qui s’est petit à petit étoffée d’outils », explique Christophe Carayon.

    Sur ce territoire des Landes Sud, regroupant 23 communes entre mer et campagne, qui se caractérise par une faible densité de population, une forte attractivité (+ 21,75 % de progression de la population entre 1999 et 2006) mais aussi une forte amplitude saisonnière (avec plus de 300 000 touristes par an), le pari du numérique était essentiel pour « tenter de gommer les inégalités sociales et les discriminations qui concernent les enfants dès le plus jeune âge »,

    Ne pas griller les étapes et architecturer le projet autour d’un écosystème : la stratégie réfléchie de MACS.

     

    De la phase de préparation des sites scolaires à la dotation des élèves en tablettes numériques, il y a eu plus d’une étape.

    « Nous avons d’abord étudié le courant faible des écoles puis nous nous sommes concentrés sur l’équipement en WIFI des classes concernées par le projet à savoir le cycle 2 et le cycle 3 (CP au CM2)», détaille Christophe Carayon. A terme, toutes les écoles du territoire seront reliées à la fibre optique.

    Le deuxième volet a concerné l’équipement des classes en écrans interactifs ; la dernière phase, qui est en cours actuellement, est l’équipement des écoliers et des enseignants en tablettes numériques.

    A terme, ce sont 31 sites scolaires, 5000 élèves et 160 enseignants qui seront impliqués, sachant qu’aujourd’hui, plus de 2000 élèves et près de 90 enseignants sont déjà concernés par le projet.

    « Le déploiement va se poursuivre en direction du cycle 2 d’une part, puis vers les cours préparatoires, mais dans un format un peu différent du cycle 2 et du cycle 3 », précise Christophe Carayon.

    L’opération n’est pas expérimentale ; l’objectif final est bien une massification des usages du numérique à l’école, ce qui nécessite une réflexion globale de tout l’écosystème numérique du territoire.

    Un tandem cohérent, entre volonté politique et compétences techniques : une spécificité du projet.

     

    Ce projet vient s’appuyer sur la création d’un service informatique dédié à l’échelle communautaire ; un service qui va se transformer peu à peu en « Direction des Systèmes d’information » car c’est un métier qui « s’apprend », explique Christophe Carayon.

    Au départ, il a été nécessaire de « garantir le fonctionnement de toutes les briques de services nécessaires à ce type de projet car faire de l’informatique n’est pas suffisant, il faut aussi penser les réseaux, faire des télécoms etc », poursuit Christophe Carayon.

    Pour lui, cette étape n’est pas un détail, elle est une condition sine qua non, souvent « l’oubliée » des différents plans numériques, « la vocation première des collectivités territoriales n’étant pas de se doter de ce type de compétences ».

    Aujourd’hui, après plusieurs mois de travail d’implémentation, c’est presque comme le commencement, explique Christophe Carayon :

    les tablettes sont en effet les supports indispensables mais l’intérêt, ce sont maintenant les usages qui en sont faits ; nous entrons dans cette phase et c’est le début de l’histoire.

    Une histoire qui avait déjà, à ses débuts, un partenaire incontournable : l’éducation nationale.

     

    Betty Joie rappelle les débuts du projet où tous les enseignants ont vu débarquer dans leur classe, un écran interactif. « Cela a suscité beaucoup d’inquiétude chez les enseignants », précise t-elle.

    Mais, très vite, ils se sont appropriés ces outils car ils se sont aperçus de l’enrichissement que cela apportait à leur pédagogie ;

    un plus qu’ils ont eu l’occasion de percevoir, notamment au travers des six heures de formations dispensées par l’équipe TICE de l’inspection académique des Landes, après l’arrivée des écrans interactifs.

    « Dans chaque formation, un moment était réservé à une présentation technique par les services de MACS, mais le temps global d’apprentissage était essentiellement axé sur la pédagogie », souligne Betty Joie.

    Les tablettes numériques sont, à leur tour, arrivées en classe et distribuées aux élèves, parfois même avant que les formations ne soient dispensées, « ce qui a accentué l’inquiétude des enseignants au démarrage », précise Betty Joie.

    Une inquiétude qui, après trois séances de trois heures, avait majoritairement disparu et où « les enseignants avaient vraiment trouvé un intérêt à l’usage de ces outils en classe ».

    Des contenus et des supports ont dû être créés et cela a été assez chronophage, comme le rappelle Betty Joie, vantant le « mérite » des enseignants « qui ont passé beaucoup de temps sur ces outils ».

    Pour exemples, au départ, des élèves arrivaient en classe avec leurs photos personnelles et les partageaient avec leurs camarades pendant les heures de cours ; afin de cadrer l’utilisation des tablettes en classe, une charte des usages de la tablette de l’élève a du être rédigée.

    « Nous avons démarré à zéro et nous avons compris, dès le départ, qu’il fallait poser des règles, pour que toute cette nouveauté soit gérable ».

    Plus largement, ces outils sont aujourd’hui particulièrement appréciés pour l’éducation aux usages d’internet et tout ce qui touche au B2i ; « le travail autour de ces thématiques en est facilité », souligne Betty Joie.

    En termes de contenus, des applications, choisies par les équipes de l’éducation nationale et financées par la collectivité, ont permis d’agrémenter les tablettes et d’offrir des ressources aux enseignants.

    Au bout d’un an, le pari de « 1 écolier, 1 tablette » semble réussi d’un point de vue intégration. Côté usages, il faut laisser le temps aux enseignants, aux élèves et aux parents de devenir coutumier de l’outil qui, de l’avis de Betty Joie, est « un outil formidable pour acquérir des compétences numériques, indispensables aujourd’hui comme le sont écrire, lire ou compter ».

    Une réussite du projet que Betty Joie et Christophe Carayon attribuent en grande partie à l’entente et au partenariat étroit mis en place entre la collectivité et l’éducation nationale, et « au respect mutuel du rôle de chacun dans le projet », conclut Betty Joie.

  • To BYOD or not to BYOD

    To BYOD or not to BYOD

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    Noelen Callaghan, enseignante australienne et formatrice au numérique, at Rooty Hill High School, détaille dans The Australian Teacher Magazine l’arrivée progressive du BYOD en classe.

    Comment utiliser au mieux ses budgets éducation ? Ne plus acheter aux élèves les matériels type ordinateurs portables, tablettes etc, ne permettrait-il pas d’investir cet argent autrement ?

    Nil Sanyas, journaliste, a récemment évoqué le sujet de l’Australie dans son blog et il décrit particulièrement bien la situation.

    L’Australie est un pays développé avec des citoyens multi-équipés. Un programme de 2007 a été mis en place afin d’équiper tous les écoliers âgés entre 9 et 12 ans d’un ordinateur portable, habituant ces derniers mais aussi les écoles à leur utilisation. Ce sont près d’un million de PC portables qui ont été offerts à travers le pays pour un coût total de 2,1 milliars de dollars australiens. Avec les changements politiques récents, l’actuel gouvernement a décidé de stopper le programme et il n’y aura donc pas non plus de renouvellement des machines.

    Un constat qui pourrait être fait en France devant des opérations d’envergure telles que celles menées dans les Landes, les Bouches-du-Rhône, la Corrèze etc. Jusqu’à quand ces collectivités vont-elles pouvoir continuer d’équiper, de renouveler et de maintenir en état les parcs ?

    Ne faut-il pas comme l’Australie, prendre la vague du BYOD ?

    Certes, de nombreux éléments doivent être pris en compte car amener son ordinateur portable, sa tablette ou son smartphone pour l’utiliser à l’école, ce n’est pas si simple.

    Il y a les contraintes du réseau de l’école ou de l’établissement ; il y a les écarts de capacité et de qualité entre les matériels ; et enfin, il y a l’enseignant qui doit s’y retrouver et composer dans ce paysage techniquement nouveau et… peut-être un peu compliqué, il faut l’avouer !

    C’est une réelle nouvelle manière de penser l’éducation. Sommes-nous prêts ?

    Le monde moderne, lui, ne nous attendra pas et nos petits citoyens français auront du mal à se frayer un chemin sans être imprégnés dès le plus jeune âge de cette culture, avec la crainte de faire un peu « tâche » aux côtés d’interlocuteurs internationaux…

    Noelene Callaghan va même encore plus loin : pour elle, le monde dans lequel évoluent nos enfants doit déterminer les compétences qu’ils doivent acquérir à l’école et elle se demande même si toutes ces technologies mobiles qui représentent aujourd’hui leur univers ne vont-elles pas, à l’avenir, être remplacées par une autre « device » qui reste à inventer.

     A lire aussi à ce sujet, « le futur de l’éducation : BYOD en classe ? »

     

  • Ordival : un vrai succès

    Ordival : un vrai succès

    Ordival_110913En 2012, le Conseil général du Val-de-Marne a  décidé d’équiper les collégiens de 6ème d’un ordinateur portable.

    13 300 collégiens de 6e et les 3 700 enseignants des collèges publics ont bénéficié de ce dispositif.

     

    En septembre 2013, 16 000 nouveaux collégiens se verront remettre Ordival. L’expérience sera étendue aux élèves des 23 collèges privés du département.

    Une étude détaillée menée auprès de 1 219 élèves, parents et enseignants, indique un remarquable taux de satisfaction et d’appropriation du dispositif Ordival par l’ensemble des acteurs concernés.

    L’initiative du Conseil général est jugée « plutôt ou très positive pour les élèves » par 68 % des enseignants et 88 % des parents interrogés. Ordival est vu comme   « un atout pour la scolarité » par 69 % des enseignants et 74 % des parents. Pour 39 % d’entre eux, l’intérêt pour l’école en est même renforcé chez leur enfant  (75 % des non équipés !).

    Chez les élèves, le plébiscite est patent : 96 % sont « satisfaits d’avoir reçu leur ordinateur ».

  • L’opération Landaise, « un collégien un ordinateur portable », passée au peigne fin

    L’opération Landaise, « un collégien un ordinateur portable », passée au peigne fin

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    Rappel des chiffres…

    Le département des Landes a investi 52 millions d’euros dans l’opération. Depuis septembre, 51 000 collégiens landais ont pu bénéficier d’un ordinateur portable en prêt pendant une ou deux années de leur scolarité. Cela représente par an, l’équipement d’environ 9 500 portables remis aux collégiens de classe de 4ème et de 3ème et leurs enseignants. Mais aussi 3000 équipements fixes qui ne sont pas à négliger.

    Pour plus détails, accédez ici à l’interview d’Henri Emmanuelli réalisée en décembre 2012  par Ludovia Magazine.

    Constats et réflexions

    Le but de notre réflexion n’est pas de reprendre chaque détail du rapport mais de pointer quelques aspects, positifs ou négatifs, sur lesquels nous jugeons opportun de retenir l’attention du lecteur.

    Des contraintes d’ordre pratique en salle de classe

     D’un point de vue esthétique et pratique, les installations filaires nécessitant des bornes sont vues comme une réelle contrainte dans l’espace. Alors que nous entrons dans un environnement très numérique qui devrait permettre une liberté d’enseignement de chaque discipline, la présence de ces éléments mobiliers empêchent toute latitude sur la configuration de la salle de classe.

    Nous avions eu l’occasion de visiter le Collège Principal de Biscarosse en décembre 2012 (article ici) et c’est en effet ce que nous avait soufflé Françoise Laurençon, la chef d’établissement, notamment au sujet du cours de musique :
    l’enseignante, nouvellement arrivée, ne pouvait, du fait de la présence des bornes au milieu de la salle, placer ses élèves comme elle le voulait, ce qui était fort handicapant pour réaliser ses cours à sa manière.

    Un accompagnement, hors champ pédagogique, quasi inexistant

    L’éducation aux médias, qui devait accompagner le projet, n’a pas encore été suffisamment mise en oeuvre et s’est souvent limitée à une information sur les méfaits d’internet.

    Aux dires des élèves, il y a plus d’interdits que de conseils ; ils dénoncent également le peu de confiance qui leur est attribuée sur les usages qu’ils font en autonomie de ce nouvel outil.

    Du côté des parents, « ils se plaignent d’avoir reçu cet outil sans aucune préparation en amont ». D’après eux, l’ordinateur à la maison se transforme plus en outil de loisir dont ils perdent facilement le contrôle (leurs enfants passeraient beaucoup de temps sur les jeux vidéos, musiques ou réseaux sociaux).

    Adhésion progressive de la majorité des enseignants

    Du côté des enseignants, alors qu’ils s’avouent avoir été peu concertés au démarrage de l’opération, ils ont peu à peu pris le virage qui s’imposait à eux.

    Les « pionniers » ont entraîné les plus frileux et le rapport affirme que beaucoup d’enseignants ont même été jusqu’à demander leur mutation pour venir dans les Landes et pouvoir bénéficier de ces services et que certains ne souhaitaient pas non plus changer d’établissement une fois qu’ils avaient adopté cet environnement numérique.

    Le numérique serait-il un moyen de « sédentariser » et fidéliser de jeunes profs sur un territoire ?

    Cela pourrait être utilisé comme argument pour de nombreuses zones rurales victimes de la désertification … (un sujet d’actualité très réaliste, qui sera abordé lors de la 10ème édition de l’Université d’été de Ludovia à Ax-les-thermes dans l’Ariège, du 26 au 19 août, www.ludovia.org/2013).

    L’ordinateur du collègien landais, c’est quoi ?

    Enfin, une réflexion sur ce nouvel outil et ses vraies fonctions n’a pas été menée ni transmise aux élèves et aux parents. Une fois l’ordinateur dans les mains, qu’est censé en faire l’élève ? Est-ce un cahier, un livre ?

    Une réflexion pour améliorer la communication entre tous les acteurs concernés par l’opération semble judicieuse à instaurer…

    Pilotage partagé Etat-collectivité : mission réussie ?

    Parmi les points positifs, le rapport relève qu’un pilotage partagé entre les deux acteurs principaux que sont la collectivité et l’éducation national est indispensable ; et justement, la récente convention signée entre le Conseil général des Landes et le Rectorat de Bordeaux en est la confirmation, reprise d’ailleurs dans la lettre académique de janvier 2012 qui souligne  :  « la nécessaire mise en place d’une gouvernance académique et de comités de pilotage régionaux et départementaux qui se réunissent plusieurs fois par an pour organiser, promouvoir, réguler et évaluer la mise en œuvre du dispositif ».

    Cette entente partenariale a eu comme conséquence directe un regain de confiance des chefs d’établissement envers l’opération ; loin d’être anodine, cette remarque pèse tout son poids dans un contexte où les chefs d’établissements se sentaient peu écoutés, d’autant plus que nous savons bien que la dynamique TICE d’un collège ou d’un lycée est souvent impulsée par son principal ou son proviseur.

    Plus d’infos :

    L’opération landaise en « real life » sur ludovia.com.

    Le rapport ici

     

     

     

     

     

  • Les plus beaux équipements du monde favorisent-ils les meilleurs usages ?

    Les plus beaux équipements du monde favorisent-ils les meilleurs usages ?

    Au programme de ce dernier épisode, regardons l’opération landaise d’un point de vue usages. Pour cela, nous avons rencontré les chefs d’établissement, les enseignants et les élèves qui sont au cœur du dispositif.

    Toutes les salles de classe équipées en matériels de visualisation collective (vidéoprojecteur, TNI et visualiseur numérique), 1 ordinateur portable pour chaque élève de 4e et de 3e, 1250 enseignants dotés eux-aussi et 120 logiciels ou ressources en ligne à la disposition de toute cette communauté. Quoi de mieux pour apprendre avec le numérique ?

    Des ressources pour faciliter les usages

    Comme l’a souligné Henri Emmanuelli dans l’épisode 1, le Conseil général a du sortir de son champ de compétences en investissant dans les ressources, supposées favoriser les usages. En effet, sans contenus, le numérique ne représente pas grand chose dans une classe.

    Pierre-Louis Ghavam, chef du service informaTIC au Conseil général des Landes, ajoute qu’ils ont tenté de faire les meilleurs choix possibles pour les enseignants. Pour cela ils se sont entourés d’un comité stratégique comprenant un enseignant de chaque discipline et des IA-IPR qui se réunissent chaque année pour suggérer les ressources dont le Conseil général fera l’acquisition, en fonction de ses moyens financiers.

    Question pratique, les 120 logiciels sont habilement classés par icônes, soit par fonction (icône clé) si « je veux dessiner, je veux graver des CD, je veux regarder un film… », précise Pierre-Louis Ghavam, soit par discipline (icône à flèche).
    Et il ajoute, « les enseignants ont ces ressources à disposition mais ne sont en aucun cas obligés à s’en servir ».

    Malgré la bonne volonté de chacun, la pauvreté de contenus numériques disponibles pour certaines matières restreindrait les possibilités d’usages des matériels.

    Pour exemple en français, aucun manuel n’apparaît dans le menu des ordinateurs landais. Aux enseignants de lettres s’offre l’application « la grammaire du collège »,  mais cela reste limité.

    Karine Artola, enseignante en français au collège Jean Mermoz de Biscarosse ajoute qu’elle peut difficilement laisser ses élèves prendre en note le cours uniquement sur ordinateur car elle doit aussi respecter les consignes de l’inspection, qui demande à ce qu’il y ait une trace écrite.
    « Cela signifie qu’il y ait l’ordinateur d’un côté et le cahier de l’autre ; en clair, une organisation, notamment matérielle, un peu particulière ».

    Elle reconnaît que le numérique peut avoir des aspects intéressants : « en classe de 4e, lorsque nous étudions le portrait des Misérables, je dépose sur le réseau une adaptation filmée de l’ouvrage que mes élèves peuvent regarder chez eux car je n’ai pas le temps de la montrer en classe ».

    Sur un cas concret qui se pose et la question des ibooks, Karine Artola accepte que ses élèves lisent sur numérique. Par contre, elle reconnaît que pour retrouver des citations, entre les élèves qui ont la version papier et les autres en version numérique, cela est un peu compliqué car les références de pages sont différentes.

    Exemples d’adoptions réussies du numérique par les enseignants

    Que ce soient Stéphane Landeau que vous avez pu découvrir dans le 3ème épisode de la série avec son cours de « culture numérique » ou encore Lionel Grupeli, enseignant en Histoire-Géographie, Anita Morales, enseignante en espagnol et Eric Villeroy, professeur de technologie, tous trois du collège Jean Mermoz, leur avis est unanime : le numérique a changé leur manière d’enseigner.

    Au quotidien, Lionel Grupeli enregistre les compétences nouvelles que ses élèves acquièrent grâce au numérique ; un apprentissage qui se trouve facilité d’après lui :

    « Avec le numérique, on peut présenter le cours et ses objectifs, le sommaire apparaît ». Il insiste sur le fait que cela permet à l’élève de structurer sa pensée ; il comprend vers quel objectif l’enseignant veut l’amener et par quels chemins il va passer pour y aller.

    Il poursuit,  « le numérique est un véritable « ami » de l’élève qui ne rendait rien à l’écrit ou qui était en difficultés. Le correcteur et le traitement de texte leur permettent d’avoir une production disciplinée ».

    Malgré tout, il est conscient que les usages ne peuvent être exclusivement numériques, que le juste milieu est à trouver et qu’il dépend aussi de chaque élève.

    Anita Morales, en espagnol, prend beaucoup de temps à préparer ses cours sur support numérique pour que ses élèves puissent travailler sur leurs ordinateurs pendant l’heure de classe. Au menu du jour, un travail sur l’œuvre de Picasso au travers d’une vieille publicité.

    « J’avais ce document sur cassette vidéo et je l’ai repiqué avec mon combi-scope chez moi pour pouvoir le passer aux élèves en classe et le déposer sur le réseau pour qu’ils puissent ensuite travailler dessus à la maison », nous explique t-elle simplement.

    Une enseignante motivée par le numérique qui fait même de la « récup » pour ranger les casques audio qu’elle a commandé à l’établissement pour ses élèves (car non fournis avec l’ordinateur) : elle se sert d’une cagette à « naranja », traduisez « oranges » !

    Eric Villeroy, en tant que professeur de technologie, utilise beaucoup les ordinateurs, notamment pour faire travailler ses élèves en autonomie. Il utilise donc régulièrement les outils mis à sa disposition ; d’après lui, les usages ne peuvent pas se faire au même niveau pour chaque enseignant car cela dépend beaucoup de la discipline.
    Même pour communiquer, il avoue que les échanges se font surtout entre enseignants d’une même discipline, « il y a de la mutualisation sur le site du rectorat de Bordeaux où les professeurs peuvent mettre en ligne ce qu’ils ont fait ».

    Les ressources et la motivation des enseignants ne sont pas les seules données à prendre en compte pour favoriser les meilleurs usages. D’après quelques témoignages que nous avons recueillis, il semblerait que d’autres adaptations soient à envisager pour y parvenir.

    Accompagner l’école dans une réadaptation matérielle et temporelle

    Françoise Laurençon, principal du collège départemental de Biscarosse, pense que le numérique devrait aider l’école à s’adapter au monde moderne dans lequel nous vivons. La classe, dans son espace matériel et temporel cloisonnés ne répond plus aux exigences des rythmes d’aujourd’hui.

    C’est en ce sens que le numérique peut aider « à faire éclater la classe » et sortir du schéma classique « d’une succession de boîtes : 1 heure de cours, 1 enseignant, 1 salle, 1 classe », argumente t-elle.
    Et elle ajoute : « et je ne suis pas certaines que l’ordinateur portable soit investi à hauteur de qu’il pourrait l’être (…). Cet outil était l’outil de l’enfant, associé au jeu, à quelque chose de ludique et l’école s’en est emparé mais l’école n’a pas réussi à l’investir en outil scolaire pour que l’élève lui-même l’investisse en tant que tel (…) ». Elle reste donc sceptique quant à l’utilisation de l’ordinateur à la maison à des fins scolaires.

    D’après elle, cela est dû au manque de « commandes scolaires » qui devraient être plus régulières et plus appuyées, ce qui permettrait à l’élève d’intégrer que l’ordinateur est comme son cahier : le soir à la maison, il le sort pour travailler.

    En termes d’adaptation temporelle, Catherine Acquier qui s’occupe des élèves en classe ULIS, apporte son témoignage et rejoint en un sens, les propos de notre chef d’établissement.
    Elle n’a pas cette contrainte temporelle et elle avoue qu’elle trouve bénéfique de pouvoir rester plus d’une heure sur la même matière.

    « Les élèves allument l’ordinateur le matin en arrivant et on peut rester deux heures sur la même matière si ils sont lancés et si tout fonctionne bien ; nous ne sommes pas tributaires de la sonnerie et c’est vrai que c’est un confort pour eux ».

    Le fait de commencer un travail dans une discipline qui peut durer toute la journée est d’usage fréquent chez cette enseignante ; un concept qui pourrait être appliqué aux établissements, comme Jean Mermoz ou le collège départemental de Biscarosse, qui sont tout numérique, mais cela nécessiterait une métamorphose totale de l’organisation scolaire.

    Pourtant, ces contraintes temporelles et matérielles, comme changer de salle ou allumer et éteindre l’ordinateur plusieurs fois dans la journée, ne semblent pas stresser les élèves. Lorsque nous les interrogeons, ils avouent y être « habitués ».

    Nous avons recueilli leur point de vue et la vision qu’ils ont sur l’utilisation de leur ordinateur.

    Un outil « normal » pour une école « normale »

    Nous venons de pointer du doigt les aspects matériels du processus, qui, à priori, ralentiraient les usages.
    Mais au fait, les enfants seraient-ils prêts à travailler toute la journée sur ordinateur ?

    Alexis, Chloé, Jennad, Lison et Mc Kenzie (une petite Australienne fraîchement débarquée à Biscarosse) nous avouent qu’ils n’aimeraient pas taper des heures durant sur leur clavier. D’une part, ils trouvent que ça fatigue les yeux ! Puis, « si l’ordi tombe en panne, on a toujours le cahier », ajoutent-ils spontanément.

    Avec l’ordinateur, on apprend « mieux » ?

    Apparemment non, mais c’est une façon plus amusante d’apprendre, « on préfère apprendre sur un ordi plutôt que sur un cahier ». Ils trouvent aussi plus enrichissant d’avoir l’ordinateur car ils peuvent chercher des données sur internet et retrouver des documents déposés sur le réseau par leur professeur.

    Après la 3e, ces élèves vont se retrouver au lycée sans leur compagnon numérique qu’ils ont apprivoisé pendant 2 années au collège. Nous leur avons posé la question de savoir si il allait leur manquer et pour la plupart, la réponse est OUI, même si ils semblent résignés et acceptent ce changement sans aucune marque de regret, comme si c’était « normal ».

    Certains avouent avoir un ordinateur personnel à la maison ; cependant, ils ne sont pas sûrs de pouvoir le prendre dans leur cartable à leur rentrée en seconde.

    Le problème de la continuité numérique dans le cursus scolaire se pose et pas seulement entre le collège et le lycée. Des élèves qui prennent des habitudes « numériques » et qui vont être obligés de se déshabituer ensuite, c’est un peu dommage… Encore une adaptation à penser, pourquoi pas dans les évolutions à donner à la « Refondation » de l’Ecole de la République.

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  • Apprendre le numérique, développer une «culture» pour élèves et enseignants


    « On considère que le numérique est quelque chose d’intuitif chez l’enfant (…). Au contraire, je crois que c’est un maniement qui doit être accompagné et initié », Françoise Laurençon, principal du collège départemental de Biscarosse.

    L’achat de matériel informatique et l’équipement des établissements en numérique doivent s’accompagner des usages pédagogiques. Avant d’aborder cette question  qui le sera dans le dernier épisode de cette série qui occupe, à juste titre, toutes les réflexions de la communauté éducative, Françoise Laurençon pointe du doigt une donnée importante à prendre en compte : celle d’apprendre, pour ne pas dire « d’apprivoiser » le numérique. Elle introduit la notion de « culture numérique », aussi bien pour les élèves que pour les enseignants.

    Un nouveau cours : la « culture numérique »

    Pour exemple, dans son collège, elle a créé un enseignement disponible à partir de la classe de 4e, dès que les élèves reçoivent leur ordinateur portable, qui s’intitule « culture numérique ».
    Cet enseignement doit permettre aux élèves de s’approprier l’outil de manière intelligente ; même si nombre de gens tendent à penser que le numérique est quelque chose d’inné pour les enfants, notre chef d’établissement reste persuadée que cette étape de découverte « accompagnée » est indispensable.

    Cette nouvelle discipline est dispensée pendant deux heures tous les 15 jours et par groupe de demi-classe, pour faciliter le travail collaboratif entre élèves et entre professeur-élèves. Les 75 élèves de 4e ont un créneau horaire dédié à la culture numérique dans leur emploi du temps ; la mise en place de ce cours est réellement un choix de l’établissement, « qui a pour objectif de mettre du sens avec le projet de dotation en ordinateurs portables du Conseil général », souligne Françoise Laurençon.

    Une culture adoptée aussi par les enseignants

    Côté enseignants, la principale du collège tient à instaurer une sorte « d’incentive » en informatique en proposant des stages d’équipe. En 2011, deux stages ont eu lieu, avec comme thèmes « comment écrire sur un site de l’établissement » et « comment créer et utiliser un blog sur le plan pédagogique ».

    Les résultats de ces formations se sont tout de suite fait sentir. Motivés, les enseignants de langue ont créé un blog, en partenariat avec les écoles primaires, ce qui permet d’échanger entre classes, de mutualiser des supports de cours, etc.

    Françoise Laurençon se réjouit de constater que cette initiative va dans le sens de ce qu’elle entend par  « culture numérique » ; il ne s’agit plus seulement de numérique dans un contexte cloisonné de classe mais bel et bien d’ouverture sur le monde. « Cela fait éclater la frontière de la classe », ajoute t-elle.

    Deux prochains stages sont prévus en 2013 sur « l’utilisation des réseaux sur le plan pédagogique » et « comment construire un cours avec l’outil numérique ».

    Donner du sens au numérique à l’école

    Côté élèves, l’enthousiasme pour le cours de « culture numérique » de Stéphane Landeau est à son comble. Alors même que la cloche vient de sonner, les élèves ne décrochent pas de leur ordinateur où ils sont entrain de fabriquer leur propre blog.
    Au programme de la leçon du jour : les « widgets » et le travail sur la « sidebar », la barre latérale d’un blog WordPress.

    « Les élèves sont passionnés, ils viennent me voir après les cours pour me poser des questions sur le sujet (…) ou me donner le nombre de visites de leur blog : ils en sont extrêmement fiers (… ) », confie Stéphane Landeau, enseignant en physique-chimie, qui occupe également la place de référent numérique du collège.

    Même si dans cet exercice, les élèves ont toute liberté sur le choix du thème de leur blog, ils produisent quelque chose et ils acquièrent des compétences, sans même s’en rendre compte.
    L’enseignant a tenu à ce que chaque élève de son cours crée une boîte Gmail ; cette adresse leur sert à échanger avec leur professeur, même pendant le week-end !
    « Ils sont accrocs ! », ajoute t-il.

    Certains élèves ont déjà créé des blogs de leur côté avant même le cours de Stéphane Landeau, mais le fait de pouvoir avoir cette activité en classe leur montre qu’avec l’ordinateur qui leur a été fourni dans le cadre scolaire, on peut aussi travailler autrement tout en prenant du plaisir.

    « La finalité  de cet enseignement, il faut bien l’avouer,  est également de valider les items du B2i pour que tous les élèves à la fin de leur 4e est le B2i en poche, ce qui leur évite de le passer en 3e », rappelle Stéphane Landeau.

    Impliquer tout le monde dans l’ère du numérique à l’école

    De son côté, Françoise Laurençon tient à impliquer l’ensemble de la communauté éducative dans sa démarche d’intégration de la culture numérique. Pour ce faire, elle a tenté, en partenariat avec le Conseil général, d’impliquer les parents d’élèves dans l’opération « un collégien, un ordinateur portable », afin de leur expliquer la démarche, qui va bien au-delà du nouveau matériel que leur enfant va ramener à la maison.

    Hélas, peu de parents ont répondu à l’invitation qui avait pourtant lieu en fin de journée.

    Un constat encore très fréquent : non pas que les parents soient la 5ème roue du carrosse mais force est de constater que, malgré des fédérations de parents d’élèves motivées pour s’impliquer dans les projets de numérique à l’école, nous n’avons pas encore atteint l’heure du changement dans les habitudes des foyers.

    Sans doute ne mesurent-ils pas encore les bouleversements que ces nouvelles pratiques à l’école vont engendrer, y compris à la maison. Pourtant ils font partie de ceux qui doivent accompagner la « révolution » numérique.

    A suivre dans le prochain épisode : les plus beaux équipements du monde favorisent-ils les meilleurs usages ?

  • L’ordinateur du collégien landais, découverte de la vie d’une star !

    Entre la prise de décision d’équiper chaque collégien de 4e et de 3e d’un ordinateur portable à la remise effective du «paquet» aux élèves à la rentrée de septembre, il n’y pas qu’un seul pas. Les étapes sont nombreuses et cette opération d’envergure a nécessité et nécessite toujours beaucoup d’organisation et de main d’œuvre et de dynamisme. Dans cet épisode, nous découvrons le «background» et les missions de chacun pour que les colis arrivent à bon port avec brio.

    Préparation en coulisses

    Six personnes travaillent en permanence sur l’opération et gèrent les machines de bout en bout, c’est à dire de la rédaction des marchés publics pour l’achat des matériels et des ressources au test de chaque ordinateur qui arrive déjà «masterisé», c’est à dire agrémenté de la suite logicielle conçue spécialement par l’équipe pour tous les ordinateurs landais de l’opération.

    En clair, les machines contiennent déjà les 120 logiciels et ressources du Conseil général des Landes lorsqu’elles sortent d’usine ; l’équipe de Xavier d’Aleo, responsable de l’équipe mobile portables, exécute ensuite un travail de vérification et d’identification.

    « Une fois livré, l’ordinateur est inventorié et étiqueté d’un identifiant qui sera sa carte d’identité durant tout son parcours », explique t-il.

    Passage en scène

    Vient ensuite la phase de distribution : 8000 élèves et 1200 enseignants répartis sur les 37 collèges landais doivent recevoir un ordinateur portable à la rentrée de septembre ; durant 3 semaines, les techniciens de l’opération arpentent les collèges pour distribuer le précieux sésame.

    Une équipe technique constamment présente en scène

    Une gestion de 9200 ordinateurs portables au quotidien est un travail de longue haleine. Durant l’année scolaire, l’équipe de Xavier d’Aleo assiste les personnels ressources missionnés par l’Education nationale dans chaque collège (un par établissement).

    « Les ordinateurs sont gérés pendant l’année par une personne ressources par collège qui assure la maintenance matérielle et logicielle ; mon équipe est chargée d’aider les 37 Assistants d’éducation TICE de l’assistance technique à la gestion des serveurs pédagogiques en passant par les petits soucis du quotidien : bugs, pannes, accidents, vols… ».

    Retour en coulisses pour un « lifting« 

    En fin d’année, les «grands travaux» se poursuivent ! Le Conseil général des Landes ayant fait le choix de récupérer chaque ordinateur en fin d’année scolaire, la collecte, les mises à jour, la re-masterisation et le rangement des ordinateurs occupent les journées d’été de la petite équipe qui se voit d’ailleurs renforcer de quelques vacataires.

    « Au moins de juin, nous récupérons avant le Brevet des collèges, la totalité des ordinateurs portable des élèves ; ces derniers vont subir un diagnostic, pour certains quelques réparations… ».

    Disque dur nettoyé et ressources mises à jour, chaque ordinateur portable se refait une beauté pendant l’été.  Il faut souligner que même si l’ordinateur a pour vocation première de faciliter le travail scolaire en classe et à la maison, les élèves ont aussi tout le loisir de l’utiliser sur la «partition maison» pour y déposer leur musique, leurs photos, leurs vidéos personnelles ou encore leurs jeux qu’ils devront par contre récupérer en fin d’année scolaire.

    Seuls les 1200 enseignants et les 37 chefs d’établissement conservent leur outil pendant la période des grandes vacances.

    Une grosse logistique à assurer pour maintenir la « star » au top niveau

    Au travers de l’expérience landaise et de ce témoignage, force est de constater, pour ceux qui en douteraient encore, que le numérique ne frappe pas à la porte des établissements «par hasard». Un travail de longue haleine, une réflexion et des remises en question permanentes et enfin une implication des élus et des investissements financiers et humains lourds sont indispensables pour la bonne marche d’une telle opération dans la durée.
    « un collégien, un ordinateur portable », ça se gagne, pourrait-on dire.

    A suivre dans le prochain épisode : Apprendre le numérique, développer une «culture» pour élèves et enseignants

  • «un collégien, un ordinateur portable» : 12 ans après, vu par Henri Emmanuelli

    Visions croisées de personnels de la collectivité, de l’éducation nationale et de ses représentants et points de vues des élèves sur cette opération d’envergure. Durant quatre épisodes, Ludovia Magazine vous fait entrer dans le monde du collège landais et de ses connexions diverses et variées…

    Quoi de mieux pour débuter cette série que d’interroger l’homme qui est à l’origine de ce vaste chantier : Henri Emmanuelli, Président du Conseil Général des Landes et Député des Landes.

    Les chiffres parlent…

    Le Président du Conseil Général rappelle que le département a investi 52 millions d’euros dans l’opération. Depuis septembre 51 000 collégiens landais ont pu bénéficier d’un ordinateur portable en prêt pendant une ou deux années de leur scolarité. Cela représente par an, l’équipement d’environ 9 500 portables remis aux collégiens de classe de 4ème et de 3ème et leurs enseignants. Mais aussi 3000 équipements fixes qui ne sont pas à négliger.
    « L’investissement en vidéoprojecteurs, TNI, le câblage dans les collèges, est aussi très important », ajoute t-il.

    Des résultats dépendant de l’implication des équipes éducatives

    Une enquête SOFRES avait été commandée fin 2008 (rendue publique à l’Université d’été de Ludovia édition 2009), par le Conseil Général afin de mesurer les usages induits par l’opération. 12 ans après ses débuts, Henri Emmanuelli avoue avoir toujours quelques difficultés à annoncer des résultats dans leur globalité.
    « Nous pouvions dire, en regardant l’enquête SOFRES, que le verre était à moitié plein, à moitié vide (…) Cela dépend beaucoup de l’implication de l’éducation nationale, des inspecteurs d’académie, des principaux de collèges, (…). Dans certains collèges, il y a un noyau très actif, dans d’autres un peu moins (…) ».

    Henri Emmanuelli regrette qu’il n’y ait pas eu de véritable politique nationale instituée par l’éducation nationale en matière d’introduction du numérique dans les écoles. Il avoue même s’être heurté, au départ, à l’éducation nationale dont certains refusaient l’arrivée et l’utilisation de ces outils en classe.

    En 2001, répondant à une double volonté, réduire la fracture numérique d’une part et introduire cet outil dans la classe d’autre part, Henri Emmanuelli souligne que l’opération aurait nécessité une politique globale d’accompagnement des enseignants, en plus des formations initiales prodiguées par l’EN en 2002. Cela ne s’est pas produit et le Président en fait mention, notamment au travers du manque de ressources numériques pédagogiques.

    De l’investissement «hors champ», dans les ressources numériques pédagogiques

    Pour combler ce manque, les Landes sont largement sorties de leur champ de compétences en investissant sur la décennie environ 4 millions d’euros en «logiciels» ; mais là encore, le département a été confronté à certaines difficultés, comme celle de trouver des ressources pour l’enseignement, peu nombreuses à l’époque, et qui commencent tout juste à se déployer aujourd’hui.

    Il donne l’exemple d’un enseignant de mathématiques de 4ème qui souhaite faire son cours avec l’ordinateur et qui dit « moi je dois faire mon cours, j’ai l’outil mais je n’ai pas le logiciel qui reprend le cours de 4ème » (…) « Il n’y a pas l’équivalent logiciel de ce qu’on a connu dans le livre », ajoute Henri Emmanuelli.

    Toujours «hors champ», la maintenance en question

    Sortant encore du champ de ses compétences, le département des Landes a également largement contribué à maintenir ses matériels «à flot» et à procéder à leur renouvellement lorsqu’ils sortaient de garantie. Trop souvent oubliée dans les discours, la maintenance des équipements numériques relève d’une véritable mission.

    Pour chance, les Landes permettent à chaque collège d’avoir son assistant d’éducation, chargé de ces différentes tâches. Personnel de l’éducation nationale, il est pourtant rémunéré indirectement par le Conseil Général des Landes, dans environ les ¾ des collèges.

    Cet état de faits est important à souligner car la présence de cette personne ressource au sein de l’établissement rassure les enseignants, comme le souligne Françoise Laurençon, Principal du collège départemental de Biscarosse.
    « La présence d’Anthony, l’assistant d’éducation, rassure beaucoup les enseignants. De plus, il s’implique vraiment dans tous les projets, y compris pédagogiques car pour aider et dépanner, il faut aussi comprendre la philosophie de l’objet que l’on construit (…) ».

    Poursuite de l’opération landaise

    Henri Emmanuelli est conscient que le secteur du numérique est en perpétuelle évolution et que cela demande toujours à se renouveler et à investir. Lorsqu’on l’interroge sur les tablettes, il reconnaît que l’outil est intéressant et a l’avantage d’être moins cher qu’un ordinateur portable.
    Cependant, il rappelle la contrainte «ressources», à laquelle il s’est déjà heurté ; faire basculer tous ces logiciels sur tablette sans changer les pratiques des enseignants est pour l’instant mission impossible !

    Non pas que le Conseil Général des Landes n’assume pas la modernité, si tant est que la tablette devait être son emblème, mais ayant déjà prouvé par cette opération avant-gardiste qu’il pouvait se montrer innovant, il souhaite poursuivre sa mission d’équipement dans l’intérêt des collégiens.

    A suivre dans le prochain épisode : l’ordinateur du collégien landais, découverte de la vie d’une «star».