Étiquette : Devauchelle

  • Comment les usages du numérique favorisent-ils la mise en activité, l’autonomie et la responsabilisation des élèves ?

    Comment les usages du numérique favorisent-ils la mise en activité, l’autonomie et la responsabilisation des élèves ?

    Effectivement, la mise en activité est probablement une des pistes pour dépasser le paradoxe scolaire qui est le suivant : on dit aux élèves “soyez autonomes“ et on ne fait rien dans l’organisation scolaire pour qu’ils y soient.

    Mettre en place des activités où les élèves sont producteurs et ont une marge d’initiative et pour lequel l’enseignant a une marge d’incertitude, « c’est le moyen d’aborder des questions, non pas d’autonomisation car il ne faut pas rêver, mais au moins de responsabilisation ».

    Bruno Devauchelle donne l’exemple de donner un projet à des élèves, leur demander d’en rendre compte, de s’auto-évaluer qui sont des moyens de donner de l’autonomie aux élèves.

    En quoi le numérique peut-il aider à cela ?

    Bruno Devauchelle explique que « lorsque tu veux permettre aux élèves d’être maitres de leurs activités, ils ont aujourd’hui pléthore d’outils qui sont principalement des outils en ligne, qui vont du Smartphone à la tablette mais surtout des applications et des logiciels qui sont mis à disposition ».

    Sans oublier la base d’information représenté par le web « qui leur permet d’alimenter leur réflexion et d’être en face de ce que l’Ecole leur cache toujours, c’est à dire la véritable information, la source, avec sa médiocrité ou sa force selon les cas ».

    Tout le secret, c’est l’accompagnement des élèves ; ce que j’appelle la guidance.

    Il va falloir alors définir la part que l’enseignant prend dans la guidance et ce qu’il laisse à la machine. Cela peut prendre la forme d’un accompagnement des élèves au sens « cheminer avec les élèves » ; cette situation peut d’ailleurs amener l’enseignant à découvrir des choses en même temps que les élèves.

    Il y a une technique qu’utilisent certains enseignants en disant « ce n’est pas au programme, nous le verrons plus tard » et puis il y en a une autre où les enseignants proposent de chercher avec les élèves.

    Quand les enseignants disent aux élèves « on va chercher ensemble », il y a des portes qui s’ouvrent, conclut Bruno Devauchelle sur le résumé de son intervention.

     

  • Collaborer, partager et échanger : des notions familières chez les jeunes et pourtant…

    Collaborer, partager et échanger : des notions familières chez les jeunes et pourtant…

    [callout]Sommes nous condamnés à apprendre tout au long de la vie ? Comment développer notre Environnement Personnel d’Apprentissage et de Développement dans un contexte numérique ? Collaborer n’est-ce pas une composante essentielle de l’apprendre enrichie par les outils numériques ?
    A partir des aptitudes initiales de l’enfant à apprendre, à collaborer, à s’organiser, les moyens numériques offrent de nouvelles opportunités de développement de chacun. Or le système scolaire, marqué par l’empreinte du livre et de la forme scolaire, semble s’opposer aux deux dynamiques, celle du développement propre de l’enfant et l’envahissement progressif de la sphère sociale par le numérique. Malgré le volontarisme des décideurs, l’organisation scolaire a encore bien du mal à généraliser, à banaliser le numérique. Or le système scolaire ne peut pas, ne doit pas laisser l’opportunité de ces évolutions s’il veut continuer à garder son rôle dans la société.[/callout]

    Les trois vidéos proposent trois champs de réflexion, parmi d’autres, qui peuvent inciter les acteurs de l’éducation à faire avancer non seulement la réflexion collective, mais surtout les actions concrètes du plus grand nombre. En prenant conscience des enjeux qui se révèlent de plus en plus clairement, chaque éducateur aura à coeur de faire évoluer ses pratiques et de les partager avec les autres.

    Dans cette troisième vidéo, Bruno Devauchelle propose une réflexion sur les notions de collaboration et d’échanges e sur « l’environnement personnel techno-cognitif chez les jeunes ».

    Les jeunes aiment interagir pour apprendre ; ainsi, un petit enfant interagit avec ses proches puis dans la cour de récréation, il interagit avec les autres.

    On dit même que la socialisation est un élément important du travail de développement de la personne.

    Avec l’arrivée des nouvelles technologies, les gens se sont mis à rêver qu’elles pourraient permettre encore plus d’échanges ; de là, les emails ou encore les forums, se sont développés.

    « Nous nous sommes donc rendus compte que les jeunes utilisaient ces nouveaux moyens pour enrichir leur propre expérience, partager ce qu’ils faisaient et interroger ».

    « L’élève qui, en classe, n’ose pas lever le doigt, est le même qui va poser des questions via les réseaux ou forums en tout genre », souligne Bruno Devauchelle. Il tient à démontrer que les jeunes ont envie de partager mais qu’en même temps, « le modèle de la scolarisation est un modèle porté sur l’individu et la réussite personnelle ».

    Comment faire en sorte que cette envie de partage chez les jeunes soit mise à profit pour leurs apprentissages ?

    Nous ne sommes pas encore passés à l’étape où mettre à disposition ce que je fais, partager, échanger, aller voir ce que font les autres et me l’approprier, est quelque chose de naturel.

    Bruno Devauchelle est persuadé que ces échanges existent déjà entre jeunes, depuis qu’ils sont tout petits, et il se pose la question de savoir comment un système académique, scolaire ou universitaire peut mettre à profit cette capacité.

    Sur la notion d’échanges et de partage, Il donne l’exemple d’étudiants de l’Ecole Polytechnique de Lausanne qui ont demandé à avoir une salle à disposition pour qu’ils puissent visionner à plusieurs, les vidéos d’un MOOC ; une sorte de condition pour qu’ils acceptent de suivre le MOOC…« Car ils savent que l’entraide, c’est le meilleur moyen de se développer et de progresser », souligne Bruno Devauchelle.

    Pourquoi notre système scolaire reste fondé sur la réussite individuelle et est très en difficultés dès lors que l’on fait du travail de groupe ? Pourquoi ne valorise t-on pas davantage les activités collectives en projet ou simplement en réflexion alors qu’on en connaît le bienfait ?

    Voici les questions que Bruno Devauchelle se pose et soumet à notre réflexion dans ce dernier épisode.

  • L’environnement personnel techno-cognitif chez les jeunes, c’est quoi ?

    L’environnement personnel techno-cognitif chez les jeunes, c’est quoi ?

    [callout]Sommes nous condamnés à apprendre tout au long de la vie ? Comment développer notre Environnement Personnel d’Apprentissage et de Développement dans un contexte numérique ? Collaborer n’est-ce pas une composante essentielle de l’apprendre enrichie par les outils numériques ?
    A partir des aptitudes initiales de l’enfant à apprendre, à collaborer, à s’organiser, les moyens numériques offrent de nouvelles opportunités de développement de chacun. Or le système scolaire, marqué par l’empreinte du livre et de la forme scolaire, semble s’opposer aux deux dynamiques, celle du développement propre de l’enfant et l’envahissement progressif de la sphère sociale par le numérique. Malgré le volontarisme des décideurs, l’organisation scolaire a encore bien du mal à généraliser, à banaliser le numérique. Or le système scolaire ne peut pas, ne doit pas laisser l’opportunité de ces évolutions s’il veut continuer à garder son rôle dans la société.[/callout]

    Les trois vidéos proposent trois champs de réflexion, parmi d’autres, qui peuvent inciter les acteurs de l’éducation à faire avancer non seulement la réflexion collective, mais surtout les actions concrètes du plus grand nombre. En prenant conscience des enjeux qui se révèlent de plus en plus clairement, chaque éducateur aura à coeur de faire évoluer ses pratiques et de les partager avec les autres.

    Dans cette deuxième vidéo, Bruno Devauchelle propose un éclairage sur « l’environnement personnel techno-cognitif chez les jeunes ».

    Dans les lycées professionnels et Bruno Devauchelle prend l’exemple d’un enseignement en lycée hôtelier, on demande aux jeunes de gérer leur poste de travail, « dans l’espace et dans le temps, gérer tout ce qui se passe ».

    « Finalement, lorsqu’on fait du travail intellectuel, n’a t-on pas aussi un poste de travail à gérer » ?

    L’EPA (Environnment Personnel d’Apprentissage) est en quelque sorte le poste de travail intellectuel. Ceci n’est pas nouveau, explique Bruno Devauchelle et « il est plus ou moins riche selon les individus ; pour certains il y a des livres, il y en a dans la tête ; il y en a un peu partout » et il cite Michel Serres.

    Cette réflexion amène Bruno Devauchelle à nous expliquer que cet EPA a évolué à cause du numérique ; c’est pour cela qu’il le nomme désormais « environnement personnel techno-cognitif » : cognitif pour définir la connaissance et techno car, d’après lui, le numérique et toutes les technologies qui y sont associées ont plus d’importance dans l’environnement personnel de chacun que le livre ne l’était.

    Je suis contraint dans ma pratique par la force technologique alors que le livre était un environnement relativement stable.

    L’environnement technique d’accès à l’information et à la communication est complexe, ce qui nécessite de penser à développer chez les jeunes comme chez les adultes, leur environnement techno-cognitif ; ce qui signifie, « comment maîtriser d’un côté les connaissances et de l’autre côté, maîtriser les technologies qui vont permettre de cheminer vers ces connaissances », explique Bruno Devauchelle.

    Et c’est là où, d’après lui, le bât blesse car les structures scolaires, par exemple, ne sont pas du tout adaptées à cela.

    Bruno Devauchelle évoque la solution du BYOD, pour remédier aux lacunes en matériel dans les établissements, bien qu’il n’affectionne pas particulièrement l’acronyme utilisé. Mais l’avantage qu’il voit à ce que les étudiants amènent leur appareil personnel, c’est qu’ils ont déjà construit leur environnement techno-cognitif avec cet outil.

    « On voit bien qu’il y a là un potentiel d’inventivité pour les enseignants et pour les établissements mais qui ne doit pas se réduire à l’environnement scolaire ».
    La réflexion devrait donc plutôt aller vers un usage de l’outil personnel dans la vie quotidienne qui puisse permettre d’être dans cette société apprenante.

     

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  • Les jeunes sont-ils condamnés à apprendre?

    Les jeunes sont-ils condamnés à apprendre?

    [callout]Sommes nous condamnés à apprendre tout au long de la vie ? Comment développer notre Environnement Personnel d’Apprentissage et de Développement dans un contexte numérique ? Collaborer n’est-ce pas une composante essentielle de l’apprendre enrichie par les outils numériques ?
    A partir des aptitudes initiales de l’enfant à apprendre, à collaborer, à s’organiser, les moyens numériques offrent de nouvelles opportunités de développement de chacun. Or le système scolaire, marqué par l’empreinte du livre et de la forme scolaire, semble s’opposer aux deux dynamiques, celle du développement propre de l’enfant et l’envahissement progressif de la sphère sociale par le numérique. Malgré le volontarisme des décideurs, l’organisation scolaire a encore bien du mal à généraliser, à banaliser le numérique. Or le système scolaire ne peut pas, ne doit pas laisser l’opportunité de ces évolutions s’il veut continuer à garder son rôle dans la société.[/callout]

    Les trois vidéos proposent trois champs de réflexion, parmi d’autres, qui peuvent inciter les acteurs de l’éducation à faire avancer non seulement la réflexion collective, mais surtout les actions concrètes du plus grand nombre. En prenant conscience des enjeux qui se révèlent de plus en plus clairement, chaque éducateur aura à coeur de faire évoluer ses pratiques et de les partager avec les autres.

    La question « Les jeunes sont-ils condamnés à apprendre ? » doit être posée dans le contexte actuel du développement du numérique.
    Si on prend l’exemple d’un enfant tout petit, il essaie d’apprendre dans son environnement ; à 1 an, si il voit sa mère avec le téléphone portable à l’oreille, il essaie de l’imiter.

    « Cela signifie que dès le plus jeune âge, l’enfant se retrouve dans un univers dans lequel il apprend » ; c’est ainsi que Bruno Devauchelle pose les bases de sa réflexion.

    « Et puis, petit à petit, il va rentrer dans le système scolaire où on va lui dire : attention, apprendre, ce n’est pas ce que tu as fait jusqu’à présent ».

    A son arrivée à l’Ecole, le jeune découvre le décalage entre son mode d’apprentissage inné et celui que le système scolaire va lui imposer.

     

    « A partir de là, être jeune et devenir adulte, ce n’est plus se limiter à cet espace réduit », souligne Bruno Devauchelle.

    Il se demande si la société ne tente pas de mettre à profit cette évolution et donc d’exiger que nous apprenions tout au long de la vie.

    Avec les MOOCs et la classe inversée, ces deux exemples sont parlants.

    L’enseignant demande de faire le travail à la maison, du moins d’apprendre les leçons et pourquoi pas en invitant les élèves à regarder des vidéos réalisées par lui, entrain d’expliquer un cours ; « sauf que l’élève va peut-être regarder deux minutes puis après, il est possible qu’il s’ennuie un peu, d’autant plus selon la qualité de la vidéo », précise Bruno Devauchelle.

    Travailler à la maison : « avec la classe inversée, c’est obligatoire et avec les MOOCs, n’en parlons pas » ! « Et avec l’ENT, ils vont même pouvoir me suivre et tracer tout ce que j’ai fait et à quel moment », ajoute t-il.

    Autrement dit, on va être condamner à apprendre sous surveillance.

     

    Dans le même temps, les jeunes continuent à se développer dans leur monde, avec leurs amis, avec les réseaux, etc ; « ils essaient d’échapper à ce monde imposé et ils se rendent compte qu’il y a un décalage ».

    De ces constats, Bruno Devauchelle en conclut que « nos jeunes ne sont pas préparés à une société de l’apprenance et pourtant, on veut leur imposer d’apprendre tout au long de la vie pour pouvoir s’adapter et continuer à survivre ».

    Il est temps de réfléchir à des solutions nouvelles à l’intérieur de systèmes formels comme ceux de l’Ecole.

    « Mais aussi dans la gestion des carrières pour permettre qu’apprendre ne soit pas une douleur, ne soit pas une punition mais soit, au contraire, un flux naturel qui se fait tout au long de la vie ».

  • Des enseignants consommateurs mais encore peu « partageurs »

    Des enseignants consommateurs mais encore peu « partageurs »

    Utiliser les cours des autres ? Utiliser les idées des autres ? Utiliser les documents des autres ? Entre captation, mutualisation et enrichissement, quelles sont les pratiques ?

    Dans les salles des professeurs, il arrive que des documents traînent sur les tables, parfois sur le photocopieur ; aussi, nombre de collègues n’hésitent pas à récupérer tout ou partie de ces supports pour leurs propres cours.

    Rappelons que dans la culture enseignante, la préparation d’un cours et sa réalisation sont des activités principalement solitaires et individuelles ; ces pratiques ne concernent pas tous les enseignants mais une grande majorité, … comme s’il semblait honteux de reprendre le travail fait par d’autres.

    « Un enseignant prend les affaires des autres mais il ne faut pas le dire ; il refait la même chose que l’année d’avant mais il ne faut pas le dire. Il y a une sorte d’omertà comme si enseigner c’était proposer toujours quelque chose de nouveau, faire toujours différent ».

    En réalité, il faut quand même garder une trame puisque les programmes ne changent pas.

    Bruno Devauchelle donne l’exemple de l’enseignement professionnel où il est courant de créer des supports de cours à plusieurs, de par le niveau de technicité demandé ; supports ensuite utilisés en fonction des besoins par toute une communauté.

    « On voit se développer petit à petit ces éléments de mutualisation dans l’enseignement général, en particulier dans des champs disciplinaires identiques, comme les langues ou encore l’histoire-géographie », souligne t-il.

    Tandis que de plus en plus d’enseignants vont sur Internet chercher des ressources (idées, supports, cours) pour leur propre enseignement, cette pratique n’est pas encore considérée comme « normale ». Or, à l’heure de la massification de l’enseignement, on peut comprendre qu’un enseignant puisse chercher à utiliser ce que d’autres ont déjà réalisé, en les adaptant à leur contexte.

    Malheureusement, entre la culture du « co-pillage » et la culture de la mutualisation, la passerelle n’est pas encore bien établie.

    L’observation avancée de ce travail des enseignants montre que pas plus de 10% des enseignants ne partagent leurs contenus sur le web alors que 90% d’entre eux s’en emparent ; un peu comme dans une salle des professeurs…

    La démocratisation d’Internet a amené à une réelle évolution des pratiques, mais souvent de manière implicite. L’utilisation de cours ou de morceaux de cours est désormais suffisamment établie. La popularité de sites comme le Café Pédagogique, Weblettres ou encore Sésamath, ainsi que de certains sites académiques montre qu’il y a une progression des mentalités.

    Toutefois il ne faut pas trop crier à la révolution.

    « Il y a comme une ambivalence chez chaque enseignant qui dirait “j’aime utiliser les cours des autres mais je n’aimerais pas qu’on utilise les miens“.

    Pourquoi utiliser les cours des autres ?

    Il est souvent question dans les conversations, du temps passé par les enseignants pour les corrections, mais très peu du temps passé pour la préparation des cours.

    « Si aujourd’hui les enseignants utilisent les cours des autres, c’est aussi pour gagner du temps ».

    Bruno Devauchelle est confiant : ces pratiques d’échange et de collaboration devraient se développer et le temps économisé pourrait alors être utilisé au profit du temps d’accompagnement des élèves et de suivi des élèves.

    « Les choses vont évoluer car la complexité du métier d’enseignant fait qu’on a de moins en moins de difficultés à accéder aux ressources des autres, surtout sur internet, et finalement, c’est peut-être une bonne chose… ».

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Concevoir des cours, c’est de l’ingénierie pédagogique

    Concevoir des cours, c’est de l’ingénierie pédagogique

    « La conception de cours par un enseignant est quelque chose de très important car cela associe aussi bien l’imagination pédagogique que l’utilisation de supports ».

    L’enseignant, un véritable ingénieur pédagogique

    Un enseignant ne peut pas utiliser le cours d’un autre de manière identique ; il doit toujours l’adapter et pour Bruno Devauchelle, « cela est une force ».

    Plusieurs paramètres vont rendre nécessaire cette adaptation, comme le nombre d’élèves, la disposition de la salle, le matériel technique disponible et enfin la personnalité même de l’enseignant.

    Tous les enseignants sont, à un degré ou un autre, des concepteurs de leurs cours mais dans ce travail en amont de leur enseignement, il y a une grande variété de fonctionnements.

    « Les enseignants doivent en permanence ajuster la conception initiale à la réalité de la situation et à la réalité des apprentissages, ce qui empêche toute mécanisation ».

    « Si on peut industrialiser des supports, si on peut industrialiser des ressources, on ne peut pas industrialiser la conception de cours ».

    Bruno Devauchelle évoque l’exemple des MOOCs où l’on perçoit un argumentaire qui dirait que les machines et donc les vidéos proposés remplaceraient les cours.  Fort Heureusement, il y a, associé aux MOOcs, tout un travail collaboratif et de tutorat, ayant compris que « regarder des vidéos ne suffit pas pour apprendre ».

    La modélisation des pratiques pédagogiques et leur simulation dans des machines (histoire récurrente depuis longtemps) est toujours limitée. La complexité humaine empêche d’aller jusqu’au bout de cette logique techno-industrielle. C’est pourquoi d’ailleurs les tuteurs et l’accompagnement personnalisé, ainsi que le travail entre pairs, collaboratif ou non, ont été rappelés depuis plus de dix années dans nombre de publications.

    Certains enseignants conçoivent des supports avancés de cours (ce sont parfois même les auteurs de manuels scolaires) à l’aide d’outils spécialisés ou génériques comme la proposition d’iBooks Author d’Apple. De la même manière avec des plateformes d’enseignement à distance (LMS) des scénarii pédagogiques sont proposés en amont du travail de l’enseignant, à l’instar de plusieurs chaînes éditoriales de supports pédagogiques.

    L’expérience nous a montré qu’il est possible de concevoir des cours avec le numérique, mais à condition de ne pas vouloir guider constamment celui qui apprend mais simplement baliser une progression qu’une relation directe permettra éventuellement d’ajuster. En d’autres termes l’un des incontournables de la conception de cours numériques, c’est la prise en compte du besoin d’accompagnement de celui qui utilise le cours.

     

  • Les supports pédagogiques, des créations pleines de ressources

    Les supports pédagogiques, des créations pleines de ressources

    Quelle différence y a t-il entre une ressource et un support ?

    « Une ressource, cela se matérialise de différentes manières : par des documents, des personnes, … tandis qu’un support, c’est ce que va vraiment utiliser l’enseignant dans son enseignement », définit Bruno Devauchelle.

    Il utilise les supports pour illustrer ses cours, aider les élèves à apprendre ou laisser une trace aux élèves.

    Les enseignants utilisent de plus en plus de supports (documents) pour enrichir leurs cours. Les traditionnelles cartes murales chères à notre imaginaire scolaire collectif sont désormais davantage des objets de collection (cf le livre de Michel Picouly) que des outils de travail.

    L’enseignant peut trouver des supports tout faits, par exemple auprès des éditeurs ou auprès de Canopé, « mais en réalité, quand on regarde les enseignants travailler, on se rend compte qu’ils détournent une partie de ces supports et ils en fabriquent une partie », souligne Bruno Devauchelle.

    Ce que regarde en premier un enseignant est comment il va pouvoir adapter le support à ses besoins pédagogiques.

    « En fait, peu d’enseignants utilisent des supports tout faits ; le manuel scolaire est d’ailleurs un très bon exemple et il a beaucoup évolué passant d’une forme linéaire à une forme kaléidoscopique ».

    Le tableau noir a été remplacé par le tableau blanc et désormais, le tableau se numérise. L’évolution des vecteurs de diffusion a permis une variété importante de pratiques et donc de supports.

    Les acétates (rétroprojection) introduites dans les années 60, la télévision petit à petit arrivée dans les salles de classe et désormais internet via les ordinateurs et autres appareils mobiles, enrichissent, voire remplace les supports plus anciens.

    Au delà de cette évolution et cette variété, est apparue, ou plutôt s’est développée, la possibilité pour chacun de concevoir et construire ses propres supports.

    Certes, il y a bien longtemps que les enseignants construisent et « bricolent » des supports. Outre les petits « bricolages », l’arrivée du photocopieur, par exemple, a fortement marqué le travail enseignant ainsi que celui des élèves. La photocopie est devenue très rapidement le prolongement efficient de cette manière de personnaliser les supports destinés aux élèves.

    Les éditeurs ont toujours lutté contre le « photocopiage », en particulier ceux spécialisés en éducation, qui ont obtenu le maintien de l’interdiction dans la loi sur l’exception pédagogique. La mise sur le marché de supports avec droits de reproduction n’a pas connu de franc succès, laissant le champ à un contournement toujours d’actualité.

    Utiliser légalement ou pas, un supports de cours reste un élément de base de la profession enseignante. Une pratique complémentaire existe et demande aussi à être analysée : l’enrichissement des supports existants.

    « Les enseignants ont une tradition d’enrichissement de supports ; avec le numérique, cela devient plus compliqué ».

    Bruno Devauchelle parle alors de « clans » qui se créent.

    En première typologie de support, « on a tout simplement la sélection d’un support : parmi un ensemble de documents, j’en sélectionne un que je vais fournir à mes élèves, soit sous forme vidéo-projetée, soit sur l’ENT, soit sous forme papier ».

    La deuxième typologie est l’assemblage qui consiste à rapprocher plusieurs objets qui ne sont pas ensemble à l’origine. Le troisième niveau est celui où l’enseignant met sa touche personnelle ; « plus que du bricolage,  il s’agit, selon la loi, d’oeuvre de création par assemblage ».

    Reste une question essentielle qui soutient les pratiques : quelles sont les compétences nécessaires pour parvenir à enrichir des supports existants ?

    Selon l’objectif visé et les objets techniques sollicités, elles sont très diverses et pas forcément toutes faciles à maîtriser. Il semble bien que ce soit l’un des freins, au moins partiel.

    Avec l’arrivée des moyens numériques, les niveaux techniques ont fortement augmenté. D’ailleurs, l’utilisation des photocopies n’a encore que peu diminué, contrairement à ce que l’on pouvait croire. D’un autre coté, les manuels scolaires numériques et les éditeurs éponymes n’ont pas encore apporté suffisamment d’accessibilité et d’utilisabilité pour encourager le développement de telles pratiques.

    Enrichir des supports reste une pratique artisanale et relativement modeste, bien que largement répandue en quantité.

     

  • Les ressources pour apprendre, de l’enseignant à l’élève

    Les ressources pour apprendre, de l’enseignant à l’élève

    Une ressource, c’est quoi ?

    C’est la première question qui se pose lorsqu’on utilise le mot « ressource ». Bruno Devauchelle définirait, de manière général, « tout ce qu’on a besoin, que ce soit le papier, le numérique et beaucoup d’autres choses, pour enseigner et apprendre ».

    Quelles ressources choisir ?

    Dans l’enseignement traditionnel, l’enseignant arrive en classe avec des ressources. Comment fait-il ses choix et pourquoi n’utiliserait-on que les ressources de l’enseignant et pas celles que les élèves pourraient apporter en classe ?

    Le manuel scolaire est le symbole le plus reconnu parmi les ressources, mais l’observateur de la classe au quotidien sait bien que les enseignants, comme les élèves, font appel à des ressources de toutes natures, humaines, matérielles, visuelles, auditives, etc. Or, le choix de ces ressources et un des éléments clés de la réussite dans l’apprentissage.

    Si avec l’Ecole, le XIXème siècle a consacré le manuel scolaire et le Maître, le XXIème siècle risque de consacrer d’autres ressources car « avec l’arrivée du numérique, les ressources ont explosé ».

    « En réalité, les enseignants n’ont pas une ressource mais une multiplicité de ressources qu’ils vont chercher ; l’enseignant est un assembleur de ressources ».

    Il peut faire appel aussi bien aux collègues qu’aux manuels scolaires, à Internet ou encore à sa propre bibliothèque, désormais de plus en plus numérisée elle aussi.

    Apprendre suppose que l’on accède à des ressources qui vont aider au passage à la connaissance.

    L’élève qui utilise l’ordinateur et internet fait de même ; il prolonge son travail en allant à la recherche de ressources variées pour répondre aux demandes des enseignants : amis, livres, sites web, forums, réseaux sociaux, etc…

    La mutation des ressources utilisées dans l’enseignement est le premier signe d’une évolution importante du système scolaire. L’apparition de classes inversées ou de cours en ligne gratuits et massifs (CLOM ou MOOC) viennent s’ajouter à ce phénomène.

    Ainsi, lorsque l’on recherche dans une discipline les ressources numériques accessibles, on est étonné d’en voir la variété mais surtout le nombre ; à tel point qu’il est très difficile de se tenir à jour et surtout de distinguer, dans ces sources, ce qui est vraiment pertinent.

    Ce qui guette les enseignants c’est la surdose de ressources.

    D’ailleurs le maintien du recours au manuel scolaire peut être lu comme le signe du besoin de ressources limitées et cohérentes, tout comme l’attente des enseignants vis à vis des inspections dont ils demandent un cadrage plus important et surtout un guidage ; ce à quoi certains répondent par des sites disciplinaires académiques très riches et variés.

    En conclusion, Bruno Devauchelle attire notre attention sur le fait que l’enseignement va être totalement dépendant  de « la façon dont l’enseignant utilise les ressources, la façon dont il les amène et la façon dont il les fait chercher par les élèves ou pas » et qui constituent ses choix pédagogiques.