Étiquette : Cardon

  • Comment les jeunes gèrent-ils la frontière entre usages personnels et éducatifs du numérique ?

    Comment les jeunes gèrent-ils la frontière entre usages personnels et éducatifs du numérique ?

    La porte d’entrée, d’après Dominique Cardon, se fait pas les usages personnels chez les jeunes. Les usages du numérique sont associés à la sociabilité et à la construction de soi.

    Ensuite, autant ils peuvent être habiles sur les réseaux sociaux, autant ils ne le sont pas forcement dans le « grand Web ».

    François Jourde, enseignant en philosophie, présent aussi à Ludovia, disait de ces élèves qu’ils sont des « ploucs du numérique » ; une expression qui en dit long sur leurs pratiques qui ne se limiteraient qu’à leur village relationnel sans aller voir plus loin.

    Or, dans des retours comme à Ludovia par exemple, on voit bien qu’on peut aussi créer un espace de sociabilité lié au travail scolaire.

    Est-ce que les deux doivent s’interpréter ?, s’interroge Dominique Cardon.

    Il serait tenté de penser qu’avec les outils existants, il est possible de faire en sorte que ces deux « villages » se mêlent sans se mêler vraiment… et il donne l’exemple des groupes dans Facebook (il développe cet exemple dans la vidéo ci-contre).

    Mettre en circulation des choses qui ont été produites dans un espace vers un autre espace (exemple, une production scolaire sur sa page privée Facebook) ne peut être que positif pour Dominique Cardon, car « cela accompagne l’individu à la construction de son identité sur des scènes différentes ».

    Cependant, il a bien conscience de ne décrire ici que le côté positif du processus ; évidemment il est nécessaire que cette individualisation créative passe par de la reconnaissance.

    « Il faut avoir des “like“, des “vues“ etc ».

    Il pointe aussi un phénomène au résultat plus nuancé qui est celui d’une sorte « d’exclusion » et d’inégalité sociale de ceux qui restent dans l’ombre…  (notamment par l’affichage public d’un échec par exemple,…).

  • L’externalisation numérique des connaissances rend-elle nos sociétés plus intelligentes ?

    L’externalisation numérique des connaissances rend-elle nos sociétés plus intelligentes ?

    Externalisation numériques des connaissances

    « Le constat, issu d’une dynamique historique, est que la fabrication de l’humanité, montre que nous avons constamment développé nos capacités cognitives en déportant nos savoirs vers l’environnement ».

    Dominique Cardon donne l’exemple de l’outil, du livre et aujourd’hui du numérique.
    « On allège notre mémoire interne au profit d’une mémoire externe ».
    ET donc, la question se pose : si l’on déporte ces informations vers l’environnement, à quoi consacrons-nous la formation de notre propre anamnèse, de notre mémoire ?
    L’argument optimiste, d’après Dominique Cardon et que nous confions à notre activité cérébrale des fonctions cognitives de plus en plus avancées.

    La société devient-elle donc plus intelligente ?

    Elle devient plus compliquée parce qu’on a multiplié, interfacé différentes couches, répond Dominique Cardon.
    La connaissance ne se limite pas à du « presse-bouton ». Elle demande aussi des procédures, des règles d’acquisition du savoir (voir article et vidéo du premier épisode sur l’exemple de Wikipédia).

    Ramenée à l’échelle de la classe, comment puis-je rendre mes élèves plus intelligents avec le numérique ?

    Dominique Cardon, qui se dit non-spécialiste des questions d’éducation, tente de répondre à cette dernière question. « On fait reposer sur l’enseignant des activités pédagogiques qui lui donnent de plus en plus d’autonomie pédagogique pour que les outils numériques, qui en eux-mêmes ne servent à rien dans la classe, soient utilisés pour des exercices, des activités collaboratives etc. »
    « Bref, cela renvoie un peu la responsabilité vers ce que nous en faisons ».

    L’externalisation numérique nous permet donc de rendre nos sociétés plus intelligentes mais cela dépend de comment nous utilisons ces potentialités. Ne sommes-nous pas en deçà de ce qu’elles nous offrent ?

    « N’oubliez pas de regarder en périphérie », voici le conseil que nous pourrions retenir de cette interview.

  • Comment Wikipédia peut-il être un modèle éducatif ?

    Comment Wikipédia peut-il être un modèle éducatif ?

    « Ce qui me fascine dans Wikipédia, c’est l’idée de séparer le contenu du savoir, de la procédure par laquelle on va chercher, maîtriser, publier, partager et synthétiser le savoir ».

    Cette séparation entre la « substance » et la « procédure » est absolument centrale dans la communauté Wikipédia.
    Il développe l’idée que n’importe qui peut être contributeur dans Wikipédia, sans affichage de diplôme ou de statut mais sans pour autant faire n’importe quoi ; la communauté doit suivre un certain nombre de règles et un « Wikipédiste » sera rappelé à l’ordre s’il ne le fait pas.
    Au travers de cette collaboration, « chacun va révéler son intelligence, ses capacités à mettre en œuvre quelque chose ».

    En cela, l’exemple de Wikipédia est un modèle qui s’apparente très bien à l’orientation actuelle du monde éducatif.

    « Désormais, ce qui devient central, c’est de mettre en forme les savoirs ».

    Il cite Jacques Rancières et son ouvrage de 1987, « le Maître ignorant », une biographie philosophique dans laquelle il pose le postulat de l’égalité des intelligences (source Wikipédia).

    L’enseignant n’est plus le détenteur du savoir qui déverse un ensemble de connaissances à ces élèves mais sa mission, et elle est de taille, est bien aujourd’hui, « de vérifier que chacun des apprenants, des élèves fasse sur lui-même l’effort nécessaire pour mettre en œuvre les qualités et les compétences dont tout le monde dispose dans une égalité des intelligences ».

    La suite en vidéo…