Auteur/autrice : Martial Pinkowski

  • Le numérique et le travail en équipe

    Le numérique et le travail en équipe

    MartialPinkowski_numeriqueettravailequipe_100614L’expérience montre aujourd’hui que non ! un « non » ferme qui trouve sa justification dans la pratique.
    Je peux avoir accès aujourd’hui, de n’importe où et n’importe quand à des documents très spécifiques qu’il me fallait transporter ou rechercher systématiquement auparavant. Et mieux que cela : des espaces professionnels me permettent aujourd’hui de communiquer rapidement et de manière très identifiée sur mes thématiques de travail.
    Les ENT en sont le point d’orgue, venant s’ajouter aux webmails académiques et listes de diffusion professionnelles mises en place depuis une bonne quinzaine d’années maintenant.
    Très rapidement, l’industrie du numérique a pris en compte ce souci et a proposé des espaces de stockage et de synchronisation des données, offrant au particulier cette nouvelle puissance du virtuel (le Cloud), dématérialisant les données, allégeant le cartable et assouplissant considérablement la contrainte des sauvegardes. A ces préoccupations se sont adjointes celles des connexions, et aujourd’hui, sur mon smartphone, j’ai accès à tout instant à la réponse à la question que je me pose sur mon quotidien professionnel et sur les dispositions à prendre à l’avenir. Mais pas seulement…
    Dans un espace communautaire défini, je peux avoir accès à l’ensemble des documents essentiels au travail de toute notre équipe : calendrier, programmation, textes officiels, projets divers ou spécifiques.
    Tout un historique sur un écran de « 4« , là où, plus de dix ans en arrière, il me fallait aller en cours « avec une brouette » pour transporter sur le terrain ce contenu si précieux à la cohérence d’une activité pédagogique.
    Aujourd’hui, nous avons adopté un système d’échange et de synchronisation en partage (Dropbox.com) qui nous permet de déposer ou récupérer des documents partagés avec tous.Je lisais attentivement la publication de B. Devauchelle , « Des enseignants consommateurs encore peu partageurs »  sur LudoMag et je tombais assez d’accord sur l’analyse des rapports entre publication (10% des enseignants mettent à disposition leurs contenus sur le web) et appropriation (90% les utilsent…).Dans le domaine de l’éducation physique et sportive, un nombre considérable de blogs et forums ont un succès avéré au travers de cette démarche. Dans le cas très précis de mon établissement, ce rapport 10/90 est très différent, car le contact et la personnalisation, l’identification physique de l’auteur, apportent une attitude plus respectueuse sur les fondements des ressources produites. La mise à disposition génère nécessairement une discussion là où, au travers d’une publication quasi-anonyme, le mode d’entrée peut demeurer uniquement binaire (j’adhère ou non).

    Les contenus que nous déposons ont également comme avantage d’être issus d’une analyse fine de notre environnement. Notre grande difficulté a été de pouvoir adapter nos découvertes à cet environnement si spécifique qui traduit notre quotidien éducatif et pédagogique.
    C’est également pour cette raison que dans le cadre de nos développements d’outils numériques, nous insistons sur le côté généraliste et adaptatif: « des besoins, une application« .
    Le professeur maître de ses contenus, trouve un support dans le numérique, au contraire d’un numérique qui dicte les stratégies et les enferme dans un modèle unique.
    Une conclusion historique s’impose, mettant en avant le côté précurseur de la discipline EPS, impulsant très souvent les voies de développement de concepts d’usages et de contribution au sein des pédagogies et du temps.
    Cette apparente autonomie se veut donc efficace, voir incontournable dans la routine des équipes pédagogiques alors même que nous pouvions penser le contraire à travers les critiques maintes fois répétées d’un numérique avilissant, se glissant, s’immiscent dans les espaces privés et générant un immobilisme des corps accrochés aux claviers… un comble pour une profession agissant sur le corps et le mouvement. Un comble renforcé de la raillerie du sport aux manettes ! Il apparait que les choses sont toutes différentes, et sur cet aspect en particulier.
    Au-delà du partage des contenus, existe le partage des résultats. Car si il apparaît évident que la mise en œuvre des programmes et l’évaluation des compétences induit des stratégies communes. Le partage des résultats de ces stratégies demeure un aspect fondamental de leurs mises en œuvres. Tout naturellement, si nous avons pu défendre l’intérêt dominant de la connaissance du résultat, il est un domaine où le traitement des données va révolutionner la pratique et la concertation, c’est l’exploitation commune (et aussi locale) des informations.
    Des outils de centralisation des données sont utilisés pour les examens afin de permettre une cohérence forte et éviter de trop grandes disparités dans l’évaluation des élèves. Si certaines différences peuvent apparaître de manière générale, il en est de même au niveau local.
    L’évolution des pratiques nait de la progressive appropriation d’une pédagogie à laquelle se joignent les outils numériques au quotidien.Sur le terrain, cela se traduit par les réflexions de Jean-Paul Moiraud sur ce même site où il agrémente l’innovation et le bricolage de réflexions diverses.Là encore, je peux me référer à des positions personnelles sans trop de risque au regard de ce qu’il m’a été possible de constater ailleurs. Ce sont de démarches et d’initiatives toutes personnelles que naissent globalement les avancées… Ceci est valable dans tous les domaines de la pédagogie et existe au sein de tout établissement scolaire. La pratique innovante est parfois perçue comme surprenante ou inutile, puis elle fait son chemin progressivement, aidée par une évolution certaine des attentes et préoccupations institutionnelles et sociétales.

    L’innovation bouleverse rarement les codes en vigueur, car elle est très souvent le fruit d’une réflexion en amont des mouvements d’intérêts, évolutions technologiques et courants d’influences. Notre ère de diffusion hyper informative en favorise justement la prolifération.

    Dans un fonctionnement en équipe, et pour devenir efficace avec le numérique, il apparait nécessaire que l’innovation ne tienne plus qu’au seul enseignant mettant en avant une stratégie avec le numérique, mais bien à l’ensemble d’une équipe. Disciplinaire d’abord, puis pluridisciplinaire par la suite.
    C’est à ce schéma que j’ai pu me confronter, sur un temps malgré tout assez long dont nous définirons les raisons dans une future publication. Une chose est actée aujourd’hui. La valeur des échanges au sein d’une discipline et avec les autres disciplines. Le point commun : les élèves ! Évidence me direz-vous !? Sûrement, et nous allons toutefois définir comment.
    Sans surprise également, c’est à leurs résultats que nous allons nous référer. En cette période prioritairement axée sur les compétences, nous parlerons de leurs réalisations, car à mes yeux, elles englobent autant le résultat que les moyens mis en œuvre pour l’obtenir. Nous avons la chance, en EPS, de pouvoir nous confronter à la performance. Elle tient lieu autant de l’inné que de l’acquis dans certains cas. C’est dur à dire, mais il en est ainsi.Mais notre intervention d’éducateur/formateur nous permet de la modifier en travaillant sur les capacités (à moindre effet) et sur les compétences (un domaine beaucoup plus facile à aborder avec 3heures hebdomadaires).
    Nous mettons donc en avant la progression de nos élèves au regard de l’amélioration des performances par l’affinement du geste. Utilisant des outils communs pour relever ces performances, et les habiletés transformées pour en améliorer la valeur, nous avons pu mettre en place des temps de concertation pour harmoniser facilement nos grilles.Un exemple trivial, mais très significatif : l’athlétisme; Sur la base d’un générateur de barèmes, la série des applications CHRONOPerf (iOS/Android), SAUTPerf, LANCERPerf (sur le site de PDAgogie.com http://www.pdagogie.com rubrique « Applications ») met en avant cette opportunité donnée localement de travailler sur des échelles adaptées à son environnement ou plus globales et attester de la progression des élèves.
    D’un apport anodin, nous sommes passés en une année et demi à un apport considérable d’information et de mise en avant du suivi et de la progression des élèves.
    Les réunions d’équipes pédagogiques, lieux de concertations diverses sur les facilités et les difficultés de nos élèves ont intégré la « matière numérique » comme objet de quantification, mais également comme lieu de création et de modification des outils.
    Une réflexion sur les caractéristiques où le numérique vient accompagner les échanges par son côté « absolu« . Indépendamment de la valeur du résultat, les conditions de son relevé sont appréhendées, donnant à chacun le rôle qu’il mérite et de ce fait, puisque l’outil est entre les mains des élèves, il n’y a qu’un petit pas à franchir pour les intégrer dans le dispositif assez large du travail en équipe.C’est ainsi que nous leur présentons leurs actions, comme contributives de l’évolution des outils et des projets qu’ils accompagnent. Et à ce propos, au sein des équipes, et en fonction des compétences de chacun, se développent les outils de demain, modestement locaux et partagés ensuite avec la communauté éducative afin de retranscrire dans une ergonomie simple et efficace, les attentes, les besoins, les critiques, somme toute, la valeur des concertations passées.
  • Les effets du numérique en EPS

    Les effets du numérique en EPS

    MartialP_230414Ce qui exprime le mieux ces questionnements divers est la capacité à proposer des réponses sans cesse nouvelles et originales qui ne se limitent plus aux textes qui régissent les programmes et leur accompagnement, et qui prennent en compte les logiques des environnements et des personnes.

    C’est tout naturellement que le numérique s’est imposé parmi les outils du professeur d’EPS, alliant aux contenus et stockages dynamiques un atout de premier ordre : la mobilité !

    Il n’est pas nécessaire de faire un historique de la technologie, mais se rappeler que tout a démarré sur un ordinateur domestique, loin du terrain, pour élaborer des fiches, et que ces fiches se sont invitées sur des supports mobiles, périphériques portables (ordinateurs, PDA, tablettes aujourd’hui) qui sont sortis des salles de classe pour investir les salles de sport et les stades.

    Un nouvel élan est né alors : le traitement immédiat des données.

    C’est là que réside un des aspects fondamentaux de la création d’outils numériques éducatifs dans le domaine de l’éducation physique et sportive. Car la force de l’enseignement réside dans la mise en avant des progrès individuels.

    Les effets du numérique sont de plusieurs ordres ; principalement deux  : agir et s’interroger.

    Avec le traitement immédiat de l’information et la possibilité de la restituer rapidement, on en arrive à créer des outils de plus en plus performants. Ces outils se concentrent sur la gestion de masse et cette gestion de masse implique la multiplication des occurrences.

    Pour les utilisateurs assidus du numérique en EPS, des problèmes d’un nouvel ordre sont nés. Un exemple trivial : la fatigue ! La possibilité offerte d’enchainer la prise de performance (athlétisme, natation) ou toute forme de réalisation motrice (danse, gymnastique, matchs) en optimisant la prise d’information et en s’assurant de sa conservation et de sa synthèse, génère des enchainements plus nombreux, une somme de répétitions, actives, dont l’engagement moteur connait ses limites dans les capacités individuelles.

    Nous nous sommes livrés malgré nous à une petite expérience dans mon établissement scolaire. Lors de l’utilisation de la tablette pour des chronométrages en athlétisme, au moment de la création de l’application CHRONOPerf, un de mes collègues a émis l’idée d’avoir un retour immédiat de deux ordres pour l’élève : comparer le temps venant d’être effectué à sa meilleure performance, et comparer ce temps avec celui effectué précédemment.

    A l’origine, il s’agissait de donner une information rapide visant à avoir un retour sur les effets immédiats des consignes liées au niveau de réalisation et de la régulation (en complexification ou simplification) apportée par l’élève. Et de manière tout à fait empirique est venue se greffer une information importante qui nous a obligé à redéfinir nos séances de manière tout à fait précise. En constatant une forte répétition de valeurs moins performantes dans le temps et ce, non pas sur un élève, mais sur un groupe complet d’élèves, il s’avère qu’il n’est absolument pas nécessaire de poursuivre, et peut-être revoir à l’avenir les objectifs, car les élèves fatiguent…

    De ce fait, un pictogramme initialement prévu sous la forme d’un plus ou d’un moins s’est transformé en véritable message d’alerte dont la fréquence de répétition dans une même série a pour vocation d’avertir le juge/observateur (qui peut être un élève le cas échéant).

    Qu’est-ce qui est interrogé dans cette démonstration ? Il s’agit de l’accroissement du temps ou du volume de pratique ! Car sous l’effet de l’accélération des traitements, il devient alors possible d’en produire plus.

    La consommation de numérique, dans des cas très précis, n’est-elle pas à prendre avec précaution ?

    Notre logique de vouloir toujours mieux faire, surmonter les difficultés et produire des outils performants pour rendre les élèves performants, ne nous éloigne-t-elle pas parfois des réalités liées à l’intensité optimale qui nous est permise et que nous dépassons en toute honnêteté sans véritablement nous en rendre compte ?

    De ce fait, par des créations très performantes, ne sommes-nous donc pas en mesure aujourd’hui de nous attacher à des aspects plus fondamentaux ? C’est un fait. Et la précaution à prendre réside dans la manière dont on finalise un outil. Un des effets inattendu de cette profusion de possibilités nouvelles est dans la conservation de la place du professeur.

    Car une machine ne pourrait-elle, en allant trop loin, le tenir à l’écart ?

    Je ne ferai pas de philosophie facile sur ce sujet car le débat est très large et la réalité loin d’être alarmante, mais il m’est arrivé de me confronter, lors de la création d’outils, à des attentes hypertrophiées. Nous avions par exemple, entrepris de travailler sur un outil simple d’observation en sport collectif. Un relevé de statistiques basé sur le nombre de fois où une équipe entre en possession du ballon, un des joueurs tire et marque, ou non. Deux statistiques importantes : le taux de tirs, par rapport au nombre de possessions (pour une vision collective du jeu) et le taux de buts marqués, par rapport au nombre de tirs (pour des aspects de situations favorables).

    Deux formes de demandes sont apparues :
    – Détailler les fonctions (zone de tir, tir en situation favorable,…). Cet outil ayant été créé pour des élèves de collège, il a été fortement investi par les professeurs eux-mêmes, plus exigeants et entrant avec force dans le numérique, et peut effectivement se montrer insuffisant.

    – Interpréter les résultats ! C’est sur ce point que les attentes sont intéressantes.
    D’abord indissociable de la première attente, l’interprétation demande un niveau d’analyse conséquent, et pas forcément à investir sous la forme d’automatismes. Les chiffres ne sont pas une fin en soi. C’est au professeur, à l’enseignant, de s’appuyer sur eux pour illustrer ce qu’il a pu voir.

    Et c’est important, car les tâches d’observation sont à déléguer aux élèves pour les aider à s’approprier ce qui détermine les éléments constituant les informations relevées (qu’est-ce qu’une perte de balle ? quand doit-on considérer que la balle est perdue ? de la même manière justifier que l’action est bien un tir (fonction de la position des défenseurs, des options offertes par les partenaires, etc…).

    Dans un précédent article, je m’attachais à souligner le côté simple des outils numériques.  Nous renforçons ici leur côté efficace. La simplicité est vite consommée au regard de la puissance de ce que permettent les outils actuels. La création qui en découle rend leur utilisation plus complexe.

    Complexe car plus performante d’un côté, impliquant une forte créativité des concepteurs et des demandes et attentes en amont. Complexe car compliqué dans la mesure où ils ne sont pas adaptés aux publics concernés malgré un affichage vantant la qualité du concept.

    De la création à la consommation s’impose un passage obligé par le regard des enseignants. Le numérique s’est imposé comme un outil forçant à s’adapter. L’étape suivante est acquise aujourd’hui, c’est aux créateurs d’applications de comprendre les enjeux du terrain et de proposer des outils polyvalents et aux réelles plus-values pour les publics concernés.

  • Le numérique : simple et efficace ?

    Le numérique : simple et efficace ?

    Une démarche de diffusion…

    Si on y regarde de près, sur le terrain des buts à atteindre, la connaissance précise des objectifs à se fixer et des étapes à franchir impose une conception méticuleuse des outils de régulation.

    Cette conception induit la possibilité d’une régulation rapide et efficace en temps réel.
    Ce dispositif a longtemps été valorisé, et le demeure, sur le terrain des applications ‘ouvertes‘ permettant à l’utilisateur de pouvoir y apporter les corrections nécessaires ou interventions souhaitées très rapidement.Ce concept fait les beaux jours des suites bureautiques (et en particulier les tableurs) ou, phénomènes encore récents, des livres à construire (type ibook, diaporama ou didapage), objets de création à partager que ce soit entre concepteurs ou du concepteur vers l’utilisateur.Ce mécanisme d’échange a produit de nombreux outils des plus simples aux très évolués qui ont impulsé un mouvement conséquent qui met en évidence une problématique réelle liée à la logique de son utilisation. On peut dire aujourd’hui que le numérique ne rencontre que peu d’obstacle à son utilisation de fond, mais par contre, se heurte assez souvent à l’écueil de la forme.Dans un précédent article, je mettais en avant la valeur de l’enseignant/développeur. Il apparaît incontournable de considérer ce propos comme allant au-delà d’une manifestation corporatiste qui renvoie dos à dos les éditeurs et les utilisateurs, et il s’agit bien de revenir sur cette notion de fond déterminante pour la valeur d’un outil. Un fond qui se construit sur l’idée et l’expérience.

    MartialP3_310314Des outils classiques aux outils numériques…

    J’ai un exemple très précis que j’utilise très souvent et dont je souhaite à nouveau me servir. Le relevé d’une performance temps : le chronomètre.Outil indispensable du professeur d’EPS, il symbolise aussi très certainement ce que peut être l’outil de base dans une discipline.Ce chronomètre, outil ‘classique‘ est devenu avec la technologie tactile un outil ‘numérique‘.
    Nous partons d’un usage simple, facile d’accès, y compris pour nos élèves, que nous passons de sa forme basique (un boîtier, 3 boutons, pour une somme modique) à une forme élaborée (un écran tactile, pour une somme plus conséquente). Sur le fond, il n’y a pas grand chose à avancer. On lance une activité de chronométrage, on valide des temps… Sur la forme, il apparaît plus compliqué de valoriser l’usage du numérique pour un coût bien supérieur et en considérant simplement la saisie de temps de course.Hors, la plus-value issue de ces actes simples s’attache à la manière dont est pensé l’application sur le support technique qui lui est attribué. Comment rester simple tout en offrant un service supplémentaire et de qualité aux utilisateurs, dont l’objectif principal demeure la mise en évidence du progrès, la valorisation des apprentissages et l’atteinte des meilleurs résultats ?
    Tout d’abord, bien penser que l’on ne peut pas tout demander au numérique. Son utilisation demeure, comme à beaucoup d’occasions, un acte ponctuel dont la vocation est de valoriser l’instant par la possibilité d’avoir une connaissance plus approfondie du résultat.
    L’acte pédagogique premier n’est pas d’offrir un résultat traité, mais bien de mettre en avant la réponse à des consignes, orientées par des buts et ponctuant l’atteinte progressive d’objectifs. De ce fait, la complexification permanente des outils n’est pas une mesure de l’évolution de ces mêmes outils, mais une complexification de l’utilisation qui finira par se transformer en abandon, pour ne pas dire rejet !MartialP_310314Une application faisant tout à ‘ma‘ place aurait en effet dévastateur sur l’image de ce qu’est apprendre, la position de l’enseignant et la valeur de l’essai/erreur avec une interaction humaine.
    L’association par la suite, d’information d’un nouveau genre (dans l’exemple la vitesse, l’amélioration par rapport à la performance précédente, l’atteinte de la meilleure performance) apportera le plus nécessaire à la valorisation de l’action et à la relation privilégiée à l’outil qui accumule des capacités qu’il est difficile d’avoir pour un enseignant en dehors d’une organisation méticuleuse mais ‘chronophage‘ !
    Très concrètement, je vous invite à aller faire le tour des différents Market pour y relever, dans cet exemple très précis, l’ensemble des applications gratuites et payantes qui se proposent de rendre ce service. Et la mission qui vous incombe est de pouvoir relier en un temps record (celui que vous impose la participation optimale de chaque élève lors d’une séance de pratique) la performance à celui qui l’a réalisé tout en lui permettant d’avoir accès à un bilan immédiat à la fin du cours ainsi qu’en rentrant chez lui.
    Et pour corser le tout, permettre de diffuser cette information dans le temps, de l’uniformiser dans une équipe éducative, car il me semble important d’offrir une formation de qualité à l’ensemble des élèves d’un établissement et pas seulement à quelques groupes par manque de formation et de moyens.
    Pour arriver à cela, il apparaît que la mise en place de telles séances doit être intuitive. Tirées des problématiques de terrain, des contraintes du quotidien et de la connaissance des moyens en place, un nombre restreint d’applications peuvent prétendre répondre à ces aspects, tout en gardant une fonction simple, ponctuelle et peu contraignante.La prise en compte minutieuse des manipulations nécessaires à l’organisation d’une séquence de prise de performance, de la création des groupes et des épreuves à l’apprentissage des manipulations à effectuer pour chronométrer, permet d’optimiser la valeur du numérique et renforce le côté performant de l’information supplémentaire décrit précédemment.
    Plus qu’une formation devenue nécessaire face à la multiplication des propositions d’application, d’usages et d’expérimentations, la structure des produits proposés par les développeurs revêt une importance capitale dans le choix d’entrer dans le numérique comme celui d’y poursuivre et y avancer.
    MartialP2_310314N’oublions pas que les outils passent de l’enseignant à l’élève. Si ce n’est pas le cas, ils doivent y passer obligatoirement. Pour arriver à ce que cet acte de confiance et de responsabilisation se fasse, il faut bien que chacun, à son tour puisse maîtriser dans sa quasi totalité l’application utilisée pour la fonction à laquelle il la destine et que cette application, ponctuellement, accomplisse ce à quoi on la destine… simplement…

    Les contraintes du changement…

    Par rapport à ce que nous connaissions des fichiers que nous échangions, et que nous échangeons encore, l’arrivée des tablettes et de nouvelles technologies ont considérablement réduit les utilisations tout en offrant malgré tout une vision très encourageante des avancées.La nécessaire adaptation à la mobilité s’est faite au travers de l’apparition d’outils d’un nouveau genre, fermant de manière évidente l’accès à des modifications personnelles, mais ouvrant l’usage à des publics variés, développant de ce fait une nouvelle pédagogie, numérique et résolument évolutive.L’école avance dans l’ère du numérique. Et ce ne sont pas les propositions les plus technologiques qui en sont la cause, mais bien les idées les plus adaptées, souvent simples, mais répondant de manière précise à des préoccupations précises.A cette place encore, nous trouvons les principaux intéressés. Eux-mêmes sous la pression de leur public quotidien.

    Il s’agit bien des enseignants et de leur capacité à juger de l’efficacité de ce qui leur est proposé au regard des résultats qu’ils recherchent, non pas pour que la technologie les remplace, mais bien pour qu’elle les épaule. Et simplement.
  • Numérique et EPS au travers des ENT

    Numérique et EPS au travers des ENT

    Martial2_ENTetEPS_100314

    Les ENT[1] proposent de manière prédominante deux modes d’entrée :
    – L’aspect administratif et informatif, par le cahier de texte, le carnet de note et les brèves
    – L’aspect collaboratif, par des communautés de travail où s’échangent différents fichiers entre les membres

    L’impérative connexion qui découle de ces usages demeure un obstacle pour une discipline qui trouve sa force en dehors des établissements, occupant l’espace et le temps d’une manière obligatoirement différente.

    Quel concept d’usage ?

    Le principe proposé est de partager le temps en deux parties bien distinctes qui, pour l’une consistera à récupérer et transmettre des données, et pour l’autre à prélever les données sur la base des réalisations des élèves, cette même prise d’informations étant assurée par les élèves eux-mêmes.

    L’outil de prédilection est la tablette tactile, combinant ergonomie, autonomie et multiplicité des outils dans un seul et même périphérique.

    Préparer son intervention

    Afin de pouvoir agir au mieux sur le terrain, en présence des élèves et dans un souci d’efficacité optimale, la saisie des informations de base (constitution des groupes, ou simplement élèves en activité sur la séquence observée) doit se faire le plus simplement et le plus rapidement possible. En insérant une base d’élèves commune à toutes les applications, et en permettant à chaque application de manipuler cette base en fonction des besoins de l’enseignant, cette étape fastidieuse en devient performante ouvrant une voie sans équivalent au travail en autonomie par l’harmonisation de la structure initiale.

    Martial_ENTetEPS_100314Réaliser la prise d’informations

    Cette harmonisation a pour effet de faciliter le transfert de responsabilité dans la saisie des résultats de l’enseignant à l’élève. Il n’estompe en rien la difficulté première de la valeur du résultat prélevé et ajoute une nécessaire formation à l’utilisation du périphérique de saisie, mais cette nouvelle intervention aura un effet particulier sur les compétences et la validité des résultats dans un laps de temps très court du fait de l’ergonomie des applications.

    Finaliser la prise d’information

           Sur le terrain
    Très rapidement, il devient alors envisageable de donner, au cœur de la leçon, une connaissance immédiate et synthétique des résultats. Cet ensemble se constitue de deux grandes entités distinctes apportant chacune sa valeur ajoutée aux réalisations.

    . Au cœur de la pratique

    En étant déchargé de ces tâches d’administration, l’enseignant se rapproche de ses élèves et intervient à l’instant où cela s’avère nécessaire. La faculté qui lui est donnée de se détacher de la séance, prendre du recul et observer les réalisations de manière globale ou ciblée, lui permet d’intervenir à l’instant opportun pour apporter une aide, un soutien ou des précisions sur un besoin précis et identifié.

    . Pour finaliser la pratique

    Un temps plus important peut être accordé aux bilans. Non pas un temps long, mais plus institutionnel qui ne laisse personne quitter une séance sans informations sur les objectifs ayant été atteints ou non. Le bilan se construit sur une vision générale de ce qui a été réalisé, que ce soit en termes de performance, de fréquence ou de qualité.

          En dehors de la leçon

    L’ensemble des points précédents est transmis sur le serveur[2] dédié à cette pratique. La mise en ligne des résultats, non nécessaire pendant l’action, mais possible dans un environnement connecté, permet un cumul des informations assurant un relai à ce qui a été dit sur le terrain et qui devient accessible à chaque élève dans un environnement personnel et sécurisé.

    Comme le devoir de mathématiques revient à la maison, les résultats de la pratique le font en Education Physique et Sportive.

    Cette consultation aura également pour effet de permettre des décisions en amont, et en aval des temps institutionnalisés du cours, forme de pédagogie inversée où les apprentissages se font en amont et se concrétisent sur le terrain.

    Pourquoi procéder ainsi ?

    La connaissance du résultat s’avère être un aspect fondamental des apprentissages. Nous y joignons à présent la mémoire du résultat. Que ce soit pour un élève ou un enseignant, le cumul d’informations laissées sans traitement s’avère sans effet sur l’évolution de la pratique. A chaque effet sa cause, et pour la déterminer, comparer le résultat aux conditions de l’action est un atout déterminant.

    Aujourd’hui, avec l’arrivée en masse des tablettes, l’outil vidéo reprend tout son sens auprès des professeurs d’éducation physique. Un outil devenu prise de vue mais également visionnage immédiat dans des conditions de qualité, d’une part par la performance technique des tablettes, mais également par la mise à disposition d’outils d’analyse de qualité.

    Le problème du stockage et de la diffusion demeure. Par contre, celui de la restitution différée a nettement été résolu, au profit d’une pédagogie de l’interprétation, de la visualisation et de l’identification, qui dépasse largement le risque dénoncé du modèle ou de la reproduction du niveau d’expertise.

    Sur ce modèle de l’image, la quantification et la qualification des actions va apporter un flot de conceptions nouvelles de l’enseignement et favoriser le travail interdisciplinaire.

    La brique ENT rend accessible aux mathématiques, à la technologie, au français, … les contenus de l’éducation physique et va favoriser la validation de compétences extraites de leur contexte d’apprentissage et insérées dans un environnement nécessitant une adaptation.

    Nous avons vu apparaître, dans certains établissements, un travail en mathématiques adapté au niveau de la classe de quatrième et les statistiques[3], une petite révolution pour les élèves qui ont tous travaillé sur le même devoir, mais avec leurs données personnelles, donc différentes !

    Conclusion

    De l’établissement au terrain ; du terrain au cadre privé : les ENT peuvent à présent proposer un troisième volet proche de l’élève.

    Le volet des briques disciplinaires, mettant en avant le travail accompli en en valorisant la qualité et la quantité. Chacun y accède à titre personnel et le partage (ou non) pour y adjoindre ses envies et ses choix.

    Cette considération d’un nouveau genre, souvent valorisante, vient renforcer la volonté de motiver ou remotiver les élèves en leur donnant la vision d’une école qui s’intéresse à eux et développe des outils en accord avec un monde qui évolue et se transforme au rythme des évolutions technologiques.

    L’éducation physique et sportive apporte ici sa contribution à la validation des compétences, met en avant son esprit d’innovation et sa capacité à répondre aux besoins et préoccupations de tout un chacun, par la proximité de ses contenus, en accord avec les demandes individuelles, et sa capacité à expliquer et synthétiser les résultats pour avancer par objectifs, au rythme des groupes et en accord avec les principes fondamentaux de progression par niveaux.



    [1] Environnement Numérique de Travail
    [3] ATP Network, en tennis de table, badminton, boxe, pour la compréhension des résultats et l’élaboration de stratégies individuelles.
  • Les enseignants : une force de proposition pour avancer dans l’ère du numérique ?

    Les enseignants : une force de proposition pour avancer dans l’ère du numérique ?

    MartialP_110214L’orientation prise autour de la confiance sans faille aux éditeurs classiques, transformant à grand peine le marché classique du papier, en le justifiant par un cartable numérique tout en un, ne délivrait au final, qu’une vision simpliste au regard d’un potentiel accru.

    J’en tiens pour preuves toutes les expérimentations pluridisciplinaires que nous trouvons autour de l’utilisation de l’image que permettent les tablettes.

    A ce titre, voulant répondre à un projet d’équipement, j’ai trouvé chez mes collègues 2 types de réponse:
    « on pourra y mettre nos cours, documents, et autres supports » ou « c’est intéressant pour pouvoir prendre des images et des vidéos »

    Oui ! mais pas seulement…

    Tout d’abord, ne pas négliger le fort potentiel et la maîtrise technique de certains enseignants/développeurs, ayant intégré les usages innovants et en particulier le numérique, depuis de nombreuses années dans leur pédagogie. Ils possèdent en eux, l’ensemble des qualités que ne peuvent offrir, ou alors de manière incomplète, les ténors de l’industrie.

    La différence tient en l’observation quotidienne de l’évolution de leur métier : un moyen de réagir en temps réel et une adaptabilité toute particulière. Mais surtout en une capacité à identifier les besoins, à les interroger et y répondre avec une infinie précision, même si parfois la tâche s’avère juste ponctuelle, locale et surtout difficile.

    Cet aspect très professionnel, s’appelle les “règles métiers”. Un ensemble de détails qui sont un atout pour le professeur, un écueil[1] pour les développeurs.

    C’est pourquoi j’insiste sur ce potentiel conséquent que possède l’éducation nationale en son sein et que le projet “faire entrer l’école dans l’ère du numérique” semble oublier alors même que je l’aurais renommé “faire avancer l’école dans l’ère du numérique” !

    Je pense qu’il est important de prendre les devants et que, même avec des moyens qui peuvent sembler dérisoires, il est possible d’être force de proposition dans un domaine où il devient urgent d’être efficace.

    Je pose la question à partir d’un concept simple : cessons de nous poser le problème comme étant celui de la ressource, mais plutôt celui du besoin !

    La ressource est omniprésente, partout. A un point tel qu’aujourd’hui, on ne la diffuse que très difficilement, car elle se livre une concurrence impitoyable en fonction des supports (papier, CD-ROM, tablette, internet). Et il apparaît évident qu’on y ajoute chaque instant des contraintes d’utilisation supplémentaires. A sujet similaire, éditeur différent.

    Mes vielles éditions de Molière ne sont plus adaptées à celles d’aujourd’hui, et pourtant cela reste du Molière !

    Je me permettrai une réflexion plus longue sur cet aspect qui inquiète, alors que Google devient le précepteur incontournable de nos élèves et que nous luttons contre…

    Et de revenir sur mon sujet principal : l’énergie des enseignants, et le potentiel des enseignants/développeurs !

    En Essonne, une initiative d’abord locale, s’étend à l’ensemble du territoire, sur la base d’une idée simple. Une idée qui dénonce l’accès aux ressources sur un aspect fondamental qu’est la “facilité”.

    Un collège[2] impulse un moyen différent d’accéder aux contenus : partir de la liste de ce qui est essentiel à retenir d’un cycle de 4 ans au collège. Idée simple, mais qui comporte quelques restrictions que les professionnels doivent intégrer, professeurs ou éditeurs. L’application, « MonCollege« [3],a pour ambition d’intégrer l’ensemble de ces contenus de base dans toutes les disciplines[4], de manière progressive et collaborative, et de les rendre accessibles gratuitement, hors-ligne (et c’est important, car la connexion a un coût pour les élèves).

    Le coeur de cette construction tient à une présentation épurée où l’information est essentielle, facilement assimilable et correspondrait à la connaissance de l’approche des contenus, non pas par le professeur, mais par l’élève, premier concerné.

    Après plusieurs semaines, il semble bien que l’aspect technique du développement ne soit pas l’obstacle le plus conséquent, mais bien cette réflexion nécessaire de l’adulte pour offrir des formations intégrant la notion de BYOD[5] que nous détournons en UYOD (use your own device) pour donner à l’objet technique une fonction éducative de chaque instant.

    Le pari est de présenter le contenu pédagogique comme étant un contenu ludique. De proposer une consultation en amont des éléments ou évènements importants et de rejoindre le concept de “classe inversée” cher à Marcel Lebrun[6]. De montrer que le numérique tient une place dans le quotidien, tant au niveau du multimédia commercial que dans l’utile éducatif.

    « MonCollege » redonne aux enseignants la place importante qu’ils occupent dans les transformations actuelles, là où beaucoup d’entre eux ne se sentent pas concernés ou dépassés par ce qui est en train de changer. Il n’est pas rare de voir s’opposer des arguments comme “de toutes façons, ils [les élèves] sont meilleurs que moi, je n’y connais rien”, alors que le débat d’aujourd’hui n’est plus sur la forme, mais sur le fond, et qu’il apparait comme évident que ces mêmes enseignants n’ont rien à craindre du numérique pédagogique, car c’est par eux que passera la validité des savoirs retenus.

    La question est posée. Ne serait-il pas nécessaire d’utiliser enfin les compétences de nos enseignants, à commencer par ceux qui sont en capacité de développer ce genre d’idées, et bien d’autres, pour donner corps à “des apprentissages par et au numérique” ? Question de fond il me semble !

    Notes :


    [1] doit-on répondre à toutes les attentes, sachant que si ce n’est pas fait, le support risque d’être abandonné ?

    [2] Collège Les Pyramides à Evry

    [3] disponible aujourd’hui sur Google PLAYSTORE uniquement, mais prochainement sur APPSTORE

    [4] aujourd’hui: mathématiques, sciences physiques, histoire, anglais de manière incomplète

    [5] de l’anglais “Bring your own device”, où l’élève utilise en classe son propre périphérique (smartphone, tablette,…)

    [6] Marcel Lebrun, docteur en Sciences, est  actuellement  professeur en technologies de l’éducation et conseiller pédagogique à l’Institut de Pédagogie universitaire et des Multimédias (IPM) de l’UCL (Université catholique de Louvain à  Louvain-la-Neuve, Belgique)