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  • Où en est l’humain face au numérique et où se placent l’Ecole et la Recherche ?

    Où en est l’humain face au numérique et où se placent l’Ecole et la Recherche ?

    Lors de la journée d’étude du 18 février sur la mise en partage d’une année de recherche sur le sujet, nous avons interrogé François Taddéi, directeur du centre de recherches interdisciplinaires (CRI) à Paris, directeur de recherche à l’INSERM et membre du conseil scientifique de la chaire numérique du Collège des Bernardins sur le sujet ; deuxième épisode de notre série « L’humain au défi du numérique ».

    Avec le numérique, les équilibres entre le savoir et le pouvoir ne sont plus ceux d’hier.

    « Le numérique donne accès à beaucoup plus de choses, à beaucoup plus de gens et il peut enlever une partie du prestige, par exemple de l’autorité, tel que le monde académique issu de l’imprimerie, peut le représenter ».

    L’autorité n’est plus celle des générations précédentes car une partie du savoir est disponible ailleurs et « on peut le vérifier et éventuellement l’infirmer ».

    D’autre part, les technologies continuent à évoluer de manière exponentielle donc la question est : « comment prépare t-on les générations futures à ce défi » ?

    Même si personne n’est en mesure de répondre à cette question, il faut quand même se la poser et d’après François Taddéi, c’est une règle à 4 C : la capacité à coopérer, la capacité à être créatif, la capacité à communiquer avec les autres et la capacité à faire preuve d’une critique constructive.
    Il y ajouterait même un 5ème C qui serait la compréhension de la complexité.

    Le monde a besoin de plus d’intelligence collective mais comment améliore t-on notre capacité à développer notre intelligence collective ? Les machines peuvent-elles nous y aider ?

    François Taddéi pense en effet que les outils numériques peuvent permettre d’aboutir à une meilleure intelligence collective dans la mesure où nous les maitrisons.

    L’Ecole au défi du numérique

    « Ce qui est vrai, c’est que le monde extérieur à l’Ecole et en particulier les technologies, évoluent plus vite que l’Ecole ». Ce qui expliquerait, d’ailleurs, que la différence qu’il y a entre ce que vivent les jeunes sur les réseaux sociaux ou par leurs pratiques personnels et ce qu’ils vivent en classe a tendance à s’élargir.

    Pour les accompagner au mieux, François Taddéi serait d’avis de leur apprendre à comprendre ce qu’il y a dans les « boîtes noires » à commencer par leur cerveau. C’est une question difficile à traiter mais à minima, il serait pour laisser plus de liberté aux enseignants, « pour qu’ils puissent agir, en fonction de ce qu’ils ressentent de la réalité de leur classe ».

    Et il ajoute que la formation des enseignants n’est pas suffisante.
    Un point qui est couplé à un autre problème : le manque de budget en R & D.

    « Tous les autres ministères, la santé, le transport, la défense etc, ont un budget de R & D ce qui leur permet de progresser et de faire progresser les missions régaliennes de l’Etat ».

    L’Education Nationale ne bénéficiant pas de ces budgets, les nouvelles pratiques ne sont pas transmises aux enseignantes et « il est donc naturel que l’écart se creuse , même si beaucoup d’enseignants font tout ce qu’ils peuvent pour préparer au mieux les élèves », conclut t-il.

    Et la Recherche alors face au défi du numérique ? Ce sera un des points abordés dans le dernier épisode. à suivre…


    A propos de la Chaire de recherche du collège des Bernardins :

    Elle est consacrée pour la période 2015-2017 à une réflexion partagée associant des chercheurs des praticiens du Numérique d’une part et des philosophes, anthropologues, théologiens, sociologues, économistes, d’autre part.
    Cette recherche cartographie les principaux éléments de la culture numérique et surtout les principaux impacts sur l’Homme et la société et élabore un cadre de pensée qui permet de concevoir le développement des technologies numériques comme un progrès pour l’Homme et non comme un risque de négation de son humanité, un cadre permettant de faire naître un humanisme numérique.

    Plus d’infos sur la Chaire numérique :
    www.collegedesbernardins.fr

    Plus d’infos sur la journée d’étude du 18 février 2016 :
    www.collegedesbernardins.fr/fr/evenements-culture


    Voir le premier épisode avec Jacques-François Marchandise.

     

  • L’humain au défi du numérique, par Jacques-François Marchandise

    L’humain au défi du numérique, par Jacques-François Marchandise

    On a l’habitude de parler de numérique avec des grands mots comme “révolution“, par exemple ; moi, je n’utilise pas ces mots-là et je préfère souvent parler de transition.

    JF Marchandise pose la question des changements systémiques que provoque le numérique, « d’une transformation d’ensemble qui va changer le jeu d’acteurs ».

    Dans ce monde transformé par le numérique, JF Marchandise avoue n’être pas persuadé de la causalité numérique.

    « Je ne suis pas sûr que ce soit le numérique qui produise les transformations du travail, par exemple ».

    De la même manière, il est certain qu’à l’Ecole, les élèves n’apprennent pas comme avant, « mais le numérique outille des nouvelles façons d’apprendre ».

    Ce que constate JF Marchandise, c’est que le numérique n’agit pas toujours dans le même sens ; c’est pourquoi il déclare avoir un doute sur « le fait qu’il y ait des mutations numériques homogènes pour l’homme ».

    Un des défis de la Chaire est de trouver « sur quoi on a prise et sur quoi on peut agir pour définir les environnements de demain ».

    Le constat est fait que notre vision du numérique est très linéaire, que le numérique irait toujours dans un seul sens : « le sens du progrès et du toujours plus ».
    Il est possible que demain, l’Homme soit confronté à des grandes crises, politiques, économiques ou sociales liées au numérique et il faut s’y préparer en explorant d’autres chemins.

    Sur le sujet des grands acteurs américains du numérique, JF Marchandise est réservé pour dire que ce sont eux qui vont gouverner le monde.

    Aujourd’hui, ce ne sont pas les plus grandes armées qui remportent les plus grandes victoires, souligne t-il.

    Par rapport au pouvoir de la machine sur l’homme, la question qui se pose est celle de la réversibilité. JF Marchandise donne l’exemple de Google Map : aujourd’hui, j’utilise Google pour trouver mon chemin mais « serais-je capable de trouver mon chemin en demandant aux gens dans la rue et en regardant les panneaux » ?

    Il est donc indispensable que nous soyons capables de maîtriser nos propres outils, « parfois même d’ouvrir le capot » pour éviter ce qu’appellerait Bernard Stiegler « la prolétarisation » et subir la gouvernance des systèmes et plutôt faire en sorte qu’ils nous aident à gouverner.

    Notre part de liberté, elle s’exerce dans le fait de ne pas prendre le chemin le plus court que nous indique la machine.

    « La bonne nouvelle, c’est que le numérique n’est pas impeccable ; il tombe en panne, il est imparfait ».
    En d’autres mots, le numérique a besoin de l’intervention humaine.

    Enfin, sur le phénomène de : « il faut rattraper le retard » avec toujours une course en avant ; ce phénomène est, d’après lui, entrain de se calmer. Toute personne peut aujourd’hui se poser des questions car elle a un meilleur accès à la complexité du monde.

    « Il y a un début de “conversation“ » et c’est aussi un enjeu de la Chaire « est ce qu’on arrive à élaborer un peu plus profondément que d’habitude mais à restituer cela d’une façon prenable par tout un chacun », conclut-il.

    A propos de la Chaire numérique de recherche du collège des Bernardins

    Elle est consacrée pour la période 2015-2017 à une réflexion partagée associant des chercheurs des praticiens du Numérique d’une part et des philosophes, anthropologues, théologiens, sociologues, économistes, d’autre part.
    Cette recherche cartographie les principaux éléments de la culture numérique et surtout les principaux impacts sur l’Homme et la société et élabore un cadre de pensée qui permet de concevoir le développement des technologies numériques comme un progrès pour l’Homme et non comme un risque de négation de son humanité, un cadre permettant de faire naître un humanisme numérique.

    Plus d’infos sur la Chaire numérique

    http://www.collegedesbernardins.fr/fr/recherche/chaire-des-bernardins

    Plus d’infos sur la journée d’étude du 18 février 2016

    http://www.collegedesbernardins.fr/fr/evenements-culture/conferences-et-debats

     

  • Faut-il éloigner les enfants des tablettes ?

    Faut-il éloigner les enfants des tablettes ?

    Par Laure Deschamps, Fondatrice de ScreenKids – La Souris Grise

    La technologie nous entoure, nous rassure, nous met en lien, cristallise nos relations et nos émotions. Les enfants, avant même leurs premiers pas, font usage des écrans avec leur entourage : ils regardent des photos de famille avec leurs parents, ils observent et participent aux jeux numériques de leurs frères et sœurs et ils imitent les pratiques digitales de leurs Papi, Mamie, cousins, oncles et tantes.

    Peut-on interdire les enfants d’écrans et de tablettes ? Si l’on observe la réalité quotidienne de la famille, c’est un souhait farfelu.

    De l’organisation de la vie quotidienne à la gestion des vacances, des devoirs scolaires au suivi des activités culturelles ou sportives, des échanges avec les parents éloignés aux SMS complices de tous les jours, les relations passent par les multiples écrans qui peuplent le foyer. Dont la tablette, reine des écrans des plus jeunes avant l’équipement en premier téléphone portable.

    C’est un fait, une réalité, un constat … et une superbe opportunité culturelle. Car utiliser les écrans en famille avec intelligence et parcimonie est à la portée de tous. Derrière les critiques et inquiétudes exprimées autour des écrans se cache la vraie question, celle des usages et des contenus.

    Et même un très jeune enfant, de moins de 6 ans, peut apprendre et jouer sereinement avec une tablette, de temps à autre, en complément de ses autres activités.

    Il faut simplement qu’il ait accès à des contenus pertinents, réellement adaptés à son âge, doux en rythme, beaux en graphisme.

    Des activités numériques qui respectent le rythme de l’enfance et qui laissent libre cours à l’imagination. Des jeux de société digitaux à partager en famille. Des applications intelligentes pour accompagner la scolarité sans transformer la maison en seconde école.

    Ces contenus, ces pratiques, cette profusion de créativité, restent inconnus des familles. Les parents d’aujourd’hui ont besoin d’aide pour gérer les multiples écrans, pour moduler les usages en fonction des âges et pour choisir des contenus adaptés. Ils sont en quête d’accompagnement, de conseils, d’idées dans un monde que nous avons voulu interconnecté, en mouvement perpétuel et en quête de performance technologique.

    Ne transformons pas la tablette en une télé aplatie et inactive.

    Plutôt que d’éloigner les enfants des tablettes, aidons les parents à les utiliser comme des vecteurs de culture, de voyages imaginaires et d’apprentissages.

    A propos de La Souris Grise :

    La Souris Grise est éditée par ScreenKids, l’expert des contenus numériques pour enfants. Cette jeune société parisienne, bien connue des professionnels culture jeunesse, organise formations et événementiels dans toute la France. Sa fondatrice, Laure Deschamps, l’auteure du livre, se passionne pour l’espace d’invention infini ouvert par le numérique et la diffusion de cette culture créative et innovante.

  • Numérique à l’École : une approche sociétale

    Numérique à l’École : une approche sociétale

    [callout]Dans ce deuxième épisode, Jean-Marc Monteil apporte des précisions sur l’approche de la Mission qui vise à positionner l’École au sein d’un courant numérique sociétal.[/callout]

    De retour du terrain, Jean-Marc Monteil et son équipe constatent plusieurs choses : un intérêt manifeste pour le numérique et un certain engouement ; mais aussi beaucoup de questions et d’inquiétudes.

    « Le numérique est là, dans la société et dans l’école. Qu’est ce qu’on en fait ? ».

    Pour Jean-Marc Monteil, il faut clairement afficher que le numérique en soi n’est pas une fin pour l’éducation.

    C’est un moyen de repenser un certain nombre de nos pratiques avec pour objectif d’accroître la probabilité d’accès d’un plus grand nombre d’enfants à l’information et au savoir.

    En effet, le numérique présente des caractéristiques technologiques jamais égalées auparavant comme une présentation diversifiée, des supports diversifiés, etc, qui, « en étant pensées avec une perspective d’enseignement et d’apprentissage peuvent probablement modifier l’efficacité des apprentissages dans un sens positif ».

    Le numérique pour enseigner et apprendre : une entrée par la société.

    « Nous n’entrons pas dans la réflexion sur le numérique dans l’enseigner et l’apprendre par la porte de la classe ».

    C’est cette démarche novatrice que Jean-Marc Monteil tient à souligner car elle se distingue, d’après lui, de toutes les réformes qui ont été appliquées jusqu’à maintenant.

    Le numérique est entrain de changer le paradigme économique et « nous ne pouvons pas imaginer un instant que l’Education, qui est elle-même une organisation, va fonctionner de manière insulaire, totalement protégée de son environnement alors que ses ressortissants, en sortant de leurs établissements, vivent dans une société qui est totalement ouverte ».

    « C’est la raison pour laquelle le discours sur le numérique et l’interrogation sur le numérique deviennent plus naturels puisque c’est quelque chose que nous rencontrons aussi en dehors de l’école ».

    Pour Jean-Marc Monteil, toutes les personnes qui appartiennent à ce qu’il nomme « la grosse structure de l’Education Nationale » ne peuvent pas rester indifférents à cette réalité.
    Eduquer les élèves à comprendre et à entrer dans cette société complexe relève bien de la responsabilité de l’Education Nationale.

    La cible n’est pas l’Education Nationale mais la société dans laquelle l’Education Nationale est un élément extrêmement important.

    C’est bien là la différence d’entrée avec les autres réformes puisque le numérique est une chose qui nous concerne dans notre vie de tous les jours où l’enseignant, l’élève et tous les autres membres de la communauté éducative sont impliqués et où « on commence à avoir une culture partagée », conclut Jean-Marc Monteil.

    Découvrez dans le prochain épisode comment Jean-Marc Monteil positionne l’enseignant au cœur du dispositif du numérique dans la société et balaye toutes les théories qui s’attardent encore à dire que le numérique viendrait remplacer le prof…

     

  • Un monde meilleur ? Survivre dans la société numérique

    Un monde meilleur ? Survivre dans la société numérique

    Venin_UnMondeMeilleur1_081015L’homme semble hypnotisé par les nouvelles technologies, à portée de main via les écrans, les smartphones, les objets connectés de plus en plus sophistiqués… qui sont censés lui faciliter la vie, professionnelle ou privée.

    Pourtant, entre les promesses et les réalités, entre les mirages que véhicule la Silicon Valley et les pratiques sociales qui se mettent effectivement en place, les écarts se creusent.

    Un monde meilleur ? nous invite à vivre une aventure de science- fiction dans les méandres de ce nouvel environnement culturel qui constitue notre réalité quotidienne.

    Sans, bien évidemment, rejeter en bloc ces nouvelles technologies, il est temps en revanche d’observer attentivement les pièges que tend la société technico-financière digitalisée à chaque citoyen comme à chaque organisation.

    L’homo numericus doit ouvrir les yeux sur la portée de ses inventions.

    C’est tout l’objet de ce livre, qui observe dans sa globalité l’écosystème de travail numérisé et met au jour les liaisons dangereuses qui existent entre les TIC et la pandémie du stress au travail.

    Infobésité, manque de temps chronique, dictature des chiffres, dissolution des relations humaines… : jamais l’influence directe de cette « laisse électronique » n’était aussi clairement apparue.

    Patrons, salariés, parents, enfants, pédagogues, dirigeants politiques… nous sommes tous concernés. Et c’est en déchiffrant notre environnement que nous acquerrons les moyens d’agir, d’infléchir et d’orienter nos choix, en refusant de laisser les algorithmes décider pour nous.

  • 25 recommandations pour aider les parents à « faire apprendre » les technologies aux enfants

    25 recommandations pour aider les parents à « faire apprendre » les technologies aux enfants

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    « Comment protéger son enfant », « comment interdire l’accès à son enfant », etc.

    « Aujourd’hui on parle trop de sécurité et pas assez d’autres éléments qui me semblent importants », déclare Thierry Karsenti.

    « Je pense fortement qu’il y a une fracture numérique qui se dessine chez nos jeunes et ce, quelque soit le niveau de vie économique ».

    Il parle de fracture numérique de « 2ème » niveau, c’est à dire que tous les jeunes d’aujourd’hui savent se servir du numérique, mais, alors que certains utilisent les technologies pour apprendre, d’autres, s’en servent uniquement pour socialiser ou pour jouer.

    C’est de ce constat que lui est venu l’idée de « faire des recommandations » pour les parents ; et le premier lot issu de sa réflexion est « comment puis-je aider mon enfant à apprendre avec les technologies ? » de l’éducation aux médias en quelque sorte.

    Un extrait de ce premier lot est :

    « Il faut s’informer des technologies présentes dans notre société, tout particulièrement celles populaires auprès des jeunes ».

    « Il faut amener son enfant à développer un esprit critique et constructif face aux technologies et à Internet ».

    La deuxième partie de la liste de recommandations est liée à l’importance d’ouvrir un dialogue avec son enfant vis à vis de ces technologies « afin de trouver un juste équilibre entre technologies ou pas de technologies du tout, quand les utiliser, les moments avec ou sans technologies » :

    « Il faut planifier, de façon collaborative avec son enfant, des règles précises d’usages ».

    « Il faut parler de technologies à d’autres parents ou amis qui ont un enfant du même âge ».

    Et enfin, le troisième lot parle de sécurité, de prévention, de cyber-intimidation.

    « Il faut parler à son enfant de cybe-rintimidation à la fois pour prévenir mais aussi pour agir ».

    « Il faut amener son enfant à être responsable de ce qu’il fait ou ne fait pas avec les technologies ».
    Plus d’infos :

    Retrouvez toutes les recommandations de Thierry Karsenti sur http://karsenti.ca/25/