Chanda, un mère indienne, est un film indien de 1H36, réalisé par Ashwiny Iyer Tiwari qui sortira le 4 janvier en France.
Chanda est femme de ménage. Elle vit avec sa fille Appu derrière le magnifique Taj Mahal dans des habitations vétustes. Elle rêve que sa fille fasse des études pour avoir une vie meilleure. Mais lorsque Appu lui annonce qu’elle veut quitter l’école pour devenir aussi femme de ménage, Chanda prend la décision surprenante de retourner à l’école dans la classe de sa fille, pour la convaincre de poursuivre ses études.
Ce premier film de la réalisatrice Ashwiny Iyer Tiwari place au centre de sa préoccupation l’accès à l’éducation des femmes et des jeunes filles en Inde.
Comment s’élever socialement lorsque notre environnement (pauvreté, parents seuls, absence de culture) n’est pas favorable ? Comment échapper à ce déterminisme social ? Par quels moyens réussir ? Le film répond à ces questions essentielles en trouvant ses réponses dans l’ascension sociale par l’éducation.
Chanda sait que l’école peut offrir à sa fille une vie meilleure et va se battre pour qu’Appu puisse en avoir conscience. Le ton léger du film, permet d’échapper à tout propos dramatique. La réalisatrice porte alors un regard doux et bienveillant sur le combat de cette mère et donne à ce film solaire une dimension universel.
Le film, recommandé par la ligue de l’enseignement nationale, bénéficie de beaux partenariats, pour accompagner sa sortie en salles, avec notamment la ligue de l’enseignement Paris et Aide et Action, une ONG défendant l’accès à l’éducation dans le monde.
Lors de la journée d’étude du 18 février sur la mise en partage d’une année de recherche sur le sujet, nous avons interrogé François Taddéi, directeur du centre de recherches interdisciplinaires (CRI) à Paris, directeur de recherche à l’INSERM et membre du conseil scientifique de la chaire numérique du Collège des Bernardins sur le sujet ; deuxième épisode de notre série « L’humain au défi du numérique ».
Avec le numérique, les équilibres entre le savoir et le pouvoir ne sont plus ceux d’hier.
« Le numérique donne accès à beaucoup plus de choses, à beaucoup plus de gens et il peut enlever une partie du prestige, par exemple de l’autorité, tel que le monde académique issu de l’imprimerie, peut le représenter ».
L’autorité n’est plus celle des générations précédentes car une partie du savoir est disponible ailleurs et « on peut le vérifier et éventuellement l’infirmer ».
D’autre part, les technologies continuent à évoluer de manière exponentielle donc la question est : « comment prépare t-on les générations futures à ce défi » ?
Même si personne n’est en mesure de répondre à cette question, il faut quand même se la poser et d’après François Taddéi, c’est une règle à 4 C : la capacité à coopérer, la capacité à être créatif, la capacité à communiquer avec les autres et la capacité à faire preuve d’une critique constructive.
Il y ajouterait même un 5ème C qui serait la compréhension de la complexité.
Le monde a besoin de plus d’intelligence collective mais comment améliore t-on notre capacité à développer notre intelligence collective ? Les machines peuvent-elles nous y aider ?
François Taddéi pense en effet que les outils numériques peuvent permettre d’aboutir à une meilleure intelligence collective dans la mesure où nous les maitrisons.
L’Ecole au défi du numérique
« Ce qui est vrai, c’est que le monde extérieur à l’Ecole et en particulier les technologies, évoluent plus vite que l’Ecole ». Ce qui expliquerait, d’ailleurs, que la différence qu’il y a entre ce que vivent les jeunes sur les réseaux sociaux ou par leurs pratiques personnels et ce qu’ils vivent en classe a tendance à s’élargir.
Pour les accompagner au mieux, François Taddéi serait d’avis de leur apprendre à comprendre ce qu’il y a dans les « boîtes noires » à commencer par leur cerveau. C’est une question difficile à traiter mais à minima, il serait pour laisser plus de liberté aux enseignants, « pour qu’ils puissent agir, en fonction de ce qu’ils ressentent de la réalité de leur classe ».
Et il ajoute que la formation des enseignants n’est pas suffisante.
Un point qui est couplé à un autre problème : le manque de budget en R & D.
« Tous les autres ministères, la santé, le transport, la défense etc, ont un budget de R & D ce qui leur permet de progresser et de faire progresser les missions régaliennes de l’Etat ».
L’Education Nationale ne bénéficiant pas de ces budgets, les nouvelles pratiques ne sont pas transmises aux enseignantes et « il est donc naturel que l’écart se creuse , même si beaucoup d’enseignants font tout ce qu’ils peuvent pour préparer au mieux les élèves », conclut t-il.
Et la Recherche alors face au défi du numérique ? Ce sera un des points abordés dans le dernier épisode. à suivre…
A propos de la Chaire de recherche du collège des Bernardins :
Elle est consacrée pour la période 2015-2017 à une réflexion partagée associant des chercheurs des praticiens du Numérique d’une part et des philosophes, anthropologues, théologiens, sociologues, économistes, d’autre part. Cette recherche cartographie les principaux éléments de la culture numérique et surtout les principaux impacts sur l’Homme et la société et élabore un cadre de pensée qui permet de concevoir le développement des technologies numériques comme un progrès pour l’Homme et non comme un risque de négation de son humanité, un cadre permettant de faire naître un humanisme numérique.
On a l’habitude de parler de numérique avec des grands mots comme “révolution“, par exemple ; moi, je n’utilise pas ces mots-là et je préfère souvent parler de transition.
JF Marchandise pose la question des changements systémiques que provoque le numérique, « d’une transformation d’ensemble qui va changer le jeu d’acteurs ».
Dans ce monde transformé par le numérique, JF Marchandise avoue n’être pas persuadé de la causalité numérique.
« Je ne suis pas sûr que ce soit le numérique qui produise les transformations du travail, par exemple ».
De la même manière, il est certain qu’à l’Ecole, les élèves n’apprennent pas comme avant, « mais le numérique outille des nouvelles façons d’apprendre ».
Ce que constate JF Marchandise, c’est que le numérique n’agit pas toujours dans le même sens ; c’est pourquoi il déclare avoir un doute sur « le fait qu’il y ait des mutations numériques homogènes pour l’homme ».
Un des défis de la Chaire est de trouver « sur quoi on a prise et sur quoi on peut agir pour définir les environnements de demain ».
Le constat est fait que notre vision du numérique est très linéaire, que le numérique irait toujours dans un seul sens : « le sens du progrès et du toujours plus ».
Il est possible que demain, l’Homme soit confronté à des grandes crises, politiques, économiques ou sociales liées au numérique et il faut s’y préparer en explorant d’autres chemins.
Sur le sujet des grands acteurs américains du numérique, JF Marchandise est réservé pour dire que ce sont eux qui vont gouverner le monde.
Aujourd’hui, ce ne sont pas les plus grandes armées qui remportent les plus grandes victoires, souligne t-il.
Par rapport au pouvoir de la machine sur l’homme, la question qui se pose est celle de la réversibilité. JF Marchandise donne l’exemple de Google Map : aujourd’hui, j’utilise Google pour trouver mon chemin mais « serais-je capable de trouver mon chemin en demandant aux gens dans la rue et en regardant les panneaux » ?
Il est donc indispensable que nous soyons capables de maîtriser nos propres outils, « parfois même d’ouvrir le capot » pour éviter ce qu’appellerait Bernard Stiegler « la prolétarisation » et subir la gouvernance des systèmes et plutôt faire en sorte qu’ils nous aident à gouverner.
Notre part de liberté, elle s’exerce dans le fait de ne pas prendre le chemin le plus court que nous indique la machine.
« La bonne nouvelle, c’est que le numérique n’est pas impeccable ; il tombe en panne, il est imparfait ».
En d’autres mots, le numérique a besoin de l’intervention humaine.
Enfin, sur le phénomène de : « il faut rattraper le retard » avec toujours une course en avant ; ce phénomène est, d’après lui, entrain de se calmer. Toute personne peut aujourd’hui se poser des questions car elle a un meilleur accès à la complexité du monde.
« Il y a un début de “conversation“ » et c’est aussi un enjeu de la Chaire « est ce qu’on arrive à élaborer un peu plus profondément que d’habitude mais à restituer cela d’une façon prenable par tout un chacun », conclut-il.
A propos de la Chaire numérique de recherche du collège des Bernardins
Elle est consacrée pour la période 2015-2017 à une réflexion partagée associant des chercheurs des praticiens du Numérique d’une part et des philosophes, anthropologues, théologiens, sociologues, économistes, d’autre part. Cette recherche cartographie les principaux éléments de la culture numérique et surtout les principaux impacts sur l’Homme et la société et élabore un cadre de pensée qui permet de concevoir le développement des technologies numériques comme un progrès pour l’Homme et non comme un risque de négation de son humanité, un cadre permettant de faire naître un humanisme numérique.
Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Fonctionnel
Toujours activé
L’accès ou le stockage technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
L’accès ou le stockage technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’internaute.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
L’accès ou le stockage technique est nécessaire pour créer des profils d’internautes afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.