Étiquette : Mission Monteil

  • Collaboration, solidarité et partage pour un nouvel enseignement avec le numérique en toile de fond

    Collaboration, solidarité et partage pour un nouvel enseignement avec le numérique en toile de fond

     

    Aujourd’hui, être un jeune prof dans cet univers numérique, c’est formidable.

    Comme il en avait parlé dans le précédent épisode, le numérique ouvre le champ des possibles aux enseignants : créativité, imagination, échanges et partage.
    Par contre, la condition est que les enseignants travaillent ensemble, et aussi avec les élèves, dans une relation différente d’aujourd’hui qui est assez « asymétrique ».

    « Il y a même un échange intergénérationnel possible entre les élèves et leurs professeurs ».

    Les enjeux vont au-delà de la classe et les élèves vont pouvoir développer de nouvelles compétences sociales comme une capacité à collaborer, des processus coopératifs etc.

    C’est aussi tout un système d’ouverture qui va se mettre en place dans la communauté éducative.

    « On ne peut pas imaginer un instant que les personnels administratifs soient en dehors de la société numérique parce qu’on est à l’école ».

    Il s’agit bien de faire quelque chose de nouveau qui est rendu possible, d’après Jean-Marc Monteil, « car ça n’a pas encore été disciplinarisé »

    « Si nous étions dans une discipline, nous aurions la protection de la discipline ».
    Au contraire, le numérique va favoriser la transversalité et toutes les disciplines et activités sont concernées.

    La Mission Monteil tente de mettre en avant ces valeurs nouvelles et de formaliser ces « concepts » au travers des Appels à Projets qui ont été lancés.

    Aux remarques fréquentes des enseignants au sujet du numérique comme l’absence de formation aux outils, le temps et l’investissement que le numérique demandent ou encore la difficulté technologique à s’approprier les outils, Jean-Marc Monteil apporte quelques éléments de réponse.

    Les questions que tout enseignant se pose aujourd’hui sont : « comment vais-je faire pour réduire l’échec scolaire et pour que mes élèves réussissent ? Comment vais-je faire pour que le potentiel de chacun soit au meilleur niveau ? Et comment vais-je faire cela dans un univers collectif ? »

    Le numérique peut, peut-être, aider l’enseignant à répondre à ces questions. Seulement, la dimension technique entre en ligne de compte. Il n’est pas demandé aux enseignants d’être des ingénieurs en informatique et Jean-Marc Monteil proposerait la création d’équipes techniques afin « qu’elles puissent mettre en place physiquement ce que le professeur a pensé conceptuellement pour faire son enseignement ».
    Il ajoute que, sans le numérique, l’enseignant était déjà dans « l’obligation de penser ses leçons, aux tâches qu’il allait proposer, à la perspective évaluative qu’il allait mettre en place et aux objectifs qu’il voulait atteindre avec telle ou telle séquence ».

    Ce montage intellectuel va rester ; il y a juste une autre dimension, de préparation technique, à intégrer.

    Cette préparation technique peut s’organiser au sein des établissements avec des équipes mobiles et je ne pense pas que cela soit impossible.

    En outre, la collaboration et les échanges qui vont se mettre en place devraient aussi aider à la mise en place de ces nouveaux usages.

    « L’enseignement d’aujourd’hui est un laboratoire auquel on a donné de nouveaux instruments qu’il faut s’approprier » ; dans les termes énoncés ci-dessus, avec une organisation institutionnelle, cela ne paraît pas insurmontable à Jean-Marc Monteil.
    Il ajouterait même que le numérique pourrait être un moyen de remotiver les troupes, « car certains profs s’ennuient et les jeunes profs ont envie ».

    « La Classe est un univers un peu fermé et la salle des profs n’est pas un extraordinaire lieu de débat ; ce qui est intéressant avec le numérique, c’est de passer d’une pratique de l’enseignement plutôt solitaire à une pratique collective et s’installer dans un monde d’échanges y compris d’échanges numériques car les réseaux sont là pour ça », conclut Jean-Marc Monteil.

    Un grand merci à Jean-Marc Monteil pour sa disponibilité.
    Sa franchise et ses convictions nous ont fait rêver au monde de l’Ecole de demain (c’est à dire pas dans 10 ans, vous l’aurez compris si vous avez suivi ces cinq épisodes…), avec le numérique en toile de fond, celui qui inonde notre société et notre vie quotidienne.

    Episode 1 : Mission Monteil : évaluer et irriguer les pratiques numériques dans l’Ecole
    Episode 2 : Numérique à l’Ecole : une approche sociétale
    Episode 3 : L’enseignant d’aujourd’hui au coeur du dispositif numérique sociétal
    Episode 4 : Avec le numérique, on répond (enfin) aux intelligences multiples !

     

     

  • L’enseignant d’aujourd’hui au cœur du dispositif numérique sociétal

    L’enseignant d’aujourd’hui au cœur du dispositif numérique sociétal

    [callout]« L’Ecole de demain ne ressemblera pas à celle d’aujourd’hui ». Au travers de cette phrase presque banale, pourrait-on dire, Jean-Marc Monteil tient à insister sur l’urgence du « demain ».[/callout]


    Aujourd’hui, on compte environ 5 milliards d’objets connectés et, en 2020, les prévisionnistes misent sur 50 milliards.

    Dans ce contexte d’évolution technologique exponentielle, Jean-Marc Monteil se plaît à penser que même les établissements pourraient changer de figure : « être en interaction avec les murs qui parlent au sein d’univers interactifs qui vont permettre un traitement de l’information extrêmement différent ».

    Au-delà de ces constats, un élément très important est à prendre en compte :

    « l’idée que le prof n’aurait pu sa place avec le numérique, largement véhiculée dans la représentation populaire, est une erreur fondamentale ».

    Dans la mission qui lui a été confiée, Jean-Marc Monteil tient à démontrer que c’est tout l’inverse.

    L’information est présente de manière importante ; toutes les questions trouvent des réponses mais quelles réponses ? Sont-elles pertinentes ?
    « Et donc nous avons besoin du professeur ; ce qui va rester au cœur de notre système, c’est la compétence professorale, c’est à dire la capacité à organiser, à hiérarchiser, à trier et à comparer l’information ».

    « Il y a une nécessité absolue à qualifier l’information et ne pas confondre la qualité de l’information avec sa profusion ».
    La qualification de l’information va être la mission des enseignants « qui devront être de plus en plus armés ».

    La présence du professeur est donc encore plus nécessaire avec le numérique alors que chaque individu se trouve confronté à une forme de « personnalisation spontanée de son apprentissage ».

    « Hier, le professeur était à la fois le dépositaire des contenus et le dépositaire du traitement de ces contenus ». Aujourd’hui, il est encore le dépositaire du traitement des contenus.

    L’enseignant au cœur du dispositif numérique mais un enseignant mieux formé.

    Il est nécessaire d’avoir une « ingénierie puissante » qui s’installe avec une formation continue bien ancrée, adossée à la recherche, « pour avoir des gens qui soient efficaces continument tout au long de la vie pour pouvoir accompagner des générations successives qui vont métaboliser les nouvelles technologies à grande vitesse ».

    Les modalités d’enseignement vont donc changer et « vont être une conséquence de ce qu’on peut faire avec les nouvelles technologies », conclut Jean-Marc Monteil.

    Dans le prochain épisode Jean-Marc Monteil aborde l’échec scolaire et les modalités d’enseignement ; avec le numérique, on aurait enfin une piste qui permettrait de répondre aux intelligences multiples pour mieux s’adapter à chaque apprenant…

  • Numérique à l’École : une approche sociétale

    Numérique à l’École : une approche sociétale

    [callout]Dans ce deuxième épisode, Jean-Marc Monteil apporte des précisions sur l’approche de la Mission qui vise à positionner l’École au sein d’un courant numérique sociétal.[/callout]

    De retour du terrain, Jean-Marc Monteil et son équipe constatent plusieurs choses : un intérêt manifeste pour le numérique et un certain engouement ; mais aussi beaucoup de questions et d’inquiétudes.

    « Le numérique est là, dans la société et dans l’école. Qu’est ce qu’on en fait ? ».

    Pour Jean-Marc Monteil, il faut clairement afficher que le numérique en soi n’est pas une fin pour l’éducation.

    C’est un moyen de repenser un certain nombre de nos pratiques avec pour objectif d’accroître la probabilité d’accès d’un plus grand nombre d’enfants à l’information et au savoir.

    En effet, le numérique présente des caractéristiques technologiques jamais égalées auparavant comme une présentation diversifiée, des supports diversifiés, etc, qui, « en étant pensées avec une perspective d’enseignement et d’apprentissage peuvent probablement modifier l’efficacité des apprentissages dans un sens positif ».

    Le numérique pour enseigner et apprendre : une entrée par la société.

    « Nous n’entrons pas dans la réflexion sur le numérique dans l’enseigner et l’apprendre par la porte de la classe ».

    C’est cette démarche novatrice que Jean-Marc Monteil tient à souligner car elle se distingue, d’après lui, de toutes les réformes qui ont été appliquées jusqu’à maintenant.

    Le numérique est entrain de changer le paradigme économique et « nous ne pouvons pas imaginer un instant que l’Education, qui est elle-même une organisation, va fonctionner de manière insulaire, totalement protégée de son environnement alors que ses ressortissants, en sortant de leurs établissements, vivent dans une société qui est totalement ouverte ».

    « C’est la raison pour laquelle le discours sur le numérique et l’interrogation sur le numérique deviennent plus naturels puisque c’est quelque chose que nous rencontrons aussi en dehors de l’école ».

    Pour Jean-Marc Monteil, toutes les personnes qui appartiennent à ce qu’il nomme « la grosse structure de l’Education Nationale » ne peuvent pas rester indifférents à cette réalité.
    Eduquer les élèves à comprendre et à entrer dans cette société complexe relève bien de la responsabilité de l’Education Nationale.

    La cible n’est pas l’Education Nationale mais la société dans laquelle l’Education Nationale est un élément extrêmement important.

    C’est bien là la différence d’entrée avec les autres réformes puisque le numérique est une chose qui nous concerne dans notre vie de tous les jours où l’enseignant, l’élève et tous les autres membres de la communauté éducative sont impliqués et où « on commence à avoir une culture partagée », conclut Jean-Marc Monteil.

    Découvrez dans le prochain épisode comment Jean-Marc Monteil positionne l’enseignant au cœur du dispositif du numérique dans la société et balaye toutes les théories qui s’attardent encore à dire que le numérique viendrait remplacer le prof…

     

  • Mission Monteil : évaluer et irriguer les pratiques numériques dans l’École

    Mission Monteil : évaluer et irriguer les pratiques numériques dans l’École

    « Originellement, la Mission Monteil consistait à créer un dispositif d’animation et d’impulsion autour du numérique à l’école et irriguer autour de l’école dans les territoires académiques ».

    La première démarche fut de mobiliser les cadres de l’Education Nationale pour aider à une prise de conscience, celle « que nous sommes entrain de changer de paradigme au sein de cette société numérique ».
    Une société numérique qui bouleverse le monde du travail, de la santé « et nécessairement le monde de l’Education ».

    L’objectif de la Mission Monteil est bien « d’entrer en action » et non de rédiger un « nième » rapport, comme le précise Jean-Marc Monteil tout en soulignant qu’il a lu la plupart de ces rapports et qu’il y en a eu d’excellents.

    Durant cette première phase, les équipes de la Mission Monteil sont allées sur le terrain pour réunir les cadres sous l’autorité des recteurs des académies ; cadres de l’enseignement mais aussi des collectivités territoriales et représentants économiques ainsi que des personnes du monde de la recherche et des universités.

    « Nous avons décidé de réaliser dans un premier temps un tour de France pour répondre à cet objectif de dynamisation ;»

    même si les gens sont déjà engagés, culturellement, il faut étendre les choses dans un processus de nature épidémiologique.

    A chaque déplacement, la Mission Monteil parvenait à regrouper de 400 à 500 personnes, « ce qui fait qu’aujourd’hui, nous avons touché 3000 à 4000 personnes qui constituent l’encadrement de l’Education Nationale ».

    Pourquoi avoir choisi de « toucher » en premier les inspections ?

    « Les inspections sont des cadres mobiles », comme l’explique Jean-Marc Monteil, « ce qui permet d’irriguer plus facilement un territoire ».

    Comme il l’a précisé au sujet des rapports nombreux qui existent sur le numérique, l’idée de la Mission n’est pas non plus de rédiger des circulaires de cadrage.
    Le constat est fait que les usages sont de plus en plus nombreux avec de plus en plus de relais médiatiques.

    « On parle beaucoup de numérique sauf qu’il subsiste une question de fond qui est :

    est-ce que cette évolution technologique permanente se traduit par une efficacité des apprentissages, par une amélioration de la situation scolaire, par la réduction de l’échec, par l’accès au plus grand nombre à l’information etc.

    Des questions qui sont posées mais qui restent encore sans réponses car, pour Jean-Marc Monteil, nous ne disposons pas d’évaluation, ni à l’échelle nationale, ni à l’échelle internationale.

    « Donc une de nos ambitions, c’est de qualifier un certain nombre de pratiques, mais pas par une évaluation traditionnelle ».
    Jean-Marc Monteil tient particulièrement à s’appuyer sur une méthodologie scientifique, « pour s’installer dans des dispositifs de comparaison pour répondre à un certain nombre de questions et y répondre à partir d’un positionnement scientifique ».

    « La pratique du numérique modifie les comportements et cette modification des comportements ne peut pas être sans conséquences », conclut Jean-Marc Monteil dans cette première partie.

    Découvrez dans le prochain épisode les explications de Jean-Marc Monteil sur l’approche de la Mission, qui est celle de placer l’école au sein de la société numérique et non de faire entrer le numérique de manière radicale par la porte de la classe… A suivre…

  • L’Etat lance « e-FRAN » pour développer des territoires éducatifs d’innovation numérique

    L’Etat lance « e-FRAN » pour développer des territoires éducatifs d’innovation numérique

    « L’appel à projets a pour objectif de mobiliser les forces du terrain ; c’est un processus ascendant ou bottom-up », explique le recteur Jean-Marc Monteil, chargé de mission par le Premier ministre pour une nouvelle politique numérique dans l’Éducation nationale.

     

    Créer un écosystème vertueux pour développer le numérique pour l’Education.

    Il va associer les écoles, collèges, lycées, écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), universités, organismes de recherche, collectivités territoriales, entreprises du numérique, associations etc et les parents. Et Jean-Marc Monteil insiste sur ces derniers car, comme il le précise, « l’Animation numérique doit sortir de l’école », ce qui devrait amener à modifier la relation avec les parents qui bénéficieront indirectement de cette formation numérique.

    L’objectif est de créer « un petit écosystème » avec le monde de la recherche, des acteurs de l’éducation mais aussi le monde économique avec de jeunes starts-up qui fabriquent des logiciels, en les mettant dans la boucle des réflexions en cours.

    Ce qui tient à cœur à Jean-Marc Monteil dans ce projet, c’est le fait que toutes les sphères impliqués dans le Plan numérique puissent avoir accès à l’échange et aux réflexions ; « c’est assez nouveau d’avoir cette réflexion de penser des outils dans une relation étroite avec ceux qui les utilisent et avec leur expertise », souligne t-il.

    Plusieurs projets portés par une académie et non un projet d’académie.

    Jean-Marc Monteil insiste sur le fait que l’appel à projets n’a pas pour vocation de développer un projet pour une académie, « mais des projets dans une académie avec un pilotage académique avec l’engagement de chaque recteur ».

    La mission Monteil va sur le terrain pour aller à la rencontre des cadres de chaque académie « afin que tous les relais se mettent en place et qu’un vrai dispositif organique s’installe ».

    Il met également en lumière la relation entre la recherche et le terrain et donc la formation

    car la formation adossée à la recherche, c’est une nécessité.

    D’ailleurs, dans le cadre du projet e-FRAN, des bourses doctorales pourront être financées. De son point de vue, la France et l’Europe sont en retard sur la partie recherche de « l’univers numérique ».

    Engager et mettre les moyens dans la recherche pour instaurer un dialogue de proximité avec les chercheurs.

    Avoir 60 à 90 chercheurs d’ici trois ans qui ont traité un certain nombre de sujets émergents, qui ont posé un certain nombre de problématiques et qui constitueront les références scientifiques dans la France numérique autour de l’Education au sens large ; « voilà ce qui serait intéressant », exprime Jean-Marc Monteil.

    On parle ici d’Education au sens large car il faut ouvrir le champ des perspectives et avoir aussi bien des informaticiens que des généralistes ; « c’est la raison pour laquelle l’appel à projets est également adressé à la direction générale du CNRS et à la direction générale de l’INRIA ».

    « La recherche et l’Education ont en fait peu de liens ; beaucoup de gens ont un avis sur l’Education mais au fond, il faut se battre pour faire de la vulgarisation » ; autrement dit, que les résultats de la recherche soient utilisés pour la formation des enseignants, par exemple.

    Nous devons faire émerger la puissance scientifique ; la pédagogie n’est pas une science mais nous ne pouvons faire sans nous nourrir de la science.

    La science ne doit pas dicter la pratique mais informer la pratique.

    « Je suis pour une formation par la recherche ».

    Jean-Marc Monteil explique que ce n’est qu’en soumettant une idée dans l’épreuve des faits et dans les conditions les plus défavorables que l’on peut récolter des résultats.
    « Cela aura une vertu éthique, une vertu méthodologique et une vertu de remise en question permanente ».

    En étant confronté au quotidien à la variété des enfants, des jeunes et des personnes que les enseignants doivent former, cette remise en question est bien réelle « et si elle est un peu plus méthodologique qu’impressionniste, cela se déroulera un peu mieux », conclut Jean-Marc Monteil à la fin de l’interview.

    Plus d’infos :
    Comme cela est décrit sur le site de Najat Vallaud-Belkacem lors de la visite du collège connecté Daniel Féry dans l’académie de Créteil le 06 octobre dernier, l’appel à projets e-FRAN a été lancé pour la réalisation de « territoires éducatifs d’innovation numérique » destinés à accélérer et à amplifier la transition numérique de l’école en s’appuyant sur l’initiative de ses acteurs, une opération dotée d’un budget de 30 M d’€.

    Voir aussi l’interview de Jean-Marc Monteil sur dailymotion par EducationFrance.

    Le détail de l’opération sur le site du ministère.