Étiquette : Divina

  • Le médiatique n’est pas soluble dans le numérique

    Le médiatique n’est pas soluble dans le numérique

    [callout]Au cours des deux premiers épisodes, vous aurez compris que pour Divina Frau-Meigs, le numérique se définit par les cultures de l’information.[/callout]

    « Mais l’information qui n’est pas communiquée est une information qui “dort“ ou qui risque de disparaître, qui peut être trompeuse ou encore falsifiée ». Il est donc primordial de réfléchir à la communication, « y compris dans la classe ».

    Le numérique apporte l’interactivité à la communication actuelle, plutôt médiatique : « c’est le numérique des réseaux sociaux qui, depuis 2007, permettent à des millions de personnes d’interagir sur des plateformes ».

    Ces plateformes ne sont pas considérées comme des médias. « Et pourtant, elles le sont ! », précise Divina. En n’étant pas considérées comme des médias, ces plateformes ne sont pas astreintes à certaines lois ou obligations de service public des médias.

    Pourtant, Youtube est une des plus grosses plateformes à diffuser des images et des vidéos ; Facebook en fait de même avec les messages.

    En fait, nous sommes face à des médias qui passent sous le radar.

    Ils ont la même activité que les médias comme par exemples, une fonction de filtrage, une fonction d’agenda où ils peuvent décider des priorités d’information ; enfin, ils font de la corrélation etc.

    Le système de ces plateformes est totalement médiatique, ce qui signifie « qu’il faut une éducation aux médias en ligne comme on fait une éducation aux médias hors ligne ».

    C’est cette éducation aux médias qui forge l’esprit critique, qui permet de construire et de déconstruire l’information et c’est elle qui permet d’être éditeur de sa propre information.

    La nouveauté pour les enseignants et les formateurs réside dans le fait que l’individu qui possède un objet connecté se transforme en un média à lui tout seul ; « un média qui envoie de l’information, qui peut l’éditer, qui peut la filtrer, qui peut la charger sur Youtube, qui peut la transformer etc ».

    Pour Divina, il est essentiel d’avoir cette réflexion sur l’éducation aux médias afin de ne pas « naturaliser le numérique », c’est à dire le considérer comme quelque chose d’ambiant, de naturel ou de neutre.

    Elle préconise de se méfier de la convivialité des réseaux sociaux où on a comme une obligation de “liker“ tout le monde « mais où on ne peut pas “déliker“ », précise t-elle.

    Il faut donc faire attention à cette obligation de choix, « car dès qu’il y a obligation, la personne n’est plus libre ; il faut donc libérer l’information y compris sur sa vie privée et donc ne pas la donner lorsqu’on n’en a pas envie ».

    « L’éducation aux médias nous alerte à cela et nous forme à cela tout au long de la vie », conclut Divina.

    Revoir le premier épisode « La « révolution numérique », une révolution des cultures de l’information« 
    Revoir le deuxième épisode « La “Small“ Data : un nouveau concept à utiliser pour l’enseignement ?« 

     

  • La “Small“ Data : un nouveau concept à utiliser pour l’enseignement ?

    La “Small“ Data : un nouveau concept à utiliser pour l’enseignement ?

    Episode 2

    La data est une pièce maîtresse des cultures de l’information ; celle-ci devient « big » lorsqu’il y a des gisements énormes de données, des accumulations du fait de nombreuses numérisations, beaucoup d’archives etc. C’est ainsi que Divina introduit son propos sur la notion de Big data.

    La data peut aussi être « open data » c’est à dire qu’elle est accessible à tous, référencée dans un code ouvert. Ce sont souvent des données publiques ; ce peut être des documents mis à disposition des citoyens, par exemple.

    « La Big data est depuis longtemps perçue comme une force de frappe commerciale puisqu’il s’agit d’utiliser des données de la vie privée de chacun de façon massive, de manière à interpréter les comportements des usagers et à y adapter un certain nombre de techniques commerciales de recommandations ».

    Avec l’idée de la Small data, ce qui est intéressant, d’après Divina, « c’est de faire de la recommandation à petite échelle par rapport à un problème que se pose un individu, typiquement dans une classe ».

    Divina associe la Small Data au phénomène MOOC. Elle explique que ces cours massivement ouverts en ligne permettent aux enseignants ou aux personnes en charge de faire avancer le MOOC, d’avoir accès aux « Learning analytics » c’est à dire aux données d’apprentissage.
    Ces données servent à constater si les étudiants accrochent ou décrochent par rapport au cours, ce qui, d’après elle, « est souvent invisible dans l’atmosphère même de la classe ».

    Dans la logique des MOOC, de nombreuses données sont générées par la machine, potentiellement « Big » mais que l’on peut réduire en « Small », faire un zoom sur un groupe d’élèves par exemple, explique t-elle.

    Les résultats obtenus constituent une valeur ajoutée pour l’enseignant et vont lui permettre de « travailler dans le grain » et affiner ses propositions d’enseignement en fonction des constats effectués.

    « Le numérique libère aux enseignants du temps de cerveau disponible car nous n’avons pas à répéter du contenu déjà enseigné l’année précédente et qui est déjà en ligne de toute façon », poursuit Divina.

    Avec l’idée de la Small Data, elle argumente sur le fait que l’enseignant peut concentrer son attention autrement : « Comment vais-je faire pour accrocher le plus les élèves qui sont en situation de décrochage ? Aujourd’hui, est-ce que je dois faire le choix d’aller vers les élèves les plus stimulants en les incitant à récupérer les autres » ?, par exemples.

    [callout]Elaborer de nouvelles stratégies pour enseigner autrement aussi bien dans une classe en présentiel ou en virtuel grâce à un nouveau concept : le Small data. Ainsi pourrait-on résumer la réflexion de Divina dans ce deuxième épisode sur le comportement à avoir dans cette « révolution numérique »[/callout].

  • La « révolution numérique », une révolution des cultures de l’information

    La « révolution numérique », une révolution des cultures de l’information

    Pour expliquer le nouveau, c’est parfois bien de revisiter le passé.

    C’est ainsi que Divina a choisi d’introduire son propos sur sa vision de la « révolution numérique ».

    D’après elle, le passé le plus proche par rapport à la révolution des savoirs, c’est l’époque de la Renaissance, « qui arrive environ deux siècles après la révolution de l’imprimerie », précise t-elle.
    Instinctivement, on ne pense pas à la Renaissance quand on pense « révolution numérique » ; pourtant, c’est bien cette époque qui a amené les différents supports du papier, comme les encyclopédies ou les romans par exemple, donc des « nouvelles formes d’expression ».

    Avec le numérique, tout contenu peut être multi supports

    « Si on fait la même chose avec le numérique et que tout devient numérique comme tout est devenu papier après la Renaissance, il va y avoir des personnes spécialistes du numérique et du code comme il y a des spécialistes du livre et de l’imprimerie », explique t-elle pour introduire l’idée du positionnement à adopter par rapport à cette « révolution numérique ».

    Actuellement, le numérique a un côté « inhibant » et « panique » pour les personnes qui n’arrivent pas à l’utiliser, se cachent des autres, n’osent pas l’avouer et font semblant.

    L’accompagnement dans cette « révolution » est donc primordial pour éviter ce type de comportements. Pour Divina, le cœur du phénomène, « ce sont les cultures d’information ».

    La seule vraie caractéristique du numérique est qu’il enlève tout contenu de son support d’origine.

    « Et c’est cela, la « révolution numérique : le support numérique permet de transférer à tous les autres supports, c’est ce qui fait sa force », ajoute t-elle.

    La révolution numérique, la culture ou les cultures de l’information

    Au-delà de cet atout, il ne faut pas oublier le contenu et donc l’information à mettre sur tous ces supports.

    « L’enjeu est véritablement l’information ; si on ne sait pas la référencer, elle se perd ; si on ne sait pas la contre vérifier, on tombe dans la rumeur ou la désinformation ; si on ne sait pas la valoriser, elle ne va pas savoir être utilisée par les enfants etc ».

    Aujourd’hui, l’information est souvent réduite à la data ; pour Divina, même si la data est une pièce maîtresse de l’information, il ne faut pas réduire l’information à cela ; l’information englobe aussi les documents numériques, les informations audiovisuelles ou de la presse papier qui crée le « bouillon de culture » qui va inviter à la curiosité et à l’exploration.

    D’ailleurs, Divina préfère parler d’exploration que d’exploitation de l’information.

    « Nous sommes plus dans l’appropriation, la maîtrise, le transfert et l’augmentation de cette information ».

    « Je reste sur la métaphore légère du surf de l’internet plutôt que la métaphore lourde de la mine dans laquelle on exploite des gisements de données de manière très coûteuse », conclut-elle.

    A suivre dans le prochain épisode : La “Small“ Data : un nouveau concept à utiliser pour l’enseignement ?