Étiquette : digital natives

  • Je suis Ton Pair… ou Apprendre ensemble à Grandir Connectés

    Je suis Ton Pair… ou Apprendre ensemble à Grandir Connectés

    Anne Cordier est maître de conférences en Sciences de l’information et de la Communication à l’Université-ESPE de Rouen. Ses travaux de recherche portent sur les pratiques info-communicationnelles des acteurs et les imaginaires liés à l’information, aux outils et aux espaces informationnels, selon une perspective sociale et culturelle. Elle s’intéresse également aux modalités d’enseignement-apprentissage des objets et outils d’information-communication.
    Elle est l’auteure en 2015 d’un ouvrage paru chez C & F Editions intitulé « Grandir connectés : les adolescents et la recherche d’information ».

    Avec les Digital Natives, nous sommes sur un mythe, un idéal type construit socialement, d’un adolescent qui aurait les mêmes comportements, quelle que soit sa personne.

    Les Digital Natives, un fantasme qui met des barrières

    Pour Anne Cordier, c’est plutôt le fait de rentrer « par les individus » qui est important ; et « lorsqu’on va voir chacun, on se rend compte évidemment d’une grande hétérogénéité des pratiques ».

    « L’observation de terrain réduit donc à néant la construction sociale autour de ce fameux mythe des Digital Natives », souligne t-elle.

    En classe, ce « fantasme » va jouer sur deux types de personnes à savoir les enseignants et les élèves.

    « L’impact des Digital Natives en classe est une réalité ». Anne Cordier explique que, pédagogiquement, il est observé que des enseignants qui, lorsqu’ils mettent en place des projets numériques se disent : « à quoi je sers », « quel est mon rôle » ou encore « ils n’ont pas besoin de moi ».

    Côté élèves, ces derniers peuvent souffrir de l’absence de l’engagement d’un enseignant, notamment dans les productions numériques.
    Anne Cordier a déjà remarqué que les enseignants ont tendance à reléguer la phase de production avec le numérique à l’extérieur de la classe. « Il y a des contraintes de temps, c’est évident mais, pour beaucoup, il y a aussi des réflexions du type “mais ça, ils savent faire“ », témoigne Anne Cordier.

    Sans être des Digital Natives, les jeunes développent pourtant de nouvelles formes de capacités et d’apprentissages.


    Ces jeunes ont une vraie vision de la société numérique, de la société sur les réseaux.

    Anne Cordier observe qu’ils font preuve d’un réel engagement en « politique numérique » comme elle l’appelle. Ils baignent dans des outils et se forgent leur éducation citoyenne au travers des discours médiatiques qu’ils peuvent entendre via ces outils.

    Un autre aspect qu’Anne Cordier souhaite porter à notre réflexion est la négligence des connaissances dites informelles que les jeunes peuvent acquérir via leurs outils du quotidien.

    « Cet apprentissage informel n’est effectivement pas académiquement organisé et structuré mais se fait par l’expérience sur les réseaux, par les discussions avec les pairs ou encore par des recherches, via Google par exemple qui les mènent à l’exploration de voies qui les interrogent ».

    « Ils ont tous à disposition des outils d’interrogation du monde ».

    « Avec les innovations techniques, il y a toujours un apprentissage par essai-erreur qui se fait et qui se révèle le plus performant ».

    Anne Cordier souligne que la jeunesse s’est toujours emparée des innovations techniques ce qui fait que le fonctionnement par essai-erreur leur est naturel. Une habitude à « tâtonner » qu’ils ont déjà au travers de leurs pratiques des jeux vidéo, par exemple ; « une forme d’éducation informelle au choix qui s’opère pour eux au travers de la navigation sur les réseaux », ajoute t-elle.

    L’effet « zapping » entre outils ne signifie pas abandon des outils numériques désuets mais plutôt réagencement de l’utilisation de ces outils.

    Une migration d’un outil à l’autre peut s’opérer parce qu’un nouvel outil présente un nouvel intérêt ou par effet de mode, « ce qui n’empêche pas de revenir à l’ancien si on trouve que le nouveau n’est pas si innovant que cela ».

    « Il y a surtout un réagencement de l’utilisation des outils qui va s’opérer par communauté ».

    Anne Cordier décrit par exemple un phénomène où, quand les adultes sont sur tel réseau, les jeunes vont être poussés à utiliser un autre réseau, « ce qui ne signifie pas qu’ils vont complètement abandonner l’outil ».

    On est sur un modèle de gâteau type “Paris-Brest“ c’est à dire que les jeunes vont superposer un certain nombre d’outils avec des usages bien différenciés et les convoquer en fonction des situations, ce qui révèle, d’ailleurs, une vraie intelligence.

    La relation élève-enseignant ne ressort pas amoindrie de ces constats comportementaux.
    « Parmi tous les adolescents que j’ai rencontrés, à aucun moment je n’ai rencontré un adolescent qui me disait “les enseignants, c’est terminé, vive le numérique“ ».

    « Au contraire, j’ai été très touchée par ces adolescents qui me disent “on a besoin de vous“ », et elle cite, pour conclure, Morgan, un élève qu’elle a rencontré au cours de ses recherches.

     

     

  • Les digital natives sont-ils des mutants?

    Les digital natives sont-ils des mutants?

    Thierry Venin a engagé une recherche sur les risques psychosociaux et les TIC à savoir le lien ou l’influence que peuvent avoir les TIC sur la pandémie du stress au travail.

    « Incidemment, je suis tombé sur des chiffres qui remettaient plutôt en cause un effet “digital natives“ attendu », explique t-il pour poursuivre :

    on vit sur le fantasme d’une génération montante qui, ayant vécu avec le numérique, serait particulièrement à l’aise avec le multitâche.

    En fait, tous les chiffres notamment du lien entre les TIC et le stress au travail invalident ce présupposé sur les “digital natives“ puisque « les générations montantes ont plutôt un taux de stress au travail supérieur aux générations sortantes ».
    Le constat de dire que les problèmes se résoudraient plus facilement avec des classes d’âge plus jeunes serait donc une utopie.

    A la vision de ces premiers résultats, Thierry Venin a approfondi ses recherches vers ce « fantasme », « afin de déterminer si nous n’étions pas dans une confusion entre une aisance aux outils et une réelle maîtrise de l’outil, ce qui est tout à fait autre chose », souligne t-il.

    Il nous donne quelques exemples très concrets de ce constat, notamment au travers divers réactions qu’il a pu noter lors de la panne mondiale du réseau Dropbox… très instructif ! A découvrir dans la vidéo ci-contre.

     

    Crédit CC photo à la une : Nathan Rupert San Diego shooter

  • Grenoble Ecole de Management et Orange créent la Chaire «Digital Natives»

    Cette chaire d’enseignement et de recherche sera placée sous la responsabilité de Benoît Meyronin, professeur titulaire à Grenoble Ecole de Management. Pour Orange, la responsabilité de la création et du suivi de la chaire Digital Natives sera assurée par Stéphanie Hospital, Directrice exécutive d’Orange Digital, la division Audience et Publicité d’Orange, et ancienne élève de Grenoble école de Management.

    Elle a pour vocation d’étudier la culture « Digital Native » et d’analyser ses usages, ainsi que ses conséquences en termes d’expérience client, de relation client, de pratiques culturelles numériques et de modèles économiques et managériaux.

    La Chaire, instituée pour une durée de trois ans à compter du 1er décembre 2012, prévoit la mise en place des dispositifs suivants :

    – «L’Observatoire de la Culture Digitale Native», qui vise à mieux connaître et interpréter les pratiques numériques des jeunes générations, notamment en matière de réseaux sociaux.

    – Le «SchooLab», un terrain d’expérimentation au sein de Grenoble Ecole de Management qui permettra d’analyser les pratiques culturelles en lien avec les technologies numériques de générations ayant entre 20 et 23 ans (pratiques actuelles, émergentes et en croissance) ;

    – Le Mastère Spécialisé «Internet Strategy & Web Management», destiné à former de nouveaux cadres bilingues capables d’utiliser Internet comme vecteur de rentabilité et de notoriété ;

    -Actions dans le cadre de La Doctoral School. Des doctorants aux profils internationaux permettront d’apporter une contribution interculturelle forte par leurs travaux de recherche en lien avec les thématiques de la chaire.

    Grenoble Ecole de Management associera Orange à l’ensemble de ces travaux : des experts de l’entreprise interviendront dans les cours dispensés et, parallèlement, des études et projets seront réalisés conjointement dans ce cadre.

    Thierry Grange explique : «Grenoble Ecole de Management est positionnée depuis son origine sur le Management de la Technologie & de l’Innovation. Grace à ce partenariat avec Orange, elle ambitionne de mettre en place l’«Ecole de l’économie numérique»  qui formera ainsi des étudiants aux business-modèles et aux métiers de demain dans une économie qui va être de plus en plus impactée par le digital.

    L’autre grand enjeu de ce partenariat est de pouvoir accompagner les organisations et les entreprises dans leur mutation vers l’économie digitale en produisant des contenus pertinents (documents de travail, analyses, formations…)

    Jean-Philippe Vanot ajoute : «La génération Y et celles qui la suivent sont nées avec les technologies de l’information et de la communication. Ces utilisateurs très à l’aise avec le monde numérique constituent un public de plus en plus large, qui a des usages spécifiques : il est primordial pour Orange de mieux connaître leur comportement et leurs attentes.

    Ce partenariat avec Grenoble Ecole de Management portant sur la thématique des Digital Natives nous permettra d’approfondir nos connaissances de ce public grâce à de nombreuses expérimentations et synergies entre la formation théorique et l’expérience terrain».

  • Les Digital Natives, une génération en construction

    Les Digital Natives, une génération en construction

    021220114ede2c81cc32c
    L’étude s’appuie sur le contexte familial, les principaux lieux de vie, les piliers de leur mode de communication, leurs expériences émotionnelles, leurs habitudes médias, leur mobilité et leur vie «en réseau». L’Etude analyse également leur relation aux marques et aux communications, et éclaire tout particulièrement la manière dont se construisent les actes d’achat dans des domaines de consommation clés (multimédia, apparence, alimentation…).

    Catherine Ducerf, Responsable SIMM-TGI Youth chez Kantar Media commente : «Le digital offre un monde de connexions que les plus jeunes surinvestissent. Les marques, qui ont ancré le digital au cœur de leurs stratégies, se doivent aujourd’hui d’analyser le comportement de cette population en mouvement permanent afin de mettre en place les offres de demain. Il était donc crucial pour SIMM-TGI Youth de croiser ces deux univers que sont le digital et la jeunesse, et de proposer une mise à jour des données tous les 6 mois».

    Qui sont les Digital Natives : Une génération connectée !

    Technophiles par nature, les 11-24 ans sont en général plus équipés que le reste de la population française :

    * 60% d’entre eux utilisent Internet plusieurs fois par jour (contre 56% chez les 25-99 ans),
    * 22% possèdent un smartphone (10% chez les 25-99ans),
    * 40% se connectent à Internet via un smartphone (17% chez les 25-99 ans),
    * 4% se connectent à Internet via une tablette (1,6 % chez les 25-99 ans).

    Pour ces jeunes, il n’est pas nécessaire de posséder pour utiliser : en effet, 40% d’entre eux surfent sur Internet depuis un smartphone, alors qu’ils ne sont que 22% à en détenir un.

    Facebook, Twitter et les jeunes…

    75% des 11-24 ans sont inscrits sur un réseau social  (+10 points par rapport à 2009).

    Sans surprise, c’est Facebook qui arrive en tête des réseaux sociaux avec 73% des 11-24 ans inscrits, très loin devant Twitter (seulement 8%). Les inscriptions sur Facebook se font principalement entre 11 et 15 ans (on passe de 25% à 83% d’inscrits), avec un pic significatif entre 11 et 12 ans (le taux d’inscrits double en 1 an).

    Twitter, plus propice au suivi d’actualités thématiques qu’aux échanges communautaires, voit son taux d’inscriptions et de connexions augmenter plus tard, à partir de 19 ans.

    Facebook, un  espace de communication incontournable et puissant pour les marques

    Les marques sont très présentes sur les réseaux sociaux et obtiennent un accueil massif : 67% des 11-24 inscrits sur Facebook ont « liké » au moins une marque, c’est-à-dire qu’ils sont devenus « fan » de la page de la marque et suivent son actualité. En moyenne, ces 11-24 ans déclarent aimer 19 marques.
    Un peu plus d‘un tiers des Digital Natives aiment une page pour obtenir des bénéfices personnels : réductions et promotions, bons d’achat, contenus exclusifs, invitations à des événements VIP…
    Il est intéressant de noter que s’associer à une marque sur Facebook a pour but principal d’échanger avec celle-ci (s’exprimer) plutôt que de communiquer avec les autres membres (avis de consommateurs). Les réseaux sociaux sont aujourd’hui perçus comme l’un des derniers endroits où les consommateurs ont la possibilité de donner leur avis.

    Et demain ?
    Combien seront prêts à faire des achats depuis leur téléphone mobile ? Aujourd’hui, ils sont 4% à acheter des biens ou des services à partir de leur téléphone mobile.

    Méthodologie SIMM-TGI Youth
    SIMM-TGI Youth est l’étude de référence pour décoder l’univers des Digital Natives. Une seule et unique étude sur la consommation, les expositions média et le style de vie des jeunes de 11 à 24 ans : plus de 800 marques, 200 supports médias, 40 marchés et 200 attitudes et opinions. La méthodologie est fondée sur trois piliers. DIGITAL : Un mode de recueil 100% on-line. PROFONDEUR : Un échantillon de 4200 jeunes de 11 à 24 ans résidant en France. TEMPO : Un terrain et une livraison des résultats tous les 6 mois sur les audiences et l’ensemble des comportements et habitudes de consommation. Destinée aux marques et aux médias, SIMM-TGI Youth permet d’infiltrer cette génération et de bâtir une relation marketing durable et efficace avec cette cible. SIMM-TGI Youth, extension de l’étude SIMM-TGI, propose des analyses sur les usages médias et les pratiques de consommation des 11 ans et plussans aucune rupture.

    Source : www.kantarmedia.fr

  • A quand un enseignement vraiment «numérique» ?

    A quand un enseignement vraiment «numérique» ?

    0110201250695d21125b7
    La génération Y est une utilisatrice compulsive des smartphones, applications mobiles, jeux vidéos, programmes de e-learning ou des médias sociaux, quels qu’ils soient. Pour ces utilisateurs avisés, éclairés et experts naturels du monde numérique, le maniement de toutes ses nouvelles interfaces numériques est un reflexe naturel.
    Si l’arrivée récente de tablettes tactiles sur le marché, telles que l’iPad, a d’ailleurs séduit beaucoup d’enseignants et d’étudiants dans les faits, aujourd’hui, encore très peu d’écoles ou d’universités ont réellement adopté les tablettes tactiles dans leur programme pédagogique.

    Le contact avec les étudiants comme avec les enseignants est actuellement plus de l’ordre de la découverte et de l’exploration. Selon les dernières estimations, seuls 3% des étudiants en université utilisent aujourd’hui une tablette tactile.
    C’est un fait, les étudiants passent aujourd’hui un temps considérable, à titre personnel, devant des écrans, depuis leur smartphone jusqu’à leur ordinateur portable. Néanmoins, selon un récent sondage, 75% des étudiants universitaires préfèreraient encore et de loin les livres traditionnels imprimés à leurs pendants numériques. Par ailleurs, d’après le projet américain de recherche en cours « Student Attitudes Toward Content in Higher Education” réalisée par le BISG (Book Industry Study Group), moins de 20% des enseignants utiliseraient les derniers supports et contenus d’enseignement à leur disposition pour dispenser leur cours. Ainsi, alors que le potentiel de supports numériques à leur disposition est de plus en plus vaste et facile d’accès, les enseignants préfèrent encore opter pour une combinaison de supports différents, souvent un peu datés, et avec toujours une préférence pour les supports traditionnels imprimés.

    Les éditeurs investissent dans les technologies numériques

    De leur côté, les grands éditeurs ont investis assez tôt et avec intelligence dans les nouvelles technologies en multipliant les partenariats avec des prestataires de services d’édition numérique tels que le Groupe Jouve afin d’optimiser l’édition combinée de livres d’enseignement en version traditionnelle comme en version numérique.

    Les premières technologies XML couplées à des formats éditoriaux numériques innovants, ont permis aux éditeurs de créer des collections entières de supports d’enseignement pour tous les âges, dorénavant à disposition à la fois en version traditionnelle imprimée comme en version digitale.
    Ils ont développé de nouvelles méthodes permettant d’adapter et de personnaliser le contenu aux besoins spécifiques des étudiants, pour les cours individuels, les institutions et les enseignants. Les éditeurs ont, par ailleurs, développé de nouveaux algorithmes évolutifs et intelligents, permettant d’adapter les cours au rythme des besoins et des progrès des étudiants. Utilisé intelligemment et à bon escient, le recours à ces nouveaux supports numériques permet d’optimiser les résultats, pour les enseignants comme pour les étudiants que ce soit en ligne et à distance ou dans le cadre de l’école ou de l’université.

    Du point de vue des étudiants

    Toutes les études indiquent aujourd’hui que les supports traditionnels imprimés ne répondent que partiellement aux besoins réels des étudiants. Le rapport qualité/ prix est notamment trop élevé pour justifier un recours unique à ces supports face à des étudiants constamment à la recherche de supports d’enseignement complémentaires ou alternatifs en version numérique.
    Les étudiants sont des consommateurs avisés, toujours à la recherche du meilleur rapport qualité/ prix considérant leur budget souvent limité. La majorité des étudiants achètent eux-mêmes leurs livres de cours et parce que les éditions imprimées traditionnelles, neuves comme d’occasion, sont souvent trop chers pour leur budget, seuls 55% d’entre eux achètent la dernière version à jour des ouvrages au programme de leur classe. Les autres achètent soit des éditions plus anciennes, soit des éditions d’autres pays, ou encore des versions en livre numérique (e-books) moins onéreuses, voir souvent des copies frauduleuses disponibles sur internet ou plus simplement les empruntent à la bibliothèque. Leur comportement indique clairement qu’ils ne perçoivent pas de réelle valeur ajoutée à acheter la dernière mise à jour du contenu d’un cours, telle que proposée par les éditeurs officiels. Le contenu des livres de cours s’est banalisé et il est bien souvent accessible en un clic soit gratuitement soit à prix plancher sur internet.

    A l’inverse, les étudiants qui ont recours à des supports numériques de dernière génération comme “Wiley Plus”, « Pearson’s Mastering series » ou « McGraw Hill’s Connect », trouvent une valeur ajoutée complémentaire immédiate et mesurable qui correspond mieux à leurs attentes. Dans la dernière étude menée par le BISG sur le sujet, ces nouvelles interfaces pédagogiques entièrement numériques obtiennent systématiquement de meilleures notes d’évaluation que les ouvrages classiques imprimés et ce, sur l’ensemble des critères d’évaluation : simplicité, efficacité, ergonomie, mémorisation, etc. Par contre, si les étudiants d’aujourd’hui ont en effet une large préférence pour les éditions multimédias, il doit être souligné qu’il s’agit bien des outils interactifs de dernière génération. Les livres numériques dits « homothétiques », simples répliques au format PDF de leur livres classiques n’ont, par contre, pas connu ce succès. Lors de la précédente année scolaire, seuls 3% des étudiants ont acheté ce type de livre numérique « simple ».

    Du point de vue des enseignants

    Nombre d’écoles et d’universités expérimentent actuellement activement de nouvelles méthodes et de nouvelles technologies dans le but d’améliorer l’efficacité de leurs programmes pédagogiques. Néanmoins, la plupart doivent faire face à des problèmes budgétaires récurrents. Il s’agit aujourd’hui d’un frein important, si ce n’est le plus important à l’acquisition de supports numériques comme à la formation des enseignants qui souhaitent passer le cap digital.

    Si les enseignants mesurent bien la valeur ajoutée que peuvent leur apporter les nouvelles techniques d’enseignement numériques, lorsqu’elles sont adaptatives et évolutives, ils ne partagent pas pour autant toujours les mêmes objectifs que leurs institutions de tutelles en termes de moyen pour y parvenir. Cette divergence conjuguée à des charges de travail et des programmes d’enseignements toujours plus pesants ne laissent que peu de temps et de moyens aux enseignants pour se former et convertir leurs supports et leurs méthodes au numérique.

    Le défi actuel

    La nécessaire évolution des esprits et de la volonté de faire évoluer les comportements tant du côté des enseignants que des institutions est le principal défi à cette transition au « tout numérique ».
    A mesure que les nouvelles plateformes pédagogiques numériques se développent et se perfectionnent, elles peuvent être perçues comme un danger ou une menace, visant à terme à remplacer ou estomper le rôle et la stature traditionnelle des enseignants dans les écoles et les universités. Mais le temps que ces nouvelles technologies pourraient permettre d’économiser aux enseignants, notamment en ce qui concerne l’enseignement des savoirs fondamentaux, pourrait et devrait être réinvestit et redéployé pour explorer ou approfondir de nouveaux champs de connaissance avec leurs étudiants. Le temps passé en classe pourrait ainsi être mieux utilisé plutôt que remplacé, comme le craignent certains, par des simulateurs de jeux ou des programme de e-learning dispensés à distance via internet.

    La nouvelle génération d’étudiants, familière des nouvelles technologies, est en constante recherche, à titre personnel et en parallèle, de supports d’information numériques. Ils comblent donc déjà naturellement et par eux-mêmes les lacunes du système éducatif. Aussi, cette transition numérique sera, en tout état cause, menée par les étudiants. La demande comme l’attente est grande et l’offre tarde à se construire. Il paraît donc aujourd’hui essentiel et urgent pour les institutions et les éditeurs de travailler main dans la main pour passer le cap du numérique et offrir de nouveaux outils plus performants aux étudiants qui les attendent.

    Que devrons-nous changer ?

    Dans le monde digital, les changements de paradigme interviennent généralement suite à l’arrivée sur le marché et à l’adoption généralisée par les usagers de nouvelles interfaces qui bousculent le jeu, les « game changers », comme ont pu le faire récemment les smartphones ou les tablettes tactiles. Ces dernières, pleines de promesses, semblent néanmoins encore trop récentes.

    Les tablettes ne sont pas encore aujourd’hui ni suffisamment puissantes et développées ni suffisamment abordables en terme de coût à l’achat pour constituer l’interface unique dont pourraient rêver les enseignants et les étudiants. A ce stade, il va falloir attendre encore quelques années, que les tablettes accroissent leur puissance comme leurs champs d’applications, pour qu’elles séduisent définitivement le monde enseignant. Le jour où la majorité des étudiants auront à disposition une offre intelligente, complète et abordable en termes d’interfaces comme de contenus pédagogiques en version numérique, alors les enseignants et les institutions pourront faire évoluer leur approche pédagogique de manière efficace. Le mouvement semble irrémédiable.

    La prochaine génération de solutions pédagogiques, encore à venir, sera en tout état de cause entièrement « born digital », c’est-à-dire conçue, pensée et créée à 100% par des auteurs et des développeurs, issus de la nouvelle génération née avec internet. Dans ce cadre, il parait clair que les programmes et les méthodes pédagogiques devront être repensées intégralement, avec une nouvelle approche, qui ne pourra pas être un simple transfert, sorte de copier/coller du papier vers le numérique des méthodes et supports préexistants. Leur design sera modulable, adaptable et personnalisable comme le propose par exemple déjà la plateforme «Cengage’s new Mindtap.» Ces nouveaux programmes d’enseignement auront toutes les caractéristiques du nouveau paradigme numérique : mobile, social, personnalisable, interactif, évolutif, etc.

    Dans ce contexte, les éditeurs doivent également repenser intégralement leur organisation et adapter leurs processus de fabrication. Le groupe Jouve propose ainsi d’intégrer le numérique de plus en plus tôt dans le processus éditorial, avec la création en amont, de formats pivots qu’il est ensuite possible de décliner de manière simple dans n’importe quel format final pour n’importe quel support de lecture, numérique ou papier. L’édition papier tendant, à terme, à devenir un support comme un autre aux côtés des différents formats numériques. Ce processus permet également de réduire les délais et les coûts de production, d’améliorer les phases de relecture et d’intégrer des contributeurs extérieurs.

    Les modèles d’affaires comme les canaux de distribution vont également devoir changer de manière radicale. A mesure que les éditeurs développeront et commercialiseront des plateformes pédagogiques d’enseignement numériques plus sophistiquées et plus performantes, ils devront abandonner de l’autre côté la commercialisation de leurs supports traditionnels. Dans ce cadre, la conversion des données et des connaissances traditionnelles en version numérique aura un coût important que les éditeurs devront, à un moment ou un autre et d’une manière ou d’une autre, répercuter et refacturer aux écoles, aux universités et aux étudiants. Les éditeurs et les universités expérimentent d’ailleurs actuellement aux USA, un nouveau système de licence permettant de repartir équitablement les coûts entre les parties avec une contribution par élève. L’Université de l’état de l’Indiana aux Etats-Unis fait partie des structures pilotes actuellement en test sur ces nouveaux systèmes. L’un des autres avantages majeur de cette nouvelle relation dématérialisée consistera également à supprimer tous les intermédiaires et permettra aux éditeurs et aux étudiants de développer et d’entretenir un dialogue direct, personnel et en temps réel pour une personnalisation intégrale des supports et des services. Ce sera la fin des standards.

    En conclusion

    La révolution numérique poursuit son cours et s’accélère. Basée sur les dernières innovations technologiques telles que le XML, le HTML5 et le nouveau format EPub3, les interfaces mobiles deviennent tous les jours plus performantes prenant également un nouvel élan à partir des dernières ressources offertes par le Cloud Computing. Les nouveaux programmes pédagogiques numériques (e-learning) deviennent plus intelligents et autonomes. Ils sont adaptables, personnalisables et évolutifs. Basés sur de puissants algorithmes, les nouvelles interfaces pédagogiques deviennent multimédias et entièrement interactives. Créant un dialogue permanent avec leur utilisateur, ces programmes permettent de questionner et d’évaluer en permanence les lacunes comme les acquis des étudiants pour leur proposer des exercices et des programmes individualisés. Les enseignants pourront donc adapter, mettre à jour et faire évoluer leur enseignement de manière efficace et en temps réel en allant puiser dans des ressources ouvertes de manière quasi-illimitée.

    Aujourd’hui, la plupart des technologies nécessaires et utiles à cette transition numérique de nos systèmes d’enseignement, existe ou sera rapidement à disposition et les élèves eux-même sont déjà prêts et même impatients. La prochaine étape est donc celle de l’évolution nécessaire des mentalités et pratiques traditionnelles.