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  • Soyez créatifs ! Vidéos, tablettes et éducation aux médias en classe

    Soyez créatifs ! Vidéos, tablettes et éducation aux médias en classe

    [callout]Les vidéos et formats animés (Gif par exemple) viennent s’ajouter à la panoplie des professeurs. Les capsules vidéos présentant des concepts étudiés en classe en sont un très bon exemple mais il est aussi possible d’utiliser cet outil très différemment : soyez créatifs ![/callout]

    En Histoire-Géographie j’ai ainsi transformé une frise chronologique, statique et souvent trop conceptuelle pour des élèves de collège, en vidéo type « stopmotion« .

    Déroulement de la séance

     

    L’exemple suivant intervient dans une séquence de 5ème à propos des grandes découvertes de la Renaissance. Nous avons utilisé plusieurs fonctions de la tablette : capture d’écran et retouche, dessin au stylet, navigation facilitée entre les documents et enfin utilisation d’une application spécifique de montage vidéo (ici Picmotion car gratuite sous Android).

    A la fin de la séance, nous nous posons la question de la publication sur un réseau social (Vine, Instagram).

    Des élèves acteurs et créateurs en cours d’histoire-géographie : un meilleur apprentissage et pour l’intégration de certaines notions.

     

    J’avais constaté les années précédentes que mes élèves avaient du mal à comprendre le choc culturel qu’ont constitué les découvertes de C. Colomb, Vasco de Gama et Magellan. J’ai donc décidé de faire créer par les élèves une carte du monde connu par les Européens au XVe siècle. Pour cela, nous avons utilisé un fonds de carte vierge dont nous avons noirci les parties inconnues.

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    En dessinant eux-même la carte, les élèves ont mieux compris l’univers mental du XVe siècle que si je leur avais simplement montré les limites du monde connu.

    Les questions qu’ils ont posées témoignent de leur difficulté à concevoir un monde aussi différent du notre.

    Nous avons ensuite repris le fonds de carte, ajouté les voyages de Colomb, de Gama et Magellan afin qu’ils prennent conscience que ces entreprises, en s’élançant vers l’inconnu (les parties noircies de nos cartes), étaient audacieuses et périlleuses.

    L’application picmotion nous a ensuite servi à monter la vidéo afin que toutes les cartes se succèdent et nous montre une évolution dynamique.

    Et si l’éducation aux médias s’immisçait tout simplement en cours d’histoire-géo ?

     

    Une fois la vidéo terminée, cette application propose de la publier sur un réseau social au format souhaité (6 secondes ou 15 secondes). C’est l’occasion de faire réfléchir les élèves aux conditions de partage en regardant les conditions générales d’utilisation d’Instagram : si la carte est libre de droits dès lors qu’on en cite l’auteur (A. Houot), l’âge requis pour publier est 13 ans… Ce qui n’est pas le cas en 5e!

    Objectif atteint : un intérêt certain et avéré des élèves pour cette partie du programme d’histoire-géographie.

     

    Je me permets de citer Yassine, 5e4, pour une question qui ne m’avait jamais été posée : « Monsieur, et maintenant on pourrait faire la carte du monde tel que la connaissaient les Indiens avant l’arrivée de C. Colomb ? »

    Bilan de l’activité

    Le bilan est très positif : l’activité n’a pas été très chronophage ; elle s’est avérée ludique et a permis d’approcher plus efficacement la vision d’un homme du XVe siècle.

    La vidéo apporte une dimension supplémentaire aux apprentissages en permettant de pratiquer un autre langage que la rédaction et représente une corde (particulièrement efficace) à « l’arc pédagogique » des professeurs.

    En classe, ce travail était bien plus aisé à réaliser avec des tablettes tactiles qu’avec un ordinateur (dessin sur la tablette à l’aide du stylet, capture d’écran et retouche, importation et partage des documents, facilité d’utilisation de l’application picmotion…).

  • Utiliser les Qr codes et la réalité augmentée en classe : un exemple d’activité

    Utiliser les Qr codes et la réalité augmentée en classe : un exemple d’activité

    [callout]Deux précisions avant de commencer :
    ⁃    Un Qr code est une sorte de code barre qui, lorsqu’on le flashe (c’est à dire qu’on le scanne avec une application sur un téléphone portable ou une tablette), agit comme un lien et redirige vers ce que vous avez décidé sur internet (une image, un site, une vidéo etc).
    ⁃    La réalité augmentée permet grâce à une application (en classe j’utilise Aurasma mais il en existe d’autres) d’incruster une couche d’information virtuelle (appelée « aura » dans aurasma) lorsqu’on scanne un repère précis avec la tablette ou le smartphone. Ici aussi cette couche d’information peut être variée : liens vers un site internet, vidéos, extrait audio etc. La personne qui a créé cette couche virtuelle créé aussi le déclencheur (par exemple lorsqu’on scanne une partie de son manuel comme l’a montré F. Jourde).[/callout]

    Le programme d’histoire de 3ème insiste sur la notion de massacre de masse lors de la 1ère guerre mondiale et l’un des exemples de référence est le génocide arménien de 1915. Un des objectifs est de faire comprendre aux élèves que le conflit ne se résume pas à un affrontement franco-allemand.
    Pour cette séance, j’ai disposé la classe en îlots et les élèves, répartis en plusieurs groupes, pouvaient se déplacer de l’un à l’autre munis de leurs tablettes (et de leurs cahiers pour écrire les réponses).

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    Sur le groupement de table « Un massacre de masse: le génocide arménien » était étendue une carte (habituellement murale) des zones de conflit de la première guerre mondiale. Étaient aussi disponibles : une série de questions et plusieurs Qr codes (identiques et découpés par mes soins). Les élèves devaient répondre aux questions avec l’aide du document fourni par le Qr code (un document interactif créé avec l’application Thinglink.

    Nicolasbertos_Qrcode3_250215Une fois ce travail terminé, ils devaient placer le Qr code sur la carte (mon but étant qu’ils réalisent que les combats n’ont pas eu lieu qu’à Verdun).
    C’est alors qu’ils devaient se servir de la réalité augmentée : si leur code était correctement positionné sur la carte apparaissait en tant qu’aura, un document supplémentaire (une vidéo).

    La réalité augmentée servait alors de validation de leur réponse : tant que le code n’était pas au bon endroit (et donc tant que leur réponse était fausse) ils n’avaient pas accès au dernier document.

    Bilan de l’activité :

     

    Cette activité a dérouté la plupart des élèves, peu habitués à la réalité augmentée (quelques-uns ne savaient pas non plus utiliser des Qr codes). Il m’a fallu être très présent pour les guider mais il me semble toutefois qu’une fois ces routines installées, elles ne devraient plus poser de soucis.

    Ces deux outils ont un très grand potentiel pédagogique et la plus value en classe m’a semblé intéressante.

    Prochaine étape : faire construire les auras par les élèves.

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  • Des pistes de différenciation pédagogique en classe : parcours facile / parcours difficile

    Des pistes de différenciation pédagogique en classe : parcours facile / parcours difficile

    La grande souplesse d’utilisation des outils numériques permet de plus en plus de différencier le travail des élèves dans et hors la classe. Dans ma classe, je choisis souvent de mettre les élèves en situation de choisir le processus d’apprentissage ou les documents qu’ils étudient.

    En effet, il me semble que ce choix va avoir deux effets bénéfiques :
    ⁃    la création d’une certaine empathie envers le document étudié puisque choisi par l’élève selon l’intérêt qu’il y a trouvé.
    ⁃    l’implication plus grande dans la réalisation de la tâche demandée. Par le choix effectué, les élèves amorcent une démarche qui fait d’eux des acteurs de leurs apprentissages et quittent la position passive.

    Pour cela, je mets en place deux types d’activités.

    Une série de questions, des documents : le cours dont vous êtes le héros.

    Une activité qui me semble assez classique mais qui n’est pas réalisable sans outils numériques (ordinateurs ou tablettes), à moins de multiplier les photocopies. Je propose plusieurs documents aux élèves mais une seule série de questions.

    Nicolasbertos_artparcours140115Par exemple, pour étudier l’importance des ports en France au XVIIIe siècle, les élèves peuvent choisir d’étudier les peintures de Vernet parmi le port de Bordeaux, de Marseille, la Rochelle, Toulon etc.

    Ici, en plus de l’oeuvre étudiée par un élève, la mise en commun lors de la correction de l’exercice donne du sens. De plus, lors de la phase de trace écrite, ils retrouvent des éléments de leur choix : « Au XVIIIe siècle, certains ports en France deviennent très importants: ainsi à ………….. (Bordeaux, Marseille etc) c’est l’activité ………… (commerciale, militaire etc) qui est prépondérante« .

    Image : L’entrée du port de Marseille (1754) Claude Joseph Vernet source Wikipédia

    En multipliant cette activité on aboutit à un cours unique dans lequel chaque élève a choisi les documents étudiés, mais la leçon reste la même pour tout le monde en dehors des exemples. Il est intéressant leur faire prendre conscience que les caractéristiques qu’ils ont trouvé dans cet exemple se répètent et peuvent se généraliser (en géographie cela facilite le passage de l’étude de cas à la généralisation).

    Parcours facile / difficile :

    Je propose aussi aux élèves, pour un même document, de choisir la difficulté des questions auxquelles ils vont devoir répondre. Durant la réalisation de cette activité, le timing joue un rôle crucial.

    Nicolasbertos3_artparcours140115En effet, la première fois que je l’ai mise en place, 100% des élèves ont commencé par les questions faciles. J’ai alors volontairement restreint le temps imparti aux exercices afin de leur faire comprendre qu’il ne s’agissait pas de commencer par l’un puis de faire l’autre mais bien de choisir l’un des deux.

    Au final, si quelques élèves continuent à choisir le parcours facile pour se rassurer alors qu’ils seraient largement capables de répondre aux questions du parcours difficile, l’activité fonctionne très bien et ajoute une dimension auto évaluative intéressante.

    De plus, dans la classe, personne n’est laissé pour compte : si un élève n’arrive pas à répondre aux questions d’un parcours il peut en changer à volonté.
    Pour ce parcours, la correction se fait de manière individuelle avec le modèle que j’ai rédigé à l’avance.

     

    J’ai remarqué, à ce stade, une très forte implication de la part des élèves dans la rédaction du corrigé. Ici aussi, dans sa leçon, l’élève retrouve une trace de ses choix.

    Bilan des activités

    Le bilan de ces activités est très positif. Les élèves s’impliquent fortement dès lors qu’ils ont eu un choix à effectuer. Les outils numériques permettent de multiplier les ressources, de transmettre très rapidement des documents aux élèves etc.

    Ces méthodes demandent au professeur un effort non négligeable en termes de préparation du cours (scénarisation, timing, rédaction de deux séries de questions ainsi que de deux séries de réponses etc) mais elles sont très efficaces.

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    Il est ensuite tout à fait possible d’intégrer ce type de dispositif dans un parcours automatisé (activité moddle dans l’ENT par exemple) pour encore plus d’efficacité (retours type « feedback » sur la production des élèves) ou de croiser les approches (faire réaliser les questions par les élèves eux-mêmes) pour qu’ils soient à l’origine de l’intégralité du cours : document étudié, questions posées, rédaction de la trace écrite.

  • Les tablettes, un vrai « plus » pour l’organisation d’un débat en classe

    Les tablettes, un vrai « plus » pour l’organisation d’un débat en classe

    [callout]Organiser un débat en classe n’est plus une activité hors du commun mais elle reste relativement peu fréquente dans une salle de classe. Les compétences mobilisées sont pourtant nombreuses : apporter la contradiction et la multiplicité des points de vue, travailler la prise de parole, écouter les arguments des autres élèves et s’en servir pour répondre, respecter la parole de l’autre etc.[/callout]

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    Je n’ai pas attendu d’avoir des tablettes tactiles en classe pour organiser ce type d’activité mais, une fois de plus elles ont permis une transformation de ma manière de concevoir cette séquence et un engagement approfondi des élèves lors de celle-ci. Le descriptif porte sur une séquence (4h environ : 1h, 2h, 1h) de 4ème en éducation civique (mais elle est transférable à d’autres niveaux et d’autres matières).

    Etape 1 : Préparation du débat.

    Les élèves ont à leur disposition un corpus documentaire d’environ 30 documents. Ils doivent en lire au moins 4. Mon but ici est de diversifier les approches afin qu’ils n’aient pas tous le même point de vue. Je propose une problématique volontairement simpliste afin que les élèves prennent partie dans un sens ou dans l’autre. Lors de ma séquence la problématique était la suivante : « La géolocalisation, progrès indispensable ou menace pour nos libertés ? « .

    Ici, l’outil tablette apporte bien entendu la possibilité de multiplier les documents disponibles (l’année précédente, je photocopiais) et de varier leur nature (texte, vidéo, témoignages recueillis par les élèves etc).

    Etape 2 : les rôles de chacun.

    Chaque rôle a sa fiche d’objectifs. Ici, celle des participants.
    On procède ensuite à la répartition des rôles durant le débat. Les tablettes apportent un avantage immédiat : nous allons pouvoir filmer le débat.
    – Le président du débat et son adjoint répartiront la parole, veilleront à ce que tous les participants s’expriment etc.
    – Les participants sont assis dans deux camps opposés. Lorsque les participants sont trop nombreux le débat ne fonctionne pas : certains élèves ne prennent pas la parole, d’autres sont frustrés car ils la voudraient mais attendent leur tour trop longtemps.
    – Les scientifiques sont chargés dans un coin de la classe, d’apporter des précisions sur ce qui est en train de se dire : chiffres, pourcentages etc que j’ai mis à leur disposition.
    Les années précédentes j’étais obligé de « fabriquer » des rôles qui se sont révélés, au final, peu intéressants : Gardiens du temps, de l’expression, du vocabulaire etc.

    Lors de cette étape, les tablettes apportent plusieurs atouts très concrets.

    Tout d’abord, elles me permettent de diversifier les rôles des élèves en ajoutant deux groupes supplémentaires : les journalistes (chargés de l’introduction et de la conclusion du débat) et les cameramans: chargés de filmer le débat, l’introduction et la conclusion. C’est un rôle assez technique car il faut pouvoir se déplacer dans les rangées, prendre correctement le son etc.

    Mais surtout, elles me permettent de demander aux élèves (scientifiques, participants) de produire eux-même des documents (à partir de leur livre, des cours, des documents distribués): croquis, carte, courbes ou camemberts par exemple. Ces documents serviront ensuite comme arguments lors du débat.

    Les préparatifs : sélectionner les documents pour en produire de nouveaux

    Etape 3 : le débat.

    La disposition de la salle de classe est réorganisée, les groupes se réunissent pour préparer leurs arguments et le débat peut commencer. Je dois avouer que la première réalisation fut hasardeuse : prise de son trop aléatoire, angles de vidéos ridicules (filmer de dos quelqu’un qui parle…), prises de vidéo tremblotantes etc. Cependant, ces erreurs m’ont semblé constructives :

    – Après les avoir montrées aux autres classes, elles n’ont pas été reproduites. Une fois de plus les tablettes permettent un ancrage visuel de l’erreur chez les élèves et sont donc un instrument efficace pour modifier sa perception.
    – Elles ont pu me permettre de sensibiliser les élèves sur les conditions de travail des journalistes (par exemple en situation de filmer un conflit).

    Lors du débat (environ 30 min), les participants qui le souhaitent peuvent se servir des documents (fournis ou préparés) disponibles sur la tablette. Les scientifiques ont obligation de produire un document. Les journalistes ont présenté le débat (filmés à part) en exposant les enjeux principaux. A mon signal, 5 minutes avant la fin, ils s’éclipsent et proposent leur conclusion (ici aussi, filmés à part).

    Etape 4 : l’après débat: montage et visionnage.

    Les années précédentes, cette partie n’était pas possible. Je présentais rapidement mes conclusions puis nous passions à autre chose.

    Avec les tablettes, la séance acquiert une dimension supplémentaire : le retour sur le débat.

    Malheureusement, après avoir essayé de le réaliser en classe par les cameramans, j’ai du me résoudre à produire moi-même le montage vidéo le niveau de complexité étant trop élevé et trop chronophage. Malgré cela, le montage est une activité qui intéresse de nombreux adolescents : certains d’entre eux sont familiers des logiciels les plus courants, d’autres possèdent leurs chaînes YouTube (vidéos Go pro de BMX par exemple).
    Plusieurs groupes d’élèves se sont impliqués dans cette étape, venant même travailler entre midi et 14h, même si au final, les conditions techniques n’aidant pas, j’ai réalisé la plupart des films.

    Le visionnage permet par contre à la classe de revenir « à froid » sur le fond et la forme de ce qui a été dit. Les élèves peuvent se voir, comprendre leurs tics de langage, le non respect des consignes ou les prises de paroles bien argumentées. Ce visionnage m’a paru essentiel et la plus-value pédagogique est tangible.

    Les possibilités pour exploiter davantage cette vidéo sont multiples : on peut, par exemple, imaginer une réutilisation dans le cadre d’un cours avec une autre classe ou isoler certains passages pour aider les élèves à travailler certains points rarement travaillés en classe (diction, clarté de l’expression, prise en compte de l’interlocuteur etc).

    En conclusion, il me semble que les tablettes ne sont pas indispensables à l’organisation d’un débat en classe. Mais comme dans d’autres exemples que j’ai déjà donné dans mes retours d’expériences en classe, elles apportent une dimension supplémentaire aux apprentissages et renouvellent en profondeur les pratiques. Leur utilisation fluide et multiforme et leur mobilité permettent leur insertion naturelle dans le processus vivant et réactif que représente un débat.

    Une fois de plus les élèves ont intégré cet outil au delà de mes espérances et de mes suggestions : demande de vidéoprojection des documents créés, demande de pouvoir s’en servir en tant que support durant le débat, prise de photo et collages de documents du manuel etc.

    Enfin, grâce à l’ensemble de cette utilisation (discussion collective grâce à la vidéo, travail de groupe), l’erreur est perçue comme constructive et rattachée au processus d’apprentissage et non comme un échec isolé de celui-ci.

    Lors de l’organisation du deuxième débat de l’année (environ 1 mois plus tard) les élèves avaient très largement intégré l’ensemble des remarques. Les échanges n’en furent que plus clairs, plus riches et constructifs.

    Un aspect très positif et particulièrement motivant découle de l’augmentation du nombre des rôles grâce aux tablettes (cameraman et journalistes). En effet, puisque certains élèves refusaient généralement de participer au débat ils ont trouvé dans ces responsabilités une tâche plus à leur convenance. Par ailleurs, après avoir été « derrière la caméra« , plusieurs d’entre eux ont regretté de ne pas avoir pu participer au débat et auraient voulu intervenir au fil de la discussion… Ils se sont donc portés volontaires lors du second !

    Plus d’infos :
    Le blog de Nicolas : http://theraphproject.blogspot.fr/

  • La classe puzzle : collaborer pour écrire le cours grâce aux tablettes tactiles

    La classe puzzle : collaborer pour écrire le cours grâce aux tablettes tactiles

    [callout]Une des choses que permet le numérique, à travers la circulation rapide des informations, c’est d’utiliser les productions éparses des élèves en les agrégeant rapidement et efficacement. J’ai utilisé cette possibilité pour faire créer les documents de mon cours par mes 5èmes. Voici comment cela s’est déroulé[/callout].

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    Heure 1: répartition des tâches

    Une des parties du programme de 5ème en éducation civique s’intitule « les risques majeurs » et prévoit de les sensibiliser aux risques présents sur leur commune. J’ai donc profité de ce cours pour effectuer une sortie. J’ai expliqué aux élèves que, compte tenu de la chaleur et de la proximité de la coupe du monde, je n’avais pas très envie de créer le cours et que ce serait donc à eux de devenir professeurs pour mes deux autres 5èmes. Après une rapide introduction (carte IGN, vidéo INA des inondations dans notre village, connaissances des élèves et rappel du cours de géographie) nous avons divisé la classe en 8 groupes de 3 ou 4 élèves, chaque groupe ayant une fonction précise que j’ai déterminé.
    ⁃    2 groupes étaient affectés au travail de recherche préalable sur internet. (Groupes A et B)
    ⁃    2 groupes étaient chargés de réfléchir aux photos à prendre lors de la sortie, à la manière de créer les futurs documents des autres classes. (C et D)
    ⁃    4 groupes devaient préparer les entretiens que nous allions faire durant la sortie (le programme insiste sur les acteurs qui interviennent dans la gestion des risques): association, pompiers, principal du collège et un élu municipal. (E, F, G et H)
    J’ai laissé les élèves en totale autonomie concernant la création de questions pour les interviews, leur demandant uniquement une quantité de questions  déterminée (10).

    Heures 2 et 3 : la sortie

    Bertos1_130914Les 2 groupes qui ont réalisé des recherches sur internet (prim.net et le site de la mairie de Pont) font part de leurs découvertes aux autres élèves avant la sortie : quels sont les risques majeurs qui menacent notre commune, par exemple. Nous partons ensuite à l’extérieur du collège. Chaque groupe a son rôle : filmer, photographier, prendre des notes etc.

    Heure 4: la classe puzzle

    Si la phase de questionnement était déjà très intéressante, c’est à partir de ce moment qu’on entre dans un cours moins habituel pour les élèves et donc particulièrement stimulant pour eux et le professeur.
    De retour en classe les élèves se placent en ilôts avec leur groupe (3 élèves).
    ⁃    2 élèves de chaque groupe sont affectés à une tâche précise: création de document à partir des photos et des notes prises lors de la sortie (C, D) ou montage vidéo (E, F, G, H).
    ⁃    Les groupes A et B sont chargés de rédiger les questions pour les autres classes. Ces deux groupes peuvent collaborer entre eux.
    ⁃    Le troisième élève des groupes C, D, E, F, G, H doit se rendre disponible pour les élèves des groupes A et B qui peuvent venir l’interroger sur les sujets traités par l’ensemble du groupe et ainsi vérifier que la réponse aux questions va bien être fournie par les documents.

    Heure 5: devenez profs!

    La classe visionne le montage final de la vidéo. Elle servira de document aux autres classes. Grâce aux tablettes, les élèves pourront la visionner à leur guise. Il s’agit maintenant d’écrire la leçon. Je propose aux élèves le plan du cours et le déroulement de la séquence (articulation des phases de trace écrite, questionnements écrits ou oraux etc). La classe est donc divisée en 3. A chaque groupe, j’assigne l’écriture d’une partie de la leçon (I, II ou III). Pour cela, je leur demande de répondre le plus simplement possible aux questions posées durant l’heure 4 puis de mettre en forme le texte créé (mots de liaisons etc).

    La leçon est donc créée de toutes pièces par les élèves : trace écrite, documents (vidéo de la sortie), questionnement. A tel point que j’ai laissé les fautes d’orthographe afin de montrer aux élèves qu’ils écrivent pour que quelqu’un les lise et non uniquement pour eux-mêmes.

    Les classes qui utilisent ensuite cette leçon ne sont pas passives pour autant : elles ont pour mission d’élaborer une grille d’évaluation et d’évaluer le travail effectué.

    Réussites:
    Les élèves ont beaucoup aimé devenir professeurs, leur implication durant cette séquence était proche du maximum. Il ont parlé de ce cours aux autres classes, attendu leur réaction.
    Le travail de groupe a très bien fonctionné: entraide et collaboration ont eu les effets positifs attendus (foisonnement et pertinence des questionnements).
    Les nombreuses reformulations que l’exercice demande le rend très efficace quant à l’assimilation des notions et l’utilisation du vocabulaire: présentation des sites internet, questions aux différents acteurs de la sécurité, classe puzzle, questions pour les autres classes…

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    Les tablettes jouent un rôle clé dans cette séquence : film, photo bien sûr mais surtout transmission rapide des documents, mobilité dans la salle de classe.

    Limites:
    Le montage vidéo est trop complexe à réaliser par les élèves : sélection des passages vidéos à la seconde près, soucis techniques, séance trop chronophage. J’ai donc laissé l’heure 4 se terminer et c’est ensuite moi qui ai réalisé la partie finale du montage (attention, là aussi, c’est très chronophage, comme l’ensemble des activités liées au fait de filmer puis de redécouper des séances).
    La vidéo créée est trop longue, 20 minutes, ce qui occasionne des difficultés en classe malgré le visionnage individuel (ennui, concentration…).

    Le bilan global est très positif malgré les quelques soucis techniques.

    Auteur : Nicolas Bertos, theraphproject.blogspot.fr

  • Les tablettes tactiles, des outils facilitateurs de contenus pour une éducation efficiente à la culture numérique

    Les tablettes tactiles, des outils facilitateurs de contenus pour une éducation efficiente à la culture numérique

    Nicolas bertos

    Problématique pédagogique :

    Les tablettes tactiles ont de nombreux avantages qui incitent les professeurs comme les élèves à redéfinir leur création de contenu dans et en dehors de la classe. Ainsi, la relation au savoir (transmission, acquisition, production) est modifiée.

    Il convient donc de s’interroger sur les  possibilités offertes par cet outil, dont la nature même modifie la position structurelle des acteurs de  la classe.

    En quoi le nomadisme des tablettes permet-il aux élèves et aux professeurs de mieux s’interroger sur les processus de création ainsi que sur la réception de leurs productions ?

    Pour le professeur, en quoi les tablettes permettent-elles de renouveler les supports afin de construire un cours qui rende les élèves acteurs et auteurs ? En quoi les tablettes sont-elles un vecteur de créativité pour le professeur et pour les élèves ?
    Comment la mobilité des tablettes redéfinit-elle l’espace de la classe et la circulation du savoir à l’intérieur de celui-ci ?

    Enfin, en quoi la mobilité des tablettes est-elle un atout pour éduquer les futurs citoyens aux médias en utilisant des formats de création (vidéos par exemple) qui peuvent devenir des objets de consommation?

    Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée :

    Dans la classe c’est la tablette qui est mobile (tablette « professeur » vidéoprojetée ou tablettes « élève » pouvant prendre des vidéos et/ou photos, déplacements dans la classe, utilisation d’applications de réalité augmentée).

    Chaque élève dispose de sa tablette, qui est utilisée de diverses manières pour un usage quotidien (affichage de document, support pour les réponses écrites, outil de création graphique, de retouche de document etc). La mobilité permet la mise en commun des créations d’élèves rapide et efficace par QR codes.

    Une fois agrégées par le professeur (ou échangées entre élèves), ces créations deviennent des objets de consommation en étant diffusées à l’ensemble du groupe classe (ou à d’autres classes): les élèves n’écrivent plus uniquement pour eux mais bien pour être lus.

    Le numérique favorise l’innovation pédagogique: dans les méthodes, dans les documents mis à disposition des élèves (nombre, nature etc). Grâce au numérique les élèves deviennent aussi producteurs de ressources et peuvent aussi « augmenter » des documents créés par d’autres, estompant ainsi la frontière entre création et « simple » consommation afin de rendre les élèves acteurs de leurs pratiques.

    Le professeur n’est ainsi plus le seul producteur de ressources du cours.

    Relation avec le thème de l’édition :

    Les tablettes permettent de placer dans les mains des élèves des outils de création de contenu « nouveaux » dans l’enseignement: vidéos et photos. Les possibilités offertes obligent à repenser la pédagogie à mettre en place en classe.

    Ainsi, les mots « création » et « consommation » recouvrent aussi bien les productions des professeurs (posture habituelle d’ingénieur pédagogique décrite par B. Devauchelle) que celles des élèves: créations variées en classe et objets de consommation lorsque publiés par exemple sur internet.

    Avec les tablettes tactiles les élèves deviennent auteurs, naviguant entre création et consommation.

    Synthèse et apport du retour d’usage en classe :

     Les élèves ne sont habituellement pas sensibles au fait qu’ils écrivent « pour quelqu’un » (le professeur). Diffuser leurs productions permet de leur faire réaliser que devenir auteur les oblige à naviguer entre création personnelle et future consommation de la production créée, obéissant ainsi à des normes et des codes: le respect des règles d’orthographe devient plus compréhensible, une carte de géographie doit être lisible et claire etc.

    En classe, le bilan est très positif mais il convient de ne pas tomber dans l’idolâtrie: si les progrès sont clairement visibles lors de la plupart des activités, c’est bien sur le long terme et en profondeur que le travail pédagogique doit être effectué.

    Néanmoins, il est clair qu’avec ce type de dispositif (une tablette par individu) les élèves sont placés dans une posture bien plus active qu’habituellement. Pour l’enseignant, les tablettes sont un formidable vecteur de transformation pédagogique. Les sources de savoir ne sont plus placées uniquement sur le tableau mais émanent potentiellement de chaque élève… Ce qui rend la scénarisation des cours nécessaire et complexe… Mais bien plus intéressante !

    Voir le programme complet des ateliers ExplorCamps

  • Un exemple d’activité avec tablette: rédiger avec le « parcours questions »

    Un exemple d’activité avec tablette: rédiger avec le « parcours questions »

    Parti du constat que les élèves de mon collège ont du mal à rédiger un paragraphe en 4ème, je me suis mis en tête de les faire progresser.

    NicBerthos_usagetablette2_050114Les années précédentes, j’ai d’abord fait rédiger les paragraphes des élèves sur un transparent pour les rétro-projeter. Cela n’a pas fonctionné. J’ai ensuite pris en photo leurs productions sur leurs cahiers pour les transférer sur mon ordinateur et les vidéo-projeter. Même si le résultats était meilleur, cela n’a pas trop fonctionné (photo sombre, fautes d’orthographe trop nombreuses, écriture illisible, impossibilité de rajouter ou d’enlever du texte).

    D’une manière plus générale, les points négatifs de leurs rédactions (analyse en fin d’exercice ou dans un contrôle) :
    •    Faire des phrases trop longues et déstructurées, des phrases fourre-tout.
    •    Oublier les exemples vus en classe ou ne pas les détailler.
    •    Ne pas connaître assez bien leur leçon pour en faire un paragraphe.
    •    Ne pas mettre en rapport ce qu’ils écrivent avec la question demandée.
    •    Ne pas utiliser les mots-clés du cours.

    A cela j’ajoute des éléments qui me semblent bloquants pour un adolescent qui essaie de rédiger :
    •    La peur de la feuille blanche.
    •    Les difficultés d’organisation des idées.
    Et des savoirs et méthodes disciplinaires:
    •    Le statut de la question et de la problématique en HG.
    •    L’utilisation de méthodes d’analyses apprises en cours.

    Bien souvent, pour aider mes élèves à « entrer » dans leur paragraphe, je leur proposais la première phrase (exemple : On peut dire que Léonard de Vinci est un artiste de la Renaissance car… »). J’y vois plusieurs soucis:

    – Les élèves ont du mal à rédiger au delà de la première phrase. Je ne les fais donc pas progresser, je propose un palliatif qu’ils n’arrivent pas à appliquer par eux-mêmes.
    – Ceci est dû au fait que je leur demande une démonstration qui commence par la conclusion pour eux (qui s’apparente à la démarche déductive alors que l’étude de cas en HG est inductive). C’est donc ma phrase d’introduction qui est en décalage avec la structuration de leur discours. Pourtant, la méthode inductive est difficile à mettre en place car elle demande aux élèves un effort de conceptualisation (effort valable même pour une simple formalisation des réponses à l’exercice précédent).

    Avec les tablettes, j’ai mis en place le « parcours questions » et cela fonctionne bien mieux.

    Avantages de la tablette

    •   Mobilité et maniabilité (avantage par rapport à l’ordinateur).
    •    Ecriture formatée et lisible pour tous les élèves.
    •    Possibilité de modification du texte par quelqu’un d’autre que l’auteur principal.
    •    Partage de fichiers simple et rapide : entre les élèves et le professeur mais aussi entre les élèves eux-mêmes (ici aussi, avantage par rapport à l’ordinateur, pas de clé usb, simplement un QR code à scanner).

    Plus-value pédagogique

    •    Amener les élèves à réfléchir au statut de la question, primordial en Histoire Géographie.
    •    Amener les élèves à partager les productions et à discuter des conditions d’élaboration de celles-ci.
    •    Aboutir à de meilleurs paragraphes pour synthétiser des connaissances.
    •    Favoriser l’autonomie des élèves et la prise d’initiative.
    •    Pour les élèves n’ayant pas appris leur leçon, une méthode permettant de « tirer les fils » de leurs connaissances et ainsi retrouver petit à petit la situation où ils étaient acteurs, le moment où ils ont posé les questions (et si ils peuvent aussi se souvenir des questions posées par leurs voisins ^^).

    NicBerthos_usagetablette_050114Déroulement de l’activité

    L’apprentissage se déroule progressivement. Lors des 5 premières séances :
    Premièrement, après avoir dégagé ensemble 5 questions principales réutilisables pour presque tous les documents (qui/quand/où/pourquoi/comment), les élèves sont amenés à décrypter un document à l’aide de questions qu’ils posent eux-mêmes en les rédigeant sur la tablette (au début : 10 minutes pour 5 questions).
    La consigne étant : « posez 1 seule question par grand type » (dans les exemples suivants, cette règle n’est pas respectée car cette consigne est complexe pour des élèves de 4ème).

    Une fois ces 10 minutes écoulées, ils donnent la tablette à leur voisin, qui répond aux questions directement sur la tablette. Je passe ensuite récupérer des productions, j’en diffuse quelques-unes au tableau. A l’oral, nous nous interrogeons sur la pertinence des questions, la formulation, les réponses etc.

    Le niveau des premières questions est assez faible mais la répétition de l’exercice ainsi que le fait de réfléchir aux autres questions posées (ils voient celles de leurs voisins ainsi que les 4 ou 5 autres que je diffuse au tableau) les fait rapidement progresser.

    Les 5 séances suivantes

    Les élèves posent maintenant autant de questions qu’ils le veulent en 5 minutes (généralement ils arrivent à en poser 5 ou 6, j’ai réduit le temps afin de les recentrer sur l’objet d’étude mais ce choix est peut-être discutable) et toujours au moins une par grand type. Ils passent la tablette au voisin, qui doit répondre sous la forme d’un paragraphe en répondant aux questions et en « collant » les réponses (exercice sur le cahier pour l’instant).

    J’ai pu constater l’efficacité de ce dispositif en passant dans les rangs : si les questions sont mal posées, les élèves discutent pour résoudre ce problème. Si les questions sont correctes, le paragraphe, bien que souvent incomplet (ils ont eu moins de temps pour rédiger les questions), est écrit de manière simple, claire et lisible. Lorsque les élèves ne sont pas satisfaits, ils prennent les questions sur la tablette d’un autre voisin afin de compléter leur paragraphe. Les paragraphes sont ainsi plus précis, regorgent de détails et d’exemples. Les élèves ne sont ni bloqués par la « feuille blanche » ni par le mot « paragraphe« .

    Ensuite…

    Je n’ai pas encore testé ce dispositif mais voici ce que je projette de faire : ne plus poser de question à propos d’un document mais plutôt à propos d’une leçon apprise ou d’un concept découvert en classe afin de se rapprocher des attentes du brevet des collèges. Je souhaite aussi multiplier les questions dans un laps de temps relativement court (10 min max ?).

    Enfin, les élèves rédigeraient leur paragraphe sur la tablette afin de le partager et de le modifier facilement. Une fois épuisées les questions d’un camarade, la consigne sera de changer encore de tablette afin de compléter et d’enrichir la rédaction.

    A terme, chaque élève gardera sa tablette mais récupèrera les questions de ses camarades grâce au transfert de fichiers (avec l’application Superbeam le fichier est transmis via un QR code à scanner, avec le wifi direct ou le bluetooth le fichier est transmis directement sur l’autre tablette).

    NicBerthos_usagetablette3_050114Constatations

    •    Bien entendu, les questions pourquoi et comment sont les plus difficiles à formuler parmi les 5 grands types (qui quand où pourquoi comment). Il est très courant que les élèves formulent 3 questions (qui quand où) et par facilité essaient d’en poser d’autres avec les mêmes questions. J’insiste toujours: 1 question de chaque type avant de passer à deux questions « qui » (le but n’est pas de rédiger des paragraphes superficiels même si l’apprentissage est progressif). Il est intéressant de noter que nous avons pu aborder en classe des questions concernant la formulation d’une problématique, des différences de nature entre les différents mots interrogatifs etc.

    •    Poser des questions à un document iconoraphique est au final assez simple pour les élèves mais se révèle efficace en vue d’une description.
    •    La question comment est particulièrement intéressante avec ce type de document car les élèves posent souvent la question de la technique de production (« comment l’auteur a-t-il représenté les montagnes à l’arrière plan de la Joconde? »).
    •    Dans ce travail les élèves apprennent en étant acteurs (ils posent les questions au document) mais aussi en partageant (lecture des questions des autres élèves et réponses à des questions qui ne sont pas les leurs).
    •    La phase d’échange de tablettes est très fructueuse sur le plan des apprentissages. Ici je n’ai ni photo ni vidéo à vous montrer, mais il faudrait voir comment les élèves manipulent la tablette (ils la tournent vers leurs camarades, la prennent à témoin… Je n’ai jamais vu une telle utilisation avec un simple ordinateur).

    Ils interrogent leurs camarades (et non plus le professeur) sur la formulation des questions, leur signification, débattent afin de savoir si la réponse se trouve réellement dans le document ou non. C’est la phase la plus intéressante selon moi. Je souris intérieurement lorsqu’un élève, déçu, s’exclame « mais elle veut rien dire ta question », « je comprends pas ce que tu veux dire » ou « mais je ne peux pas répondre à la question, la réponse est pas dans le document ».

    Allez-y mes petits, réfléchissez…

    Eléments de conclusion

    Si dans un premier temps la difficulté et le caractère peu conventionnel de l’exercice ont « fait sortir » quelques élèves de la matière étudiée, la plus-value est maintenant très claire pour moi. Peu d’élèves posent encore des questions sans intérêt ou auxquelles le document de répond pas (5 sur 90?) et le travail de groupe est très constructif.

    Au final, si cette activité est nouvelle et me semble intéressante, c’est bien la technologie qui a permis de l’imaginer et de la mettre en place.

    Le transfert instantané de fichier, l’affichage de plusieurs productions d’élèves au tableau, le fait de pouvoir modifier une question si elle est mal rédigée, d’y répondre directement sur la tablette en personnalisant sa réponse, l’intégration « naturelle » en tant qu’outil de travail mobile (au contraire de l’ordinateur) sont des qualités indéniables. J’y reviendrai dans un billet futur.

    Auteur : Nicolas Bertos, theraphproject.blogspot.fr
    Retrouvez le récit des « débuts » de Nicolas avec ses tablettes ici

  • Tablettes tactiles en classe par Nicolas, enseignant en collège à Pont Saint Esprit

    Tablettes tactiles en classe par Nicolas, enseignant en collège à Pont Saint Esprit

    Cela débute le 27 Novembre 2012, 17h30, une demi-heure avant un conseil de classe qui terminera vers 19h…

    Moi, au téléphone:

    En fait, j’ai un projet, j’aimerais enseigner avec des tablettes tactiles. Je ne l’ai pas encore formalisé mais je voudrais le mettre en place pour la rentrée 2013« .
    Mon interlocuteur (quelque part dans les bureaux du CRDP de Montpellier) : « Très bien. j’ai une réunion demain matin, je vais essayer de présenter votre idée. Rédigez un projet et envoyez-le par mail« .
    Moi (angoissé): « Euh… Ce soir« ?
    Mon interlocuteur: « Oui. Enfin, ne vous inquiétez pas, si je le reçois demain un peu en retard, disons pour 9h30, ce n’est pas très grave, la réunion ne commencera sans doute pas avant 10h« .

    Voilà comment je me retrouve, un an plus tard, avec 29 tablettes tactiles en classe au Collège G.Ville à Pont-Saint-Esprit (Gard).

    Et si je dois forcément refonder mes cours pour les adapter, je savoure mes heures en me remémorant les blocages des années précédentes (quantité et qualité limitée de photocopies, nombre limité de documents disponibles dans le manuel, impossibilité de projeter à l’ensemble de la classe des productions d’élèves etc).

    NBerthos_tablettes5

    Génèse du projet

    Voici le projet tel qu’il fut présenté à ma direction et au conseil général : projet enseignement avec tablettes.

    Contrairement aux autres années, la subvention TICE du Conseil Général du Gard a été votée tardivement (environ mi-juin), ce qui a posé de nombreux soucis d’organisation.

    Après avoir vainement tenté de réunir une équipe pédagogique pour donner 30 tablettes à une classe, le choix s’est porté sur une organisation différente:
    – Les tablettes restent en classe et sont à utiliser comme un manuel ; lorsque les élèves en ont besoin ils prennent la tablette puis au moment de la leçon ils reprennent leur cahier.
    – L’équipe pédagogique est donc composée de moi seul (professeur d’Histoire-Géographie). Je reste cependant ouvert à tout prêt de tablette, à toute intervention de la part d’autres professeurs dans mon cours, à toute visite ou expérimentation. Je suis aussi très motivé pour former d’autres collègues sur ce matériel.

    Je suis donc seul responsable des tablettes, ce qui rend plus flexible leur utilisation (tests pour des exercices, rechargement chez moi, téléchargement d’applications, organisation générale du cadre de l’expérimentation). J’utilise les tablettes lors de chaque cours et l’ensemble de mes cours sont adaptés à cet enseignement.

    – Les niveaux concernés sont des 5ème et des 4ème (je garde donc les mêmes classes que l’an dernier) et je touche au final beaucoup plus d’élèves que lors des dispositifs 1:1: environ 170 (1/4 du collège) contre 30 élèves habituellement.

    – Après avoir longuement pesé le pour et le contre (iPad ou Galaxy note), mon choix de tablette s’est porté sur une galaxy note 8 ». Le matériel est volontairement du haut de gamme pour disposer de toutes les fonctionnalités possibles ainsi que prévenir au maximum l’obsolescence programmée du produit. La tablette a de nombreux avantages: la taille et le poids sont « parfaits » pour mon utilisation, la tablette dispose d’un stylet (je ne pensais pas que les élèves s’en serviraient autant, 70 à 80% environ) et d’applications performantes (Par exemple Snote, spécifique à Samsung).

     Matériel (les prix sont arrondis)

    Les devis demandés auprès des différents entreprises (Ordysis, Maskott) avoisinaient les 20.000€. La subvention du Conseil Général étant d’environ 14.400€, j’ai du effectuer certains choix. Je dispose donc de:
    Nberthos_tablettes2– 29 galaxy note 8 » (élèves), 1 galaxy note 10″ (professeur) sous android 4.1.2. Le tout avec des housses de protection et des écouteurs. (12.000€ + 1150€ environ).

    – Un Hub all share cast (100€) permettant de diffuser sur un vidéoprojecteur HDMI l’écran de ma tablette.
    – Un point d’accès internet DAP 2360 Dlink (500€)
    – Un vidéoprojecteur HDMI vivitek (450€).
    – Le logiciel frog manager (Maskott) pour la gestion de fichiers avec l’ensemble de la flotte.
    – 3 Hub USB pour effectuer le rechargement (ma salle ne compte qu’une seule prise murale disponible)
    – Une armoire pour ranger les tablettes.

    J’ai donc du me passer de:

    – L’extension de garantie 1 an supplémentaire (1000€): pour être rentable, il aurait fallu que au moins 4 tablettes tombent en panne la deuxième année d’utilisation.
    – Le paramétrage des tablettes par l’entreprise qui les a fournies (1000€). Ce choix est très discutable mais les budgets étaient serrés.
    – La formation pédagogique sur site pour 3x3h proposée par l’entreprise Maskott (900€).
    – Le chariot de rangement (2.350€).

    Mise en route et Paramétrage des tablettes (« un long moment de solitude« )

    C’est un point crucial dans ce type d’expérimentation. Je m’étais passé volontairement (pour faire des économies) du paramétrage par l’entreprise qui a vendu les tablettes. J’avais réfléchi à un dispositif me permettant d’économiser un maximum de temps, étant seul à gérer cette tâche fastidieuse (l’allumage d’une tablette + rentrer les paramètres de comptes pour certaines applications me prenaient environ 15 minutes).

    J’ai donc pensé à paramétrer toutes les tablettes sur un même compte, nommé prof2pont@gmail et créé pour l’occasion. Le compte étant anonyme, il pouvait donc être partagé par d’autres professeurs dans l’éventualité où certains voudraient emprunter une partie du matériel. J’ai donc téléchargé des applications (uniquement gratuites) sur la première tablette et lors de la mise en route des tablettes suivantes, il me suffisait de rentrer à nouveau le même nom de compte pour que le magasin d’applications de google (play store) télécharge automatiquement les applis sur la nouvelle tablette (environ 45 minutes tout de même).

    Devinez quoi…
Cela n’a pas fonctionné.

    A partir de 3 tablettes qui téléchargent en simultané les mêmes applications sur le même compte, le play store affiche un message d’erreur. Il faut alors réinitialiser la tablette, vider le cache, bref, passer une heure de plus sur chacune. Le souci, c’est que la tablette doit être reliée à un compte personnel gmail pour fonctionner correctement (téléchargement des applications par exemple). Je me suis mis en tête de créer un compte élève anonyme eleveapont@gmail.com (puisque les tablettes n’appartiennent pas à un élève en particulier dans mon projet).

    Devinez quoi… Cela n’a pas fonctionné.

    Pour créer un compte Gmail il faut envoyer son numéro de téléphone à google qui limite ainsi le nombre de comptes par personne.
    J’ai donc, dans un premier temps, laissé les tablettes sous le compte prof2pont@gmail.com et téléchargé les applications tablette par tablette. Laisser les tablettes avec ce nom de compte me permettait aussi de synchroniser très facilement toutes les applications et donc de récupérer rapidement les productions des élèves, d’utiliser une seule dropbox (service de cloud) pour rapatrier les documents etc.

    Et bien devinez quoi… Cela n’a pas fonctionné.

    Une fois les 29 tablettes connectées en même temps (ce que je n’ai pu vérifier qu’à la rentrée), le galaxy note affiche un message d’erreur (qui ne la bloque heureusement pas). Mes tablettes n’étant pas connectées à internet (à cause d’Android qui ne gère pas le proxy de l’établissement) mais seulement à la même box (la Dlink 2360), elles ne se synchronisent pas. Je suis donc actuellement en train de rapatrier les tablettes une par une et d’en changer le compte de sauvegarde sur des comptes anonymes gmail (eleve1apont@gmail, eleve2apont@gmail.com etc) en ayant demandé dans mon entourage des numéros de téléphones pour recevoir le code confirmation google à la création du compte.

    Trucs et astuces

    Un autre souci est cependant en train de se retourner en avantage: android ne gère pas le proxy de l’établissement, il n’est donc pas possible pour mes élèves d’aller sur internet avec les tablettes. Concrètement, impossible d’afficher certains sites (google, wikipedia,…), de se servir des services qui réclament une connexion sécurisée (dropbox, google drive…). Dans un premier temps, suivant les conseils d’un collègue, j’ai installé l’application drony qui permet de mieux gérer l’accès au réseau.

    Cependant, l’application demande un paramétrage particulier qui, en cas d’erreur, requiert des compétences en informatique que je n’ai pas. Par contre, il est possible, sans aucune application, de se rendre sur ces mêmes sites internet via des hyperliens insérés dans un simple document texte que je transmets aux élèves. Ainsi, je contrôle encore plus le cadre dans lequel ils évoluent. Je peux leur demander par exemple de se rendre sur le site http://www.histoire-image.org/ et ensuite d’y effectuer une recherche. Il me semble qu’en contrôlant ainsi l’accès aux sites visités j’enrichis leur sitographie (je leur propose plusieurs sites pour la même activité).

    Cette démarche est plus efficace, selon moi, que de leur demander d’effectuer une simple recherche sur internet (95% des élèves vont alors se tourner vers wikipedia). Ayant découvert cette astuce uniquement récemment, je n’ai pour l’instant jamais fait cours avec internet sur les tablettes.

    J’ai téléchargé beaucoup d’applications en me disant que dans le pire des cas, je ne m’en servirai pas. C’est une erreur, ce qui pose problème maintenant, ce sont les mises à jour trop fréquentes.

    Applications et ressources

    Concernant les applications : je n’ai téléchargé que peu d’applications spécifiquement disciplinaires. Ma volonté étant de montrer que dans chaque discipline on peut se servir des tablettes et en faire un outil efficace si on se donne un temps pour adapter sa pédagogie. Je compte écrire bientôt un billet spécifique aux activités que je mène en classe, en détaillant les applications que j’utilise etc.
    Toujours dans le volet applications: je n’ai téléchargé que des applications gratuites (dont la passerelle Amon bloque les publicités!!). Etant rarement convaincu par les manuels scolaires, je ne suis pas du tout intéressé par les applications « à contenu » (très présentes avec les produits Apple), je préfère le créer moi-même.

    Voici les applications que je recommande de télécharger (en gras), ainsi que certaines dont j’espère me servir par la suite et qui ont un potentiel intéressant (italique). Schématic mind (cartes heuristiques), frog manager, evernote (prise de notes), superbeam (transfert de fichiers), Opendocuments reader (lire les docs odt), App defender (blocage d’applications), Es Explorateur (explorateur de fichiers), recforge Lite (enregistreur audio), magisto (retouche vidéo), Art Museum (tableaux et biographies d’artistes), skitch (retouche de documents), Syncspace (tableau blanc), Qr droid (QR codes), Google EarthAndro Vid (retouche de vidéos), sketchbookXadobe reader (pdf), apk manager (gestion d’applications), géoportail (géo), world newspaper (géo et éducation aux médias), datafinder poverty (géo), datafinder WDI (géo), brevet histoire (révisions brevet).

    Toutefois, cette liste d’applications est fortement réduite en raison des applications déjà présentes sur la tablette (par exemple google maps, dropbox), et en particulier Snote (prise de notes, retouche de docs, annotations etc) qui se révèle être très polyvalente mais uniquement disponible avec les appareils Samsung.

    L’écran principal de la tablette élève est composé des raccourcis suivants : Galerie, Snote, Evernote, Schématic mind, le dossier cours, superbeam, recforgelite, appareil photo.

    Réglages et paramètrages

    Pour paramétrer les tablettes, j’utilise l’application Appdefender qui bloque l’utilisation de certaines fonctionnalités de la tablette avec un code. Je bloque l’accès à : Alarme, Apk manager, dropbox, google play musique, google play store, paramètres (très important), services google play.

    Dans l’onglet paramètres de la tablette, voici les réglages que j’utilise :
    •    mode économie d’énergie : activé;
    •    sécurité > administrateur de périphérique > autoriser le gestionnaire d’appareils Android à verrouiller l’appareil;
    •     mobile géolocalisé par samsunglive;
    •    clavier samsung avec texte intuitif désactivé (TB pour stopper les fautes mais donne les réponses à l’avance!);
    •     comptes de synchronisation: dropbox et evernote ont un compte commun pour l’ensemble de la classe;
    •    Spen Airview désactivé et économie de batterie ON.
    •    Pour ma tablette, j’utilise aussi les options de développement (entrée: afficher les touches et aff. l’emplacement du pointeur) pour que les élèves voient où j’appuie sur ma tablette.

    La galaxy note 10.1 a un port usb et micro Sd, la galaxy note 8″ un port micro sd mais je ne me suis jamais servi ni de l’un ni de l’autre, tout a été réalisé grâce au même compte dropbox et son système de cloud.

    Mise en place et utilisation en classe

    Je me surprends parfois à regarder mes élèves travailler et à sourire intérieurement. Je prends énormément de plaisir à imaginer des situations pédagogiques variées et nouvelles : « cours dont vous êtes le héros« , différenciation pédagogique et individualisation des parcours, comparaison de plusieurs documents, réalisation de productions au format varié (gif, vidéos), intérêt des élèves pour des détails du document iconographique (zoom et capture d’écran), annotation retouche et augmentation d’un texte etc.

    Je me prends à rêver qu’un de mes élèves va dessiner directement sur la Joconde un LHOOQ ou une paire de lunettes.

    Malgré cela, la mise en place fut parfois laborieuse.

    Les tablettes sont arrivées dans l’établissement le 4 Juillet 2013, soit un jour avant les vacances d’été. Ayant économisé sur le paramétrage des tablettes, j’ai donc rapatrié les 29 Galaxy Note chez moi pour la mise en route, avant de les ramener dans l’établissement la semaine suivante. J’ai toutefois gardé durant l’été 2 tablettes afin d’adapter et de refonder l’ensemble de mes cours et de les tester.

    Dans mon établissement, le débit internet est très faible et souvent insuffisant. N’ayant pas pu tester « en condition » le réseau avec 30 tablettes connectées, j’ai décidé de créer dans un premier temps des activités sans avoir recours à internet. Je reviendrais sur ce point dans un billet futur mais j’y vois beaucoup d’effets positifs.

    Premièrement, j’ai pu me débarrasser rapidement des soucis de distraction que peut créer l’accès au web. Deuxièmement, cela m’a permis de me recentrer sur la nature spécifique des tablettes tactiles (c’est ce qui était à l’origine de mon projet). Troisièmement, je ne suis donc pas dépendant d’un réseau que je sais peu sûr et peu fiable.
    Je me suis vu attribuer une salle de classe spécifique dans mon établissement.

    En effet, j’avais plusieurs demandes:Nberthos_tablettes1

    •    J’enseigne depuis l’an dernier avec des tables en îlots et non en organisation frontale. Ces îlots permettent le travail de groupe (que je compte renforcer avec les tablettes), la sécurisation des tablettes (qui sont placées au centre des îlots) et plus globalement un changement de posture de l’enseignant avec (et non plus face à) ses élèves. Mon but étant de faire collaborer les élèves, qu’ils partagent leurs productions et augmentent les productions de leurs camarades, cette disposition est la plus adaptée à ma pédagogie.
    •    Les tablettes étant placées dans une armoire, elles ne sont pas prêtes à être déplacées de salle en salle. Je devais donc avoir ma salle personnelle.
    •    J’ai aussi demandé à ce que, dans la mesure du possible, ma salle ne soit pas occupée lorsque je n’y suis pas (le lundi). En effet, je viens très souvent au collège pour faire des tests (nouvelles applications, mise à jour des tablettes, rechargement etc) et je dois pouvoir accéder à l’ensemble de la flotte le plus facilement possible.
    •    Le rechargement des tablettes est problématique car ma salle ne dispose que d’une seule prise. Les multiprises étant interdites, il a alors été envisagé de recharger les tablettes via 3 hub usb. Cela ne fonctionne pas correctement, c’est à proscrire à tout prix.
    En effet, le rechargement en basse tension induit des temps de chargement plus longs. Or, de cette manière, les tablettes « chauffent« … Et se déchargent parfois.

    Rechargement des tablettes : un des soucis majeurs relevé par Nicolas

    Le chargement des tablettes est aujourd’hui mon principal souci, le plus chronophage (20 minutes par jour après les cours, 20 minutes à la pause méridienne) et le moins efficace (tablettes qui chauffent, se déchargent, charge trop lente). Ce problème n’est pas réglé mais doit absolument être pensé avant la mise en place de l’expérimentation.

    NBerthos_tablettes3J’utilise en classe à la fois mon ordinateur et ma tablette. L’ordinateur est branché au vidéoprojecteur en VGA, il affiche mon cours (word, prezi). La tablette est connectée au allshare cast par wifi (petit boitier placé au dessus du vidéoprojecteur, branché en hdmi) et qui me permet de récupérer les productions des élèves via l’application superbeam et ainsi de vidéoprojeter une ou plusieurs corrections. Ce dispositif me permet aussi de montrer aux élèves l’activité lorsqu’elle est nouvelle.

    Les tablettes sont utilisées de plusieurs manières en classe et viennent en complément du cahier et du manuel (à compléter avec les billets à venir faire cours avec…).

    Au début de l’heure, je distribue les tablettes et les manuels (qui restent eux aussi en classe). Les élèves font les exercices puis notent la leçon sur leur cahier. Voici quelques configurations que j’ai utilisé:
    1.    Document étudié : tablette. Questions : tableau. Réponses des élèves: cahier.
    2.    Document étudié : manuel. Questions : tableau. Réponses: tablette.
    3.    Document étudié : tableau. Questions : tablettes. Réponses: cahier.
    4.    Documents étudiés : manuel + tablette (perspective comparatiste ou complémentaire). Questions : tableau. Réponses : cahier.
    5.    Documents étudiés: manuel ou tablette. Questions tableau. Réponses: cahier. Dernière réponse de l’exercice (analyse et explications) ou exercice de synthèse (carte mentale par exemple): tablette.
    6.    Exercices: au choix. Reformulation dans une vidéo ou à l’oral (enregistreur vocal) par groupes de 3 élèves avec la tablette.
    7.    Prise de photo de croquis que je dessine au tableau ou qu’un élève a dessiné sur son cahier.

    Comme vous pouvez le constater, cette utilisation n’est pas exclusivement disciplinaire et peut aisément être adaptée à d’autres matières que l’Histoire-Géographie.

    Il est navrant de constater que lorsqu’on parle de numérique à certains professeurs, ceux-ci préfèrent répondre : « Oui, mais dans ma matière, je ne crois pas que cela soit faisable » (histoire malheureusement vécue des dizaines de fois).

    Je n’utilise presque aucune application spécifique à l’histoire géographie (billet à venir : faire cours avec…).

    Le point qui me paraît le plus crucial, est que l’élève apprend à partir du moment où il s’implique dans la réalisation de tâches. Une fois la tablette en main, je lui laisse donc le choix de la forme de la production (utiliser telle ou telle application, utilisation ou non de vidéos, du micro etc).

    Pour transférer les fichiers sur les tablettes ou sur mon ordinateur, je me sers de l’application frog manager (maskott) (importance de l’outil de gestion de classe, que Michèle Monteil, experte à la DGESCO a déjà évoqué dans LudoMag ici ).
    L’application est très efficace et je la recommande. Attention cependant, elle ne convient pas à tous les types de dispositifs puisque l’application fonctionne avec une « clé » qui n’est valable que sur un appareil.

    J’utilise l’arborescence suivante afin que les élèves puissent annoter les documents sans que la classe suivante n’en pâtisse:

    •    A l’aide de l’application ES explorateur, je créé un dossier « cours » que je place sur le bureau.
    •    A l’intérieur de Cours: dossiers 4e, 5e et vidéos.
    •    A l’intérieur de chaque dossier de niveau: le numéro de la classe puis le numéro des chapitres et enfin les documents. (Exemple: Cours > 4e > 4e3 > chapitre 1).
    •    Les documents annotés de 4e3 ne sont donc pas visibles par la 4e4 (en version 4.1.2 d’android il n’existe pas de multicompte mais il apparaît à partir de la version 4.2.2).

    J’ai prévu de faire évoluer les apprentissages des élèves sur la tablette au fur et à mesure de l’avancée de l’année.

    •    Dans un premier temps (Septembre-Novembre): utilisation de Snote, recforgelite, adobe reader (surligner et annoter les documents), captures d’écran, schématic mind (cartes mentales), evernote. Ce premier temps est consacré à l’histoire en classe. En effet, je veux que les élèves maîtrisent la tablette lorsqu’ils devront réaliser des cartes en géographie. De plus, les captures d’écran se prêtent à l’étude de tableaux et de documents iconographiques.

    •    Dans un deuxième temps (Décembre – Mars?): importation de documents dans Snote pour les retoucher et les augmenter, utilisation de QR codes, partage instantané de fichiers entre élèves (à tester avec hangouts par exemple), utilisation d’app spécifiques (exemples à tester: géoportail, applications de la banque mondiale, eurostat), découpage de vidéos, utilisation progressive et encadrée d’internet.

    •    Enfin, et uniquement si l’ensemble des facteurs les permettant sont réunis (maîtrise totale de la tablette par les élèves, accès à internet etc): crowdsourcing, création de cartes, augmentation de documents créés par d’autres élèves, création et partage des problématiques et des réponses par les élèves, création de fiches de révisions sous forme de carte heuristique augmentée, réalisation de webdocumentaires (sans le web jusqu’à présent mais avec le contournement du proxy cela ne devrait pas poser de souci), éducation aux médias, création de gifs pour expliquer des situations en Histoire-Géo-Education civique, retouche photo… J’aurais espéré pouvoir les publier sur des réseaux sociaux (Pinterest, tumblr) mais le proxy du collège empêche cette démarche.

    Freins et premiers bémols après 2 mois d’utilisation : stylets fragiles, manque de soin apporté au matériel par les élèves,…

    – 2 tablettes ont chacune une petite zone sur l’écran (1cm² max) où le stylet n’écrit plus (élèves qui appuient trop fort avec le stylet?)

    – Le côté un peu fragile des stylets: les élèves l’utilisent tout le temps et s’en servent comme un stylo: le mettent à la bouche, dans les cheveux etc.Nberthos_tablettes4

    – 3ème bémol plus grave: les élèves ne prennent pas soin du matériel (bien sûr je leur ai bien expliqué la chance qu’ils avaient). Alors que j’ai passé mon temps à expliquer qu’il fallait leur faire un peu confiance, je me retrouve avec des stylets qui tombent fréquemment par terre par exemple. Aujourd’hui, un élève a dessiné sur la pointe du stylet… Je pense sérieusement à arrêter les activités de captures d’écran (que je trouve pourtant très efficaces sur le plan pédagogique) car je ne suis pas certain que les stylets restent opérationnels jusqu’à la fin de l’année.

    – J’espérais confronter les élèves aux réseaux sociaux (par exemple tumblr ou surtout pinterest) en y publiant leurs productions dans un souci d’éducation aux médias.
    En effet, le partage est très grandement facilité par les tablettes : presque toutes les applications comportent un bouton « partager » menant directement à l’application. Cette pratique se rapproche de l’usage que les élèves (mais pas qu’eux) ont de leurs appareils mobiles (smartphones et tablettes). Cependant, cette idée est irréalisable car nous annotons et retouchons des documents frappés du droit d’auteur. Ne pas pouvoir éduquer mes élèves à la pratique de la publication et du partage est un de mes plus grands regrets car ce sont des comportements actuels soumis à de réels dangers sur lesquels l’école a du mal à se positionner : lors des leçons nous leurs expliquons les risques de ces publications mais à aucun moment ils n’expérimentent par eux-mêmes l’exposition que représente un partage sur un réseau social ou même un simple like.

    – J’espérais pouvoir utiliser l’application flipboard pour tenir un journal de classe mais il faut pour cela une connexion internet fiable et sécurisée en classe, ce dont je ne dispose pas.

    – Un des freins les plus sérieux que je rencontre est l’absence d’accès à internet de la part de certains élèves chez eux (4 parmi mes 170) ainsi que l’absence d’habitude qu’ils ont d’aller récupérer des ressources sur internet. Je désigne par exemple à chaque heure un « journaliste« , qui ne prend pas la leçon (je lui fournis sous forme de photocopie) mais qui doit noter ce qu’il se passe durant le cours. Cette tâche est nouvelle pour eux, les productions sont donc inégales. Je publie dès la fin du cours ce travail sur l’adresse mail que j’ai créé pour la classe (eleve19apont@gmail.com). Mais lorsque je regarde le nombre de vues…

    Or, il arrive assez souvent que la tablette soit le support d’une production (Snote, evernote ou autre) ou simplement le support sur lequel les élèves rédigent leurs réponses. Dans ce cas là, ils n’ont pas de moyen de réviser (ou simplement de récupérer) les exercices effectués en classe. De même, je mets chacun de mes cours en ligne sur Youtube. Ici aussi, si les premières vidéos ont été regardées (environ 70 vues pour la première), ni les absents ni ceux qui veulent réviser leur leçon ne s’y rendent régulièrement (les dernières culminent à… 3 vues).

    – Naturellement se pose alors la question de l’ENT, censé centraliser les informations des élèves et donc de rendre leurs démarches plus accessibles et intuitives. Dans mon collège, au mois de novembre, les élèves n’ont toujours pas leurs codes permettant de s’identifier. Mais le souci va plus loin: depuis ma tablette, il est très facile pour moi de partager le travail des élèves via le bouton partager.

    L’ENT n’est pas encore opérationnel de ce point de vue et rajoute une charge de travail supplémentaire (transférer le travail des élèves sur mon ordinateur, m’identifier, créer le lien). Il ne fait cependant pas de doute qu’à terme l’ENT sera l’outil indispensable par son rôle centralisateur et deviendra un prolongement de l’espace d’apprentissage des élèves. Peut-être en créant une application ENT accessible depuis l’appareil mobile (et non uniquement depuis le web)?

    – Enfin, dernière déception (ou manque de précaution?): la galaxy note 10.1 (professeur) et la galaxy note 8″ ne sont pas les mêmes appareils. La galaxy note 10.1 devrait bientôt être remplacée par une version actualisée… Cela ne lui fera pas de mal: sa batterie n’est pas très résistante (largement suffisante pour 1 journée de cours toutefois) et ne se recharge efficacement que sur secteur.

    Eléments de conclusion…

    Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Cependant, certaines leçons me semblent notables dès à présent.

    – Comme décrit dans la plupart des retours d’expérimentations, je pense qu’il ne faut pas négliger les aspects techniques: rechargement des tablettes, stockage, mobilité, pannes éventuelles etc.

    – Je suis très satisfait du matériel acheté par mon établissement: haut de gamme pour la tablette, système Android. Le stylet constitue le seul bémol à mon enthousiasme.

    – Je conseillerais de ne s’engager dans ce type de projet, très chronophage, qu’avec des professeurs réellement prêts à changer totalement leur pédagogie. La tablette ne sert pas qu’à aller sur internet. Je pense que cette nécessité est déjà en train de s’imposer à nous (avec plus ou moins de rapidité ou de résistance) mais certains collègues préfèrent bloquer cette évolution plutôt qu’essayer de la comprendre et de s’en emparer.

    – Avec ce type d’outil, c’est une fois de plus le mythe des digital natives qui tombe.

    – J’insiste sur le côté non disciplinaire de l’utilisation de la tablette. J’ai trop souvent vu des professeurs penser que le numérique n’est pas fait pour leur matière par méconnaissance de l’outil. C’est une lapalissade mais la formation dans ce domaine est essentielle et nécessaire.

    – J’insiste aussi sur la nécessité d’acquérir la compétence « contourner les problèmes » (que les enseignants ont déjà largement développé pour des soucis non numériques).

    – Le fait de ne pas utiliser internet (pour l’instant) est très intéressant mais le but final de mon expérimentation est bien de former les élèves aux nouveaux usages et enjeux d’un monde connecté.

    – Enfin, même s’il tend à se banaliser au fur et à mesure de l’expérimentation, le plaisir d’enseigner avec ce type de matériel, de créer des séances innovantes, de voir les élèves s’impliquer est immense. Ce plaisir me semble partagé par les élèves que je vois très impliqués dans la réalisation des tâches que je leur donne. J’ai par exemple du mal à réussir mes corrections d’exercice car les élèves veulent à tout prix terminer leur tâche, la personnaliser au maximum (police, couleur etc).

    Les prochains billets seront consacrés au fonctionnement des cours: faire cours avec Snote, Faire cours avec Evernote, Faire cours avec Schématic mind etc.

    Nicolas Bertos.

    Plus d’infos :
    Le blog de Nicolas : http://theraphproject.blogspot.fr/

    Le projet d’enseignement avec tablettes ici
    Pourquoi utiliser les tablettes en classe ? argumentaire par Nicolas Bertos sur Prezi