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  • Qui se cache derrière le bon fonctionnement du numérique dans les établissements ?


    Dans ce dernier « numéro », découvrons « le backoffice du collège numérique » avec des personnes aux profils contrastées qui contribuent à la réussite du projet TICE de l’établissement.

    On ne parle pas souvent d’eux, qui sont-ils ? Ce sont ces personnes qui font que, sans leur présence, le numérique ne fonctionnerait pas. Souvent, ces « petites mains » du numérique ont connu des parcours professionnels très variés avant d’en arriver à s’occuper de la maintenance. Au collège Joliot-Curie, nous avons rencontré Joël et Frédéric, qui nous parlent de leur métier.

    Jöel Mogade est au départ ouvrier d’entretien et d’accueil ; il passera ensuite ouvrier professionnel et suivra une formation de 4 mois en tant que technicien de réseaux de maintenance pour devenir « correspondant technique de proximité ».
    Aujourd’hui,  titulaire au Conseil Général du Val d’Oise sous l’autorité du rectorat de Versailles, il a en charge 9 établissements, soit un parc de 150 machines. Son quotidien est rythmé par les appels à l’aide des établissements qui arrivent sur un portail d’assistance ; ceux-ci sont ensuite gérés par un superviseur qui à la charge de distribuer les missions en fonction des bassins concernés.

    Il aime son métier et ce qu’il lui plaît surtout, c’est de pouvoir travailler en équipe.
    « En tant qu’ouvrier professionnel, j’étais plutôt en solitaire et en tant que correspondant technique de proximité, je me retrouve dans une équipe où il y a un partage, un échange de compétences ». Il avoue que ce n’est pas si simple de basculer d’un métier où il ne connaissait rien en informatique à ce qu’il est devenu maintenant. Et il se perfectionne chaque jour avec l’aide de ses collègues « et je trouve cela formidable », conclut-il.

    Frédéric Quinot travaille à la Direction des Services d’Information du rectorat de Versailles. De son côté, il a en charge la supervision des équipes techniques de proximité du Conseil Général, dont fait partie Joël, pour leur intervention sur le terrain.

    La gestion des missions se fait de manière rigoureuse, car il faut savoir donner des priorités ! Frédéric nous donne l’exemple d’une panne internet dans un établissement : « cela nécessite une intervention codée  « accord de niveaux de services de 4 heures » », qui sous-entend que la mission doit être effectuée dans ce laps de temps.

    Un travail de terrain en cas de panne, mais pas seulement ; les équipes techniques de proximité interviennent également en amont lors de visites préventives qui servent, par exemple, à effectuer la mise à niveau des logiciels, des vérifications sur l’efficacité des solutions de sauvegarde ou à donner des conseils aux utilisateurs dans les politiques de sécurité…
    « C’est une politique voulue par le Conseil Général et qui constitue une des raisons de l’embauche des conseillers techniques de proximité », souligne Frédéric.

    Enfin, il ajoute que l’arrivée de ces nouveaux personnels a favorisé la mise en place des réseaux unifiés dans les collèges. Pour schématiser, le réseau pédagogique et le réseau administratif travaillaient chacun de leur côté de manière indépendante. Les MIP (équipes Mobiles d’informatique de Proximité) interviennent aujourd’hui à la fois sur le pédagogique que sur l’administratif, ce qui fluidifie les échanges entre les différentes institutions.

    Un ordinateur, un TNI ou un VPI dans une salle ne fonctionnent pas tout seuls. Ces témoignages viennent souligner l’absolue nécessité des ces équipes qui effectuent au quotidien un travail de plus en plus dense, au fur et à mesure que les matériels se multiplient dans les classes.

    Le Conseil Général du Val d’Oise a su réagir à ces nouveaux besoins, grâce à l’embauche et à la formation de personnels spécifiques et en bonne entente avec les instances académiques. Cette bonne entente profite au collège Joliot-Curie d’Argenteuil.

    Certes, le sujet est beaucoup moins « sexy » que la nouvelle tablette ; cependant, il soulève un problème de fond dans les établissements : le numérique à l’Ecole et les investissements qui en découlent sont à penser de manière « globale »,  sans oublier des « wagons » en route, si nous voulons que le train puisse avancer à grande vitesse…

  • Le numérique à l’Ecole, et si ce n’était qu’un support ?

    Cette envie d’y aller et d’y rester, c’est Susanna Deutsch et son équipe, par leur dynamisme et leur motivation, qui l’ont créée. Devenu collège numérique grâce aux investissements du Conseil Général du Val d’Oise, toute l’équipe utilise ces nouveaux outils de manière positive et convaincante pour proposer aux élèves et aux familles un environnement moderne et accueillant.

    Sur 33 enseignants, trois quarts d’entre eux utilisent le numérique de manière assidue, via l’ENT et la messagerie élèves-enseignants, en postant des ressources sur l’ENT ou encore via les usages du TNI dans toutes les matières (chaque classe du collège est équipée d’un TNI fixe). Et contrairement aux apparences, qui pourraient laisser penser que ces bons résultats peuvent être attribués à l’âge peu élevé des enseignants « parachutés » en banlieue, ce n’est pas la seule explication.

    « Le fait que nous soyons jeunes et dynamiques dans l’équipe implique que nous utilisions plus facilement ces outils, mais lorsqu’on regarde les plus anciens enseignants, qui ont pratiquement fait toutes leur carrière à Argenteuil, ils utilisent tout autant ces outils (…) La demande de passer au « collège numérique » a été clairement faite par tout le monde, indépendamment de l’âge de chacun », précise Sandrine Chedouteaud, référent numérique du collège.

    Témoignage : création de ressources numériques en histoire-géographie

    Pour exemple, François Wartelle, 61 ans, professeur d’histoire-géographie depuis plus de 20 ans dans l’établissement a adopté le numérique dès son arrivée.
    Il avoue ne pas pouvoir utiliser le numérique pour la totalité de son cours. « Le TNI est utilisé comme support de cours mais un contenu entièrement axé sur le numérique, cela reste exceptionnel », souligne notre enseignant.

    Néanmoins, il voit de nombreux avantages à l’utilisation du numérique ; entre autres, la possibilité à l’enseignant d’individualiser les corrections et à l’élève de revenir sur son travail.

    François Wartelle essaie, au maximum, de donner aux élèves des devoirs à réaliser sur outil numérique mais là encore, cela implique des changements dans son quotidien.  Il donne comme exemple un travail sur les espaces portuaires qui nécessite de la recherche documentaire, l’utilisation d’un logiciel «Paint» et le chargement d’images. Plusieurs problématiques viennent modifier son organisation.

    D’une part, un travail comme celui-ci exige de laisser du temps aux élèves pour le réaliser (environ 1 mois), ce qui signifie aussi qu’à chaque séquence de classe, les élèves peuvent poser des questions sur le travail en cours de réalisation.

    D’autre part, l’enseignant doit «former» ses élèves à faire de la recherche sur support numérique ou tout simplement à utiliser le logiciel dont ils ont besoin…
    Cet effort d’introduction du numérique dans sa pédagogie quotidienne, François Wartelle ne le regrette pas car il sait que le fait de demander aux élèves de produire des ressources peut être un facteur de valorisation de leur travail.

    Une ressource numérique originale : création d’un «Pinterest» pour le club de lecture du collège

    Une autre production de contenus, peu banale, attire notre attention : celle d’Anouck Marchais, professeur documentaliste qui nous présente l’utilisation de «Pinterest» avec ses élèves du club de lecture. Elle a récréé les étagères du CDI sur son «Pinterest» pour que les adhérents du club lecture puissent partager entre eux et avec les autres élèves du collège, voire sur internet, leurs «coup de cœur».

    Ils peuvent poster des images et surtout, ils doivent rédiger leurs commentaires sur les ouvrages choisis ; une manière de rendre ces élèves acteurs responsables de leur rédactionnel.

    Au delà des usages personnels de chacun dans sa classe, le numérique au collège Joliot-Curie se pense avant tout «collectif».

    Une toile solide, tissée par des collaborateurs actifs et engagés dans leur mission

    L’esprit d’équipe et la communication entre enseignants, y compris interdisciplinaires, sont, dans cet établissement, les facteurs de réussite de l’intégration du numérique.  Pour preuve, lors de l’interview d’Anouck Marchais, elle souligne l’entente entre collègues.

    « C’est un travail de collaboration avec les enseignants de discipline mais aussi avec l’infirmière- souvent, on ne parle pas assez des collaborateurs extérieurs qui ne sont pas des enseignants- pour proposer à nos élèves et aux familles, des ressources sélectionnées en amont par le collège ».

    Anouck Marchais effectue un travail pour ses élèves, comme nous l’avons évoqué précédemment avec « Pinterest », mais pas seulement ; elle aide aussi les enseignants à trouver des ressources, des idées de sortie…Pour elle, le numérique n’est qu’un support, « la communication est parfois le fruit du hasard ou le résultat d’un travail de veille, mais c’est aussi parce qu’il y a une communication directe entre nous que nous pouvons nous servir du numérique comme support ».

    La communication semble être le point fort de ce collège en zone sensible. En fait, le numérique est venu se greffer sur un travail d’équipe déjà bien ancré ; il vient compléter la dynamique, peut-être rendre les échanges plus fluides et plus rapides et, incontestablement, apporte une richesse de données et de contenus à disposition de toute une communauté éducative.

    Plus d’infos :
    Retrouvez Anouck Marchais et ses explications détaillées sur le Pinterest, dans la vidéo ci-contre
    Retrouvez le travail de François Wartelle sur les espaces portuaires « TNI & ENT supports des échanges autour de Travaux interactifs » ici

  • Le numérique, levier d’intégration sociale et de communication vers les familles


    Cette envie d’y aller et d’y rester, c’est Susanna Deutsch et son équipe, par leur dynamisme et leur motivation, qui l’ont créée. Devenu collège numérique grâce aux investissements du Conseil Général du Val d’Oise, toute l’équipe utilise ces nouveaux outils de manière positive et convaincante pour proposer aux élèves et aux familles un environnement moderne et accueillant.

    Au bord d’une cité sensible mais aussi d’une zone pavillonnaire, le collège accueille des enfants de milieux sociaux très différents. Afin de ne pas marginaliser les familles les plus en difficultés, Susanna et son équipe ont eu l’idée d’organiser, à l’occasion de l’inauguration du collège numérique, une soirée porte ouverte à destination des parents.

    Intéresser les familles à la vie de l’établissement

    Cette opération « collège numérique » a été entièrement financée par le Conseil Général du Val d’Oise et inclut notamment un TNI dans chaque classe et la mise à disposition de l’ENT Netcollège d’Itop éducation.

    L’objectif de cette soirée : intéresser les familles à la vie de l’établissement et leur expliquer les apports du numérique dans un contexte de classe mais aussi pour la maison. Cet événement a remporté un vif succès ; les parents ont pu voir fonctionner les TNI fraîchement installés et la démonstration de l’ENT dans une salle dédiée où du personnel ressources de l’établissement et de l’académie leur expliquait comment se connecter et comment s’en servir.

    De même, à chaque rentrée en 6ème, les parents sont invités à se réunir en soirée autour du professeur principal de leur enfant pour découvrir le TNI et les usages de l’ENT.

    Enfin, en début d’année scolaire, les familles sont invitées à compléter un formulaire où elles indiquent si elles possèdent un ordinateur à  la maison avec accès internet ; « majoritairement, les familles ont un ordinateur ; par contre, les connexions internet sont plus aléatoires car souvent liées aux situations économiques des familles », souligne la chef d’établissement.

    Une fois ces étapes passées, la réflexion se poursuit au sein de l’établissement pour maintenir la communication avec les familles, notamment via l’ENT.

    Le numérique, vecteur d’intégration sociale ?

    Au-delà du clivage « est-ce que les familles ont un ordinateur ou internet à la maison ? », d’autres paramètres sont à prendre en compte, notamment celle de la langue, comme nous l’explique Naïma :  « on ne parle pas assez de la barrière de la langue qui est réelle et très présente dans beaucoup de familles et qui est souvent perçue comme un désintéressement, mais c’est en fait une incapacité à utiliser l’outil ». Cette représentante de parents d’élèves nous parle de pudeur et même parfois de honte que certains parents peuvent ressentir à avouer qu’ils n’utilisent pas l’ordinateur et donc l’ENT, tout simplement parce qu’ils ne savent pas le faire.

    Pour tenter de ne pas laisser se creuser les écarts, l’établissement a mis en place des formations à destination des familles ; et encore une fois, tout a été pensé de manière à faire tomber les barrières : la formation est, dans un premier temps, dispensée à des représentants de parents, comme Naïma, qui deviennent des parents « ressources » qui seront en mesure d’accompagner, au travers d’un langage simple et accessible, les familles qui en éprouvent le besoin.

    En effet, une formation directement dispensée par des enseignants aux parents aurait été mal perçue et aurait certainement dissuadé certains d’entre eux, comme l’explique, Sandrine Chedouteaud, référent numérique de l’établissement.  « Je vais peut-être un peu loin en disant cela, mais les parents formés par des enseignants auraient l’impression d’être jugés ; c’est pourquoi une formation dispensée par des parents à des parents nous a paru plus appropriée au vu du contexte social ».

    Elle ajoute que les parents ont bien conscience de l’importance du numérique pour la réussite de leurs enfants mais ont, malgré cela, du mal à s’investir personnellement dans l’utilisation du numérique. « Pourtant, ils n’imaginent pas leur foyer sans outil informatique ». Dans cet investissement il pense uniquement à leurs enfants ; le manque de matériel à la maison serait perçu comme un décrochage social de la société actuelle. Leur implication personnelle est, à l’heure actuelle, très limitée. C’est pourquoi, au travers de ces formations, l’équipe du Collège Joliot-Curie espère leur faire comprendre que leur usage personnel et leur implication sont tout aussi importants pour le futur de leurs enfants.

    Des actions menées conjointement entre établissements et collectivités locales

    Ces efforts d’intégration sociale sont conjointement menés avec la collectivité ; la commune propose également des formations et groupes d’accompagnement au numérique, notamment au « cybercafé » de la maison de quartier. Il existe même un groupe spécifique de femmes, car, comme nous le précise Christophe Rousseau, Coordonnateur du Réseau de Réussite Scolaire (RRS)Joliot Curie « nous nous sommes aperçus que sur le quartier, ce sont les femmes qui pouvaient être porteuses de l’amélioration de l’investissement des parents au suivi de la scolarité en général comme aux usages du numérique ».

    Face à la problématique soulevée par Naïma dans son discours sur la barrière de la langue, Christophe Rousseau évoque les cours d’alphabétisation et d’apprentissage de la langue française, en complément des formations aux usages du numérique. Il précise :
    « Nous constatons, ici comme ailleurs, que dans l’accompagnement des familles non francophones, les actions doivent intégrer le renforcement des compétences langagières dans leur langue d’origine et dans le respect de l’échange interculturel. Ce travail de fond modifie le rapport aux institutions et à l’apprentissage de la langue écrite et/ou française.  Vecteur d’intégration, cela peut permettre d’aborder alors aussi l’outil numérique et ses usages ».

    Finalement, c’est grâce au numérique et à la volonté de le faire adopter par tous les parents, notamment au travers de l’ENT, que la communication s’est établie entre le collège et les familles. Il a permis, en outre, de s’attaquer de plus près aux problématiques linguistiques, dans une zone géographique socialement complexe.

    Un bel exemple encourageant sur ce que peut engendrer l’arrivée du numérique dans les établissements, et assez inhabituel des « classiques » écrits ou filmés sur ce sujet. On sort du champ des TICE dans l’enseignement et cet exemple, qui n’est peut-être pas le seul, démontre aussi tout l’intérêt d’une collectivité à investir dans le numérique à l’Ecole, qui n’a pas que des retombées dans les salles de classe.