Auteur/autrice : Bruno Devauchelle

  • Collaborer, partager et échanger : des notions familières chez les jeunes et pourtant…

    Collaborer, partager et échanger : des notions familières chez les jeunes et pourtant…

    [callout]Sommes nous condamnés à apprendre tout au long de la vie ? Comment développer notre Environnement Personnel d’Apprentissage et de Développement dans un contexte numérique ? Collaborer n’est-ce pas une composante essentielle de l’apprendre enrichie par les outils numériques ?
    A partir des aptitudes initiales de l’enfant à apprendre, à collaborer, à s’organiser, les moyens numériques offrent de nouvelles opportunités de développement de chacun. Or le système scolaire, marqué par l’empreinte du livre et de la forme scolaire, semble s’opposer aux deux dynamiques, celle du développement propre de l’enfant et l’envahissement progressif de la sphère sociale par le numérique. Malgré le volontarisme des décideurs, l’organisation scolaire a encore bien du mal à généraliser, à banaliser le numérique. Or le système scolaire ne peut pas, ne doit pas laisser l’opportunité de ces évolutions s’il veut continuer à garder son rôle dans la société.[/callout]

    Les trois vidéos proposent trois champs de réflexion, parmi d’autres, qui peuvent inciter les acteurs de l’éducation à faire avancer non seulement la réflexion collective, mais surtout les actions concrètes du plus grand nombre. En prenant conscience des enjeux qui se révèlent de plus en plus clairement, chaque éducateur aura à coeur de faire évoluer ses pratiques et de les partager avec les autres.

    Dans cette troisième vidéo, Bruno Devauchelle propose une réflexion sur les notions de collaboration et d’échanges e sur « l’environnement personnel techno-cognitif chez les jeunes ».

    Les jeunes aiment interagir pour apprendre ; ainsi, un petit enfant interagit avec ses proches puis dans la cour de récréation, il interagit avec les autres.

    On dit même que la socialisation est un élément important du travail de développement de la personne.

    Avec l’arrivée des nouvelles technologies, les gens se sont mis à rêver qu’elles pourraient permettre encore plus d’échanges ; de là, les emails ou encore les forums, se sont développés.

    « Nous nous sommes donc rendus compte que les jeunes utilisaient ces nouveaux moyens pour enrichir leur propre expérience, partager ce qu’ils faisaient et interroger ».

    « L’élève qui, en classe, n’ose pas lever le doigt, est le même qui va poser des questions via les réseaux ou forums en tout genre », souligne Bruno Devauchelle. Il tient à démontrer que les jeunes ont envie de partager mais qu’en même temps, « le modèle de la scolarisation est un modèle porté sur l’individu et la réussite personnelle ».

    Comment faire en sorte que cette envie de partage chez les jeunes soit mise à profit pour leurs apprentissages ?

    Nous ne sommes pas encore passés à l’étape où mettre à disposition ce que je fais, partager, échanger, aller voir ce que font les autres et me l’approprier, est quelque chose de naturel.

    Bruno Devauchelle est persuadé que ces échanges existent déjà entre jeunes, depuis qu’ils sont tout petits, et il se pose la question de savoir comment un système académique, scolaire ou universitaire peut mettre à profit cette capacité.

    Sur la notion d’échanges et de partage, Il donne l’exemple d’étudiants de l’Ecole Polytechnique de Lausanne qui ont demandé à avoir une salle à disposition pour qu’ils puissent visionner à plusieurs, les vidéos d’un MOOC ; une sorte de condition pour qu’ils acceptent de suivre le MOOC…« Car ils savent que l’entraide, c’est le meilleur moyen de se développer et de progresser », souligne Bruno Devauchelle.

    Pourquoi notre système scolaire reste fondé sur la réussite individuelle et est très en difficultés dès lors que l’on fait du travail de groupe ? Pourquoi ne valorise t-on pas davantage les activités collectives en projet ou simplement en réflexion alors qu’on en connaît le bienfait ?

    Voici les questions que Bruno Devauchelle se pose et soumet à notre réflexion dans ce dernier épisode.

  • L’environnement personnel techno-cognitif chez les jeunes, c’est quoi ?

    L’environnement personnel techno-cognitif chez les jeunes, c’est quoi ?

    [callout]Sommes nous condamnés à apprendre tout au long de la vie ? Comment développer notre Environnement Personnel d’Apprentissage et de Développement dans un contexte numérique ? Collaborer n’est-ce pas une composante essentielle de l’apprendre enrichie par les outils numériques ?
    A partir des aptitudes initiales de l’enfant à apprendre, à collaborer, à s’organiser, les moyens numériques offrent de nouvelles opportunités de développement de chacun. Or le système scolaire, marqué par l’empreinte du livre et de la forme scolaire, semble s’opposer aux deux dynamiques, celle du développement propre de l’enfant et l’envahissement progressif de la sphère sociale par le numérique. Malgré le volontarisme des décideurs, l’organisation scolaire a encore bien du mal à généraliser, à banaliser le numérique. Or le système scolaire ne peut pas, ne doit pas laisser l’opportunité de ces évolutions s’il veut continuer à garder son rôle dans la société.[/callout]

    Les trois vidéos proposent trois champs de réflexion, parmi d’autres, qui peuvent inciter les acteurs de l’éducation à faire avancer non seulement la réflexion collective, mais surtout les actions concrètes du plus grand nombre. En prenant conscience des enjeux qui se révèlent de plus en plus clairement, chaque éducateur aura à coeur de faire évoluer ses pratiques et de les partager avec les autres.

    Dans cette deuxième vidéo, Bruno Devauchelle propose un éclairage sur « l’environnement personnel techno-cognitif chez les jeunes ».

    Dans les lycées professionnels et Bruno Devauchelle prend l’exemple d’un enseignement en lycée hôtelier, on demande aux jeunes de gérer leur poste de travail, « dans l’espace et dans le temps, gérer tout ce qui se passe ».

    « Finalement, lorsqu’on fait du travail intellectuel, n’a t-on pas aussi un poste de travail à gérer » ?

    L’EPA (Environnment Personnel d’Apprentissage) est en quelque sorte le poste de travail intellectuel. Ceci n’est pas nouveau, explique Bruno Devauchelle et « il est plus ou moins riche selon les individus ; pour certains il y a des livres, il y en a dans la tête ; il y en a un peu partout » et il cite Michel Serres.

    Cette réflexion amène Bruno Devauchelle à nous expliquer que cet EPA a évolué à cause du numérique ; c’est pour cela qu’il le nomme désormais « environnement personnel techno-cognitif » : cognitif pour définir la connaissance et techno car, d’après lui, le numérique et toutes les technologies qui y sont associées ont plus d’importance dans l’environnement personnel de chacun que le livre ne l’était.

    Je suis contraint dans ma pratique par la force technologique alors que le livre était un environnement relativement stable.

    L’environnement technique d’accès à l’information et à la communication est complexe, ce qui nécessite de penser à développer chez les jeunes comme chez les adultes, leur environnement techno-cognitif ; ce qui signifie, « comment maîtriser d’un côté les connaissances et de l’autre côté, maîtriser les technologies qui vont permettre de cheminer vers ces connaissances », explique Bruno Devauchelle.

    Et c’est là où, d’après lui, le bât blesse car les structures scolaires, par exemple, ne sont pas du tout adaptées à cela.

    Bruno Devauchelle évoque la solution du BYOD, pour remédier aux lacunes en matériel dans les établissements, bien qu’il n’affectionne pas particulièrement l’acronyme utilisé. Mais l’avantage qu’il voit à ce que les étudiants amènent leur appareil personnel, c’est qu’ils ont déjà construit leur environnement techno-cognitif avec cet outil.

    « On voit bien qu’il y a là un potentiel d’inventivité pour les enseignants et pour les établissements mais qui ne doit pas se réduire à l’environnement scolaire ».
    La réflexion devrait donc plutôt aller vers un usage de l’outil personnel dans la vie quotidienne qui puisse permettre d’être dans cette société apprenante.

     

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  • Les jeunes sont-ils condamnés à apprendre?

    Les jeunes sont-ils condamnés à apprendre?

    [callout]Sommes nous condamnés à apprendre tout au long de la vie ? Comment développer notre Environnement Personnel d’Apprentissage et de Développement dans un contexte numérique ? Collaborer n’est-ce pas une composante essentielle de l’apprendre enrichie par les outils numériques ?
    A partir des aptitudes initiales de l’enfant à apprendre, à collaborer, à s’organiser, les moyens numériques offrent de nouvelles opportunités de développement de chacun. Or le système scolaire, marqué par l’empreinte du livre et de la forme scolaire, semble s’opposer aux deux dynamiques, celle du développement propre de l’enfant et l’envahissement progressif de la sphère sociale par le numérique. Malgré le volontarisme des décideurs, l’organisation scolaire a encore bien du mal à généraliser, à banaliser le numérique. Or le système scolaire ne peut pas, ne doit pas laisser l’opportunité de ces évolutions s’il veut continuer à garder son rôle dans la société.[/callout]

    Les trois vidéos proposent trois champs de réflexion, parmi d’autres, qui peuvent inciter les acteurs de l’éducation à faire avancer non seulement la réflexion collective, mais surtout les actions concrètes du plus grand nombre. En prenant conscience des enjeux qui se révèlent de plus en plus clairement, chaque éducateur aura à coeur de faire évoluer ses pratiques et de les partager avec les autres.

    La question « Les jeunes sont-ils condamnés à apprendre ? » doit être posée dans le contexte actuel du développement du numérique.
    Si on prend l’exemple d’un enfant tout petit, il essaie d’apprendre dans son environnement ; à 1 an, si il voit sa mère avec le téléphone portable à l’oreille, il essaie de l’imiter.

    « Cela signifie que dès le plus jeune âge, l’enfant se retrouve dans un univers dans lequel il apprend » ; c’est ainsi que Bruno Devauchelle pose les bases de sa réflexion.

    « Et puis, petit à petit, il va rentrer dans le système scolaire où on va lui dire : attention, apprendre, ce n’est pas ce que tu as fait jusqu’à présent ».

    A son arrivée à l’Ecole, le jeune découvre le décalage entre son mode d’apprentissage inné et celui que le système scolaire va lui imposer.

     

    « A partir de là, être jeune et devenir adulte, ce n’est plus se limiter à cet espace réduit », souligne Bruno Devauchelle.

    Il se demande si la société ne tente pas de mettre à profit cette évolution et donc d’exiger que nous apprenions tout au long de la vie.

    Avec les MOOCs et la classe inversée, ces deux exemples sont parlants.

    L’enseignant demande de faire le travail à la maison, du moins d’apprendre les leçons et pourquoi pas en invitant les élèves à regarder des vidéos réalisées par lui, entrain d’expliquer un cours ; « sauf que l’élève va peut-être regarder deux minutes puis après, il est possible qu’il s’ennuie un peu, d’autant plus selon la qualité de la vidéo », précise Bruno Devauchelle.

    Travailler à la maison : « avec la classe inversée, c’est obligatoire et avec les MOOCs, n’en parlons pas » ! « Et avec l’ENT, ils vont même pouvoir me suivre et tracer tout ce que j’ai fait et à quel moment », ajoute t-il.

    Autrement dit, on va être condamner à apprendre sous surveillance.

     

    Dans le même temps, les jeunes continuent à se développer dans leur monde, avec leurs amis, avec les réseaux, etc ; « ils essaient d’échapper à ce monde imposé et ils se rendent compte qu’il y a un décalage ».

    De ces constats, Bruno Devauchelle en conclut que « nos jeunes ne sont pas préparés à une société de l’apprenance et pourtant, on veut leur imposer d’apprendre tout au long de la vie pour pouvoir s’adapter et continuer à survivre ».

    Il est temps de réfléchir à des solutions nouvelles à l’intérieur de systèmes formels comme ceux de l’Ecole.

    « Mais aussi dans la gestion des carrières pour permettre qu’apprendre ne soit pas une douleur, ne soit pas une punition mais soit, au contraire, un flux naturel qui se fait tout au long de la vie ».